Se tailler une place dans un monde d’hommes

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Un caractère trempé dans l’acier. De la confiance en soi. Et surtout, la bonne attitude. C’est ce qui a permis à Patricia Maltais de se tailler une place dans le secteur de la construction. Aujourd’hui, la jeune femme se trouve à la tête d’une équipe qui compte entre 10 et 15 ouvriers, alors qu’elle travaille comme chargée de projets en électricité commerciale chez MG2 Énergie.

« Pour se faire respecter dans le domaine, il faut faire ses preuves, explique Patricia Maltais qui a commencé sa carrière comme électricienne de chantier chez Réfrigération Noël. Il faut que tu sois quasiment meilleure que les gars pour réussir. Si tu reçois quinze CV, tu risques d’avoir envie de choisir l’homme de six pieds, bien bâti, plutôt que la fille de 4 pieds 11. Et c’est normal, parce que les deux gagnent le même salaire. Tu pars donc avec une prise. »

Chaque jour, Patricia Maltais a dû montrer ce dont elle était capable. Ainsi, pas question, de faire la fine bouche sur le boulot. « S’il y a des boîtes à soulever, on ne prend pas la plus légère, mais la plus lourde ! », conseille-t-elle. Quand les gars réalisent que tu veux travailler et apprendre, ça va bien. Mais il y a un petit moment où tu dois faire ton nom. »

Pour se tailler une place, il faut aussi se forger une carapace. Car des « jokes de mononcle », elle en a entendu de toutes les couleurs. « C’est sûr qu’une gang de gars ensemble, ça peut être niaiseux. Il faut donc en laisser passer et rire de soi. Par contre, si ça va trop loin, il faut poser ses limites très clairement. Moi, je ne me laisse pas marcher sur la tête. Surtout que je suis maintenant leur patronne ! » Aujourd’hui, alors qu’elle travaille comme chargée de projet, on la vouvoie et lui sert du « madame ».

De secrétaire à… chargée de projet

Encore une fois, c’est en prenant les bouchées doubles que Patricia Maltais a obtenu ces responsabilités, alors qu’elle a commencé chez MG2 Énergie comme… secrétaire. Son ancien employeur avait fermé sa division électrique et elle a postulé pour cet emploi pour avoir « un pied dans la place », même si elle se savait surqualifiée. « Disons que je me suis organisée pour qu’ils ne veuillent pas me laisser secrétaire longtemps », lance-t-elle.

Un poste qu’elle a occupé un mois avant de décrocher une promotion. Une position qu’elle n’aurait peut-être pas obtenue autrement, selon elle, puisque c’est le genre de responsabilités qu’on offre habituellement aux détenteurs d’une technique ou aux gens avec une plus longue feuille de route, alors qu’elle ne détient qu’un DEP en électricité.

Une proposition qui a pris Patricia Maltais par surprise. « Je l’ai essayé, mais je n’étais vraiment pas sûre d’aimer cela ni de réussir ! Parce que, dans le cadre de mon travail, j’ai des réunions de chantier avec le client, l’ingénieur et les chargés de projet des différents domaines. Mais je suis presque toujours la seule fi lle, mis à part quelques clientes parfois. Au début, ça me stressait beaucoup, car on jongle avec de grosses décisions et que je suis responsable des questions électriques. Je me demandais si j’allais être prise au sérieux. » Un an et demi plus tard, c’est mission accomplie, estime-t-elle.

Aujourd’hui, Patricia Maltais espère bien utiliser sa position de gestionnaire pour laisser la chance à d’autres femmes d’intégrer le domaine, alors que son employeur se montre très ouvert à cela.

« Actuellement, nous sommes quatre filles au bureau dans différentes positions et mon patron n’a pas dit quoi que ce soit quand j’ai engagé une électricienne. Il faut mentionner que notre président a 38 ans et que, selon mon expérience, les jeunes ne font pas de cas sur le fait que nous sommes des femmes dans un milieu masculin. » Elle prévoit donc — et espère — que, plus les années passeront, plus les chantiers se conjugueront au féminin !

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