L’adoption du BIM chez nous

Joseph Faye
Joseph Faye
Chroniqueur Technologie

La présente chronique porte sur le déploiement des outils et des pratiques de la modélisation des données du bâtiment, plus connue dans l’industrie sous l’appellation de BIM (Building Information Modeling). Elle ressort les grandes lignes d’une récente étude réalisée par BIM Québec en collaboration avec la table multisectorielle sur le BIM. Cette étude avait pour objectif de faire un état des lieux du niveau d’adoption du BIM au Québec et de proposer des solutions pour accélérer le virage numérique dans l’industrie de la construction.

L’étude fait d’abord état de la situation du BIM à l’échelle mondiale. Tandis qu’au Canada, aucun mandat national clair ne semble avoir été mis en place pour amener l’industrie vers l’intégration du BIM, aux É-U, depuis 2007, l’usage du BIM est obligatoire pour la réalisation de projets gouvernementaux. En Amérique latine, le Mexique a donné le ton avec la mise en place, en 2017, de standards pour les projets BIM. En Europe, certains pays sont très avancés en la matière et se sont dotés d’une stratégie et de standards. C’est le cas du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de la Norvège, de l’Autriche et de la Finlande. D’autres pays comme la France, l’Allemagne, l’Écosse, l’Espagne et la Russie sont à pied d’œuvre.

Le BIM au Canada

Même si le Canada ne s’est pas encore doté d’une stratégie nationale, il faut dire que les provinces, séparément, instaurent des actions qui mériteraient d’être soulignées. Par exemple, la Saskatchewan est l’auteur du premier projet réalisé en RPI (réalisation intégrée de projet) au Canada en 2012. Il s’agit du projet de construction d’un hôpital régional à Moose Jaw. En plus de se faire selon les principes du Lean Construction, le projet a été réalisé selon l’approche et l’utilisation du BIM.

Du côté de l’Ontario, le projet du « Quartier Google » sera une première. Il s’agit d’un quartier intelligent, qui sera construit selon les meilleurs standards en matière de gestion de l’information à des fi ns d’exploitation du cadre bâti. La Colombie-Britannique s’est illustrée avec la construction du bâtiment Brock Commons, un édifice de 18 étages à Vancouver dont la structure et la façade sont faites en bois. Les concepteurs ont modélisé la structure du bâtiment et simulé le processus de construction, ce qui a permis à l’équipe de prendre des décisions importantes dès l’étape de la conception. Le bâtiment se situe sur le campus de l’université de Colombie-Britannique.

Au Québec

La Société québécoise d’infrastructure (SQI) se présente comme un chef de file en la matière. Depuis mai 2016, les projets d’infrastructures publiques réalisés par la SQI sont faits en BIM-PCI (conception intégrée). Rappelons que la SQI s’occupe, pour le compte du gouvernement du Québec, de la gestion de projets de construction (hôpitaux, palais de justice, centres de détention…) et de la gestion immobilière (plus de 1 000 édifices). Entre 2012 et 2016, grâce aux principes de conception intégrée et à l’utilisation du BIM, les projets d’infrastructure gérés par la SQI ont été livrés à un coût inférieur de 5 % de ce qui avait initialement été prévu. Ces résultats sont très éloquents.

Dans l’étude réalisée par BIM Québec, le déploiement des outils et des pratiques du BIM pourrait permettre au Québec, d’ici 2025 de réaliser des économies sur les coûts globaux des projets allant de 13 à 21 % dans les phases de conception, d’ingénierie et de construction, et de 10 à 17 % durant l’exploitation de l’ouvrage. Tout semble indiquer que l’adoption des technologies numériques dans la construction aura un effet bénéfique en termes de productivité et de compétitivité.

Le défi reste à mettre en œuvre un ensemble de mesures visant à amener l’industrie vers le virage numérique, et ce, de façon structurée. Cela ne se fera pas sans le concours de toutes les parties prenantes, gouvernement, donneurs d’ouvrage, entrepreneurs, professionnels, milieux associatif, académique, etc. La bonne nouvelle est que les rencontres sur le sujet se sont intensifiées au Québec en 2017. Le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation s’implique dans la démarche, notamment par sa présence lors des rencontres et la création d’une nouvelle direction de la construction. En gros, les différentes parties prenantes se concertent véritablement sur la question, ce qui est excellent.

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