La construction à l’heure des technologies mobiles

Karl Rushford
Karl Rushford
Chroniqueur Technologie

Le 7 novembre dernier, Daniel Forgues, professeur au département de génie de la construction à l’École de technologie supérieure, Frédéric Perron, directeur marketing du Groupe Canam inc., Ivanka Iordanova, directrice BIM de Pomerleau inc. et Chantale Germain, ingénieure, chef proposition et estimation à la Direction de l’ingénierie de production d’Hydro-Québec ont participé à une conférence pour discuter d’une étude sur les possibilités offertes par les technologies mobiles. En attendant les résultats de cette enquête, les participants ont décrit ce que leur entreprise respective avait fait jusqu’à maintenant pour intégrer ces outils technologiques dans le déroulement de leurs activités. M. Forgues a agi comme animateur de cette conférence.

Un sondage a été envoyé à 30 000 entreprises du Québec pour mesurer le taux de pénétration des technologies mobiles. Quelque 700 entreprises ont répondu au questionnaire. De ce nombre, 14 entreprises qui se démarquaient ont été sondées en profondeur. Les résultats de l’enquête révèlent que les entreprises québécoises n’ont pas de stratégie face aux nouvelles technologies. Cela provient plutôt d’initiatives individuelles. Elles ne comprennent pas très bien quelles sont les applications disponibles, ce que l’on peut faire avec et comment les intégrer.

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Photo : ACQ

Les technologies mobiles sont là pour rester et elles apportent beaucoup d’avantages. Les prix sont très bas par rapport à des logiciels. D’ici cinq ans, les technologies mobiles prendront beaucoup plus de place dans les entreprises. Les principales utilisations de ces technologies sont la gestion de l’information sur le chantier, la gestion de projets et la collaboration. Leur utilisation améliore grandement les communications sur un chantier de construction. On a observé que la productivité sur les chantiers représente 50 à 60 % du temps travaillé sur un projet de construction. Les méthodes de communication déficientes représentent 5 à 15 % de la perte de productivité sur les chantiers. Ce qui signifie que l’accès à l’information en temps réel est vital. Aux États-Unis, l’intégration des technologies mobiles sur les chantiers serait de 97 % chez les entrepreneurs généraux et de 87 % chez les entreprises spécialisées.

Pourquoi utiliser les technologies mobiles ?

Tous les conférenciers ont reconnu l’importance des technologies mobiles pour résoudre des problèmes sur un chantier, pour améliorer la communication entre le chantier et le bureau, pour accélérer les échanges entre les équipes appelées à réaliser un projet et pour faciliter le partage de documents. Au Québec, par rapport aux États-Unis, l’usage principal de ces technologies se fait pour consulter et partager de l’information. Aux États-Unis, les donneurs d’ouvrage, les entrepreneurs et les professionnels les utilisent plutôt pour exercer un meilleur contrôle de la qualité et pour faire de la vérification et de la validation de documents. Ils s’en servent aussi pour collaborer et pour annoter et modifier les documents.

Avantages des technologies mobiles

  • Une courbe d’apprentissage relativement faible par rapport à des technologies telles que le BIM avec Redit
  • Une plus grande accessibilité
  • La possibilité de centraliser l’information
  • La portabilité comparable au cellulaire
  • Un coût abordable, la plus chère des applications se vend 10 $, la plupart sont gratuites

Conseils aux futurs utilisateurs

  • Planifier de façon stratégique l’implémentation des applications
  • S’assurer d’un engagement de la part des utilisateurs
  • Fournir un support aux utilisateurs.
« Nous avons développé notre propre application à la fin 2008 pour saisir les données factuelles au chantier. Pour estimer et planifier les futurs projets. Cela permet de centraliser l’information. Elle est adaptée pour les utilisateurs débutants, grâce à des menus déroulants, ce dernier n’a presque rien à écrire. Les utilisateurs ont beaucoup contribué au développement de l’application. Elle a été développée selon les spécifications des utilisateurs. Cela apporte un gain de temps pour la saisie de données et évite les intermédiaires, car les données sont disponibles en temps réel. Il y avait une vision globale au départ, mais l’application a été développée pas à pas. Le suivi a permis de corriger les lacunes au fur et à mesure du développement. Nous possédons plusieurs petits systèmes, mais tous communiquent entre eux. »
Chantale Germain – Hydro-Québec
« Il n’y avait pas de développement qui se faisait au départ. Il y avait plus des initiatives locales qui ont trouvé des outils déjà disponibles. Il y a deux ans, nous avons entrepris une réflexion stratégique et avons consulté nos employés. Ceux-ci nous ont dit qu’ils aimeraient les types de fonctionnalités suivants :
  1. Pouvoir se référer à la dernière documentation mise à jour (plans, devis, addendas)
  2. Capter de l’information du chantier et la communiquer à tous les intervenants (photos, liste de non-conformité, etc.)
  3. Centraliser la documentation (pouvoir synchroniser avec le serveur grâce au cloud ou infonuagique)
  4. Utiliser des processus décisionnels (workflow ou flux de travaux ou de production). »

Ivanka Iordanova - Pomerleau inc.

Trois stratégies

  • Développer nous-mêmes des applications
  • Acheter des applications déjà disponibles
  • Opter pour une stratégie hybride

Voici les autres recommandations des conférenciers. Selon eux, il faut faire des choix technologiques (iOS, Android) et il est très important que les systèmes communiquent ensemble. Il faut également que les gens s’approprient les technologies pour éviter la résistance au changement. Ils ont aussi abordé l’aspect de l’ergonomie de l’application pour favoriser la fidélité des utilisateurs. Ils s’entendent pour un système de gestion complet (mobile et plateforme), de même qu’un support à l’interne pour faciliter l’intégration. Ils préconisent une révision annuelle des produits dans le but d’évaluer les applications et de changer si nécessaire. Bien sûr, il faut aussi prendre le temps de former les usagers à toutes les facettes d’une application.

Les résultats complets de l’étude sur les technologies mobiles dans la construction seront dévoilés dans quelques semaines.

Les méthodes de communication déficientes représentent 5 à 15 % de la perte de productivité sur les chantiers.
Aux États-Unis, l’intégration des technologies mobiles sur les chantiers serait de 97 % chez les entrepreneurs généraux et de 87 % chez les entreprises spécialisées.

http://www.cefrio.qc.ca/publications/numerique-entreprise/construction-efficacite-numerique/

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