L’arrivée du « Cloud Ready Building »

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Photo : ACQ

L’explosion des médias sociaux, des services Cloud, du Big Data ou de l’Internet des objets (Internet of Things) sont des signes inéluctables d’une nouvelle révolution numérique supportée par la virtualisation et l’accès universel aux technologies de l’information, qu’elles soient mobiles ou à large bande.

Cette révolution numérique impose une transformation majeure des infrastructures d’hébergement et génère aujourd’hui une externalisation rapide du traitement informatique vers de grands centres de colocation et le Cloud. Selon « DCD Intelligence », ce mouvement a vu une croissance de 13 % durant la dernière année et devrait s’intensifier de 15 % supplémentaires d’ici la fin 2014, tous marchés verticaux confondus.

Pour la majorité des entreprises de petite ou moyenne taille, l’agilité des nouvelles technologies de Cloud ou d’applications en mode service (SaaS) représente un avantage concurrentiel significatif. Faute de pouvoir développer facilement et économiquement ces technologies à l’interne, ces entreprises considèrent donc rapidement l’utilisation des centres de colocation dédiés ainsi que les nouveaux services Cloud. Elles transfèrent ainsi les tâches d’exploitation à des fournisseurs d’infrastructures spécialisés et peuvent se concentrer plus efficacement sur le développement des applications et des fonctions d’affaires stratégiques.

Au sein des immeubles commerciaux, les entreprises qui disposent de leur propre salle de serveurs vont transformer ces espaces et réduire parfois très rapidement leurs besoins en capacité (la compagnie CenturyLink annonce une réduction des espaces de traitement informatique à l’interne de 20 % d’ici la fin 2014 et de 10 % supplémentaires pour 2015)*

Des négociations contractuelles sont donc à prévoir quant à l’ajustement des frais de consommation énergétique ou au changement de vocation de ces espaces.

Mais la réduction des espaces d’hébergement informatique dans les immeubles commerciaux n’est qu’un premier signe d’une nouvelle transformation qui s’engage.

Le premier effet de cette externalisation des TI est la dépendance croissante des entreprises face aux liens de télécommunications à large bande (Fibre Optique) et au réseau Internet (liens haute vitesse). En effet, en transférant l’hébergement de leurs applications d’affaire vers le Cloud (privé, public ou hybride), les entreprises doivent maintenant disposer d’une capacité de communication efficace et extrêmement fiable avec le réseau Internet et les grands centres d’hébergement.

Les liens de télécommunications à large bande vont rapidement devenir tellement importants pour les entreprises qu’ils pourraient bientôt être considérés comme un nouveau service essentiel, au même titre que l’électricité, le chauffage ou la protection incendie.

L’agilité, la capacité et la performance des liens de communications deviennent donc des critères essentiels à la survie des entreprises qui embarquent dans le Cloud.

Malgré la forte adoption de ce nouveau modèle d’affaires, la migration vers le Cloud ne va pas se faire du jour au lendemain et de nombreuses entreprises vont devoir conserver quelques systèmes à l’interne pour des raisons de conformité, de confidentialité ou de performance pure.

L’espace requis par ces systèmes ne justifiant plus un environnement dédié à l’interne, un nouveau besoin d’espace d’hébergement mutualisé devrait voir le jour au sein même des immeubles commerciaux. On peut facilement imaginer une salle de serveurs par bâtiment, partagée par les différents locataires, opérée et sécurisée de la même manière qu’un petit centre de colocation traditionnel. La taille et la capacité de cet espace seront directement liées au nombre de locataires et à leurs profils technologiques.

Facilitant également l’agrégation des liens de télécommunications, ces espaces d’hébergement mutualisés seront idéalement en mesure d’accueillir des systèmes informatiques de nouvelle génération, virtualisés et à haute densité. Les capacités existantes de climatisation et d’efficacité énergétique resteront donc des enjeux majeurs pour les exploitants de ces nouveaux environnements.

Outre les changements physiques liés à la migration vers le Cloud, un nouveau modèle opérationnel se développe très rapidement basé sur des concepts d’agilité et d’élasticité des ressources. L’accès à la demande et la facturation à l’usage sont des concepts qui révolutionnent quelque peu le modèle traditionnel, notamment au niveau de la consommation de l’énergie au Québec. Nécessitant une infrastructure de contrôle et de surveillance beaucoup plus instrumentée, les clients du Cloud exigent aujourd’hui des ententes de niveaux de service plus précises et appuyées par des données factuelles et mesurées.

Pour répondre à la révolution numérique et convertir ou attirer les clients qui souhaitent migrer vers le Cloud, certains exploitants d’immeubles commerciaux voient l’intérêt de développer le concept de « Cloud Ready Building » qui répondrait de manière structurelle aux contraintes de ce nouveau modèle d’affaires. Cette offre locative devrait alors :

  • Offrir un service de connectivité neutre de premier choix, c’est-à-dire disposer d’une capacité d’interconnexion à haut débit (fibre optique), multifournisseurs, performante et redondante. Idéalement, l’accès de l’immeuble à un nœud de distribution télécom et l’association avec des partenaires en transport de données représentera un différentiateur important entre les immeubles.
  • Offrir aux locataires qui le souhaitent un espace d’hébergement mutualisé à haute densité (pour les systèmes stratégiques qui ne peuvent pas être externalisés). Ces espaces d’hébergement devront être alimentés et climatisés avec des systèmes à haute performance et devront garantir un niveau de sécurité et de disponibilité bien au-delà des critères actuels (gestion, maintenance, surveillance et sécurité)
  • Assurer une gestion responsable de l’énergie en assurant une facturation à l’usage, des ententes de niveau de services bien documentées et supportées par des systèmes de surveillance et de monitorage en temps réel.

Actuellement, ces services sont traditionnellement laissés à la charge des entreprises qui s’occupent de contracter elles-mêmes les fournisseurs de télécommunications, de faire aménager leur salle de serveurs, voire de faire l’acquisition des équipements de climatisation. Avec la migration prévue du personnel qualifié en infrastructure vers les centres de colocation ou les exploitants du Cloud, ces défis vont devenir insurmontables et non justifiables à l’interne pour la plupart des entreprises. Outre l’apparition prévue de sociétés de services spécialisées dans ce domaine, le nouveau potentiel d’affaires que représente le « Cloud Ready Building » va demander une redéfinition des services immobiliers en leur donnant une saveur plus technologique. L’écosystème complet de fournisseurs, exploitants et gestionnaires va ainsi pouvoir augmenter sensiblement la valeur ajoutée des services offerts et plusieurs de ces intervenants deviendront eux-mêmes de nouveaux acteurs de la révolution numérique.

*source : http://www.centurylinktechnology.com/sites/default/files/vanson-bourne-global-it-trends-general-report.pdf


À propos de l’auteur

article-cloudRené Breyel est président de Claridion Inc.
DataCenter Infrastructure Monitoring & Management.
Fort de 20 ans d’expérience dans le domaine, il est conseiller stratégique en Gestion d’Infrastructures de Centres de Données (DCIM) et accrédité par l’Uptime Institute pour la gestion opérationnelle des Centres de Données.
Pour le rejoindre : rene.breyel@claridion.com, ou sur LinkedIn : ca.linkedin.com/in/renebreyel/

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