SCHL : de nouvelles mesures pour éviter la surchauffe

Florent Visse
Florent Visse
Chroniqueur Actualités

Malgré l’arrivée des beaux jours, le marché de la copropriété demeure au ralenti et continue d’être en faveur des acheteurs avec une reprise des mises en chantier, une légère hausse des stocks invendus (2 % sont principalement des condos dans la région métropolitaine de Montréal) et une atténuation de la croissance des prix.

Cependant, la situation n’est pas uniforme au Québec. On observe dans les régions de Québec et du Saguenay, une baisse significative de mises en chantier conduisant à la moitié moins d’unités construites que l’année dernière.

L’ajustement de l’offre (supérieur à la demande) se poursuit et la tendance à l’écoulement se confirme.

D’après la SCHL, il demeure 12 000 unités en copropriété en construction dans la région métropolitaine de Montréal qui seront livrables au cours des deux prochaines années.

Or, on peut se demander si la clientèle cible de condos abordables va pouvoir continuer à acheter au même rythme ? Le segment de marché des acheteurs de copropriété est composé à 80 % par les jeunes (25-34 ans) et les personnes âgées selon Statistique Canada.

L’ombre de l’endettement plane-t-elle sur l’industrie ?

La SCHL continue de prendre des mesures pour resserrer le marché du prêt hypothécaire résidentiel, limiter la surchauffe et les défauts de paiement.

Le bas taux d’épargne et le fort taux d’endettement rendent plus difficile pour certains Canadiens l’obtention du financement garanti par le gouvernement.

Le taux record d’endettement des ménages au Canada est de 163,7 %, atteint en décembre dernier selon Statistique Canada, avec une dette des ménages consacrée à 62,4 % à des hypothèques (avec un taux d’intérêt historiquement bas [Investors a affiché un taux de 1,99 % la semaine dernière]).

Inquiétant pour les aînés

Le rapport d’Equifax Canada révèle aussi que la dette moyenne des consommateurs âgés de 65 ans et plus affiche la plus forte hausse, soit 6,5 %.

Les institutions financières exigent habituellement une assurance prêt hypothécaire de la part des acheteurs qui versent initialement moins de 20 % du prix d’achat. De plus, rappelons que les banques demandent de ne pas dépasser un coefficient d’amortissement total de la dette (ATD) et un coefficient d’amortissement brut de la dette (ABD) inférieurs à 41 % et 32 % respectivement.

Ces éléments laissent croire qu'une baisse importante de la valeur des maisons (des analystes considèrent que le marché est surévalué) et une hausse des taux d’intérêt auraient une incidence significative sur les finances des Canadiens.

Rappelons que Montréal arrive en 3e position pour le taux de défaillance (remboursement de prêts en retard de 90 jours et plus) devant Vancouver, Calgary, Ottawa et Edmonton.

Dernière mesure annoncée, la SCHL n'assurera plus les achats des travailleurs autonomes sans confirmation du revenu par un tiers, et elle n'offrira plus d'assurance aux Canadiens souhaitant acheter une résidence secondaire.

Le nombre de personnes touchées par cette dernière nouvelle règle n’est pas significatif au niveau de la demande (moins de 3 % du volume des prêts assurés par la SCHL). Cependant, on ne peut pas négliger l’impact psychologique de ces messages et penser que ce ne sont pas les dernières mesures envisagées tant que la croissance globale canadienne n’augmentera pas.

L’offre actuelle permet aux acheteurs de prendre le temps de magasiner. Les entrepreneurs devront continuer à s’adapter en changeant de cible, par exemple, en se tournant vers le locatif ou encore en proposant de nouvelles façons d’aider au financement afin que cette demande ne diminue pas. Autrement, le nombre d’unités de condo trop longtemps gardées inoccupées vont s’accumuler et les marges s’épuiser. De plus en plus d’entrepreneurs ont décidé de retourner vers la rénovation ou l’après-sinistre en attendant le prochain cycle.

 

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