« Les pommes pourries des deux bords, faut les enlever. »

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Photos : Marc Robitaille

Il y a quelques semaines, il nous a confirmé sa présence au congrès annuel de l’ACQ, en septembre prochain à Mont-Tremblant. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, a été réélu en avril 2014 pour un cinquième mandat comme député de la circonscription de Louis-Hébert. « Il s’agit de ma septième assermentation comme ministre et c’est la deuxième fois que j’occupe le poste de ministre du Travail », s’est-il empressé de souligner dès les premiers instants de notre conversation téléphonique.

Si elle ne constitue pas nécessairement un prérequis pour être désigné ministre responsable d’une industrie comme la construction, sa formation d’ingénieur est certainement très utile : « Je dois reconnaître que cela me procure un certain avantage pour mieux saisir les enjeux et comprendre rapidement les problèmes sur les chantiers de construction. » L’an dernier, les négociateurs patronaux et syndicaux lui ont même dit qu’il était rare de voir un ministre intervenir directement dans le processus d’une négociation. « Je voulais des résultats et je suis intervenu à plusieurs reprises, et nous avons réussi à avoir une entente », a-t-il tenu à préciser. Il avait d’ailleurs déclaré qu’il avait le sentiment du devoir accompli, et pour lui, c’est une question de principe : « Dans ce dossier du renouvellement des conventions collectives, j’ai toujours opté pour une entente négociée entre les parties, pour moi, c’est la meilleure entente. »

Des pommes pourries

On ne peut pas s’entretenir avec le ministre du Travail sans aborder l’image de l’industrie de la construction. « L’an dernier, un sondage révélait que 67 % des gens avaient une perception négative de la construction, d’où l’importance de rétablir la réputation de cette industrie et montrer son rôle dans l’économie. » Le ministre entend bien continuer à assainir les mœurs parce que c’est fondamental : « Nous voulons que tout le monde respecte les lois en termes de compétition et de relations du travail. S’il y a des mauvais joueurs, des mauvais partenaires, il faut les enlever de là pour ne pas revivre des actes de collusion et de fraude… J’ai comme objectif d’enlever les pommes pourries, des deux bords. Mais vous savez, il y a quand même du bon monde dans la construction. »

« L’an dernier, un sondage révélait que 67 % des gens avaient une perception négative de la construction, d’où l’importance de rétablir la réputation de cette industrie et montrer son rôle dans l’économie. »

Mécanismes améliorés

Le gouvernement du Québec est en mode action dans le but de se doter de mécanismes plus efficaces. On pense surtout à une meilleure coordination entre les organismes pour compliquer la vie aux fraudeurs. Revenu Québec, la Commission de la construction du Québec et la Régie du bâtiment ont mis en place de nouveaux systèmes en attendant le rapport de la Commission Charbonneau l’automne prochain. « On va travailler pour mettre en application les recommandations de la Commission Charbonneau. »

« On va travailler pour mettre en application les recommandations de la Commission Charbonneau. »

Pour les entrepreneurs des secteurs IC/I, il n’est pas toujours facile de se retrouver dans la paperasse administrative. À cet égard, le ministre a demandé à la Régie du bâtiment d’alléger ses façons de faire pour ce qui concerne les permis, les amendes et les inspections. « Il faut établir des méthodes de contrôle plus efficaces. »

Pour ce qui est de la mise en place du Carnet référence construction, Sam Hamad est convaincu que cet outil fonctionne très bien jusqu’à maintenant, même s’il n’est pas parfait. « C’est un nouveau système et il faut s’adapter. »

Le ministre se réjouit du climat qui règne actuellement sur les chantiers. Il parle d’un nouveau départ : « Ce qu’on souhaite, nous, c’est d’avoir des relations harmonieuses sur les chantiers. Nous assistons à un changement de génération dans la construction. Les jeunes entrepreneurs et travailleurs sont préoccupés par leur qualité de vie et leurs obligations parentales, en somme tout l’aspect travail-famille est primordial. »

« Ce qu’on souhaite, nous, c’est d’avoir des relations harmonieuses sur les chantiers. Nous assistons à un changement de génération dans la construction. Les jeunes entrepreneurs et travailleurs sont préoccupés par leur qualité de vie et leurs obligations parentales. »

Présence des femmes

Et cette jeune génération, elle est très ouverte aux changements comme la présence des femmes sur les chantiers. Récemment, la CCQ a lancé un nouveau programme d’accès à l’égalité et le ministre est persuadé que l’on pourra augmenter leur nombre au cours des prochaines années. « Sur les 158 000 travailleurs, on ne compte que 2 000 femmes. On peut faire beaucoup mieux. Vous savez, dans les années soixante, il y avait peu de femmes en génie dans les universités. Les temps ont changé. »

Retard technologique

En plus des efforts à faire pour attirer les femmes dans la construction, il faudra aussi rattraper le retard sur le plan technologique. Une étude du CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations), publiée au printemps 2014, indiquait que les technologies mobiles étaient encore peu utilisées dans le domaine de la construction au Québec. Seulement 42 % des répondants ont affirmé se servir d’un téléphone intelligent ou d’une tablette dans le cadre de leur travail, et pour la majorité d’entre eux, cette utilisation se limitait à la consultation de courriels et de calendriers. « Oui, nous sommes en retard. Cela représente tout un défi, mais l’industrie n’a pas le choix. Des rapports sur les chantiers rédigés à la main, on part de loin. Encore là, il faut compter sur les jeunes. Ils n’ont pas de complexes face aux technologies de pointe. »

Beaucoup de pain sur la planche pour le ministre, qui demeure somme toute optimiste pour l’avenir : « Dans le budget déposé le 26 mars dernier, nous prévoyons des investissements de 88,4 milliards pour 2015 – 2025 et notre objectif, c’est toujours de maintenir une activité de construction importante au Québec, c’est bon pour l’économie parce qu’il faut rénover nos infrastructures. De plus, on a réduit les taux d’imposition pour les PME afin d’alléger le fardeau fiscal des entreprises. »

Sam Hamad

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