Matériaux à privilégier pour l'obtention d'une certification Leed

Pour de nombreux intervenants, il n’y a pas de matériaux LEED. Selon eux, le choix des matériaux pour un projet de bâtiment durable peut toutefois influencer sa performance écoénergétique. Et comme nous n’avons pas l’intention de jouer avec la sémantique, nous allons tout simplement nous concentrer sur les matériaux que tous les intervenants de la construction devraient privilégier pour leurs projets visant des certifications LEED.

« Le temps est révolu de statuer qu’un matériau est écologique parce qu’il contient de la matière recyclée. Nous cheminons maintenant vers une aire de transparence et d’engagement de la part des manufacturiers qui adoptent de nouvelles règles, dont LEED v4, et qui démontrent l’impact environnemental de leurs produits », souligne Josée Lupien LEED Fellow et présidente de Vertima, une entreprise d’experts en matériaux et bâtiment durable au Québec.

Celle-ci reconnaît que les fabricants ne cessent d’innover avec des produits plus écologiques dont l’objectif consiste bien souvent à réduire les émissions de gaz à effet de serre lors de la fabrication de leurs produits.

Mais au-delà de ces préoccupations, les fabricants doivent également se conformer au niveau de la toxicité de leurs produits, non seulement par souci de transparence en dévoilant les ingrédients chimiques lors de la fabrication, mais également au niveau de leur performance et de leur impact sur la santé des gens. « D’ailleurs, on a vu apparaître dans le marché plusieurs compositions de produits favorisant l’utilisation de résine à base de soya en remplacement du formaldéhyde », ajoute Mme Lupien.

MATÉRIAUX INNOVANTS

Panneaux légers sans formaldéhyde

Dans un communiqué publié le mois dernier, M. Alain Bélanger, président de Corruven, un fournisseur de matériaux de construction de Saint-Basile au Nouveau-Brunswick, annonçait une aide fédérale de deux millions de dollars pour faire avancer la technologie brevetée de matériaux légers. Il s’exprimait ainsi : « Cette contribution permettra de concevoir et de fabriquer une nouvelle ligne de production de composite de bois de haute performance et aussi d’intensifier la recherche et le développement pour la production de solutions intelligentes pour les marchés de l’emballage, des matériaux de construction et de l’architectural. » Il faut savoir que le marché des composites représentait en 2014 un potentiel de 14 milliards de dollars et que la croissance de ce marché était de 8 % par année. En sachant que la substitution et la séquestration d’un mètre cube de bois équivaut à deux tonnes de CO2 de moins dans l’atmosphère, on comprend donc l’importance pour les fabricants de se positionner dans le secteur des matériaux intelligents et avancés.

Les panneaux structuraux de Corruven sont utilisés, entre autres, pour les coffrages de béton, les planchers et les portes.

Filaments de cellulose

En 2013, une fiche technique produite par FPInnovations décrivait ainsi les filaments de cellulose : « Un matériau vert révolutionnaire, exempt de produits chimiques et pouvant améliorer considérablement les pâtes, les papiers, les bioplastiques et d’autres matériaux composites. »

Trois ans plus tard, où en sommes-nous avec la commercialisation des filaments de cellulose ? Le 19 septembre 2016, un article publié dans Le Quotidien mentionnait que la compagnie Produits forestiers Résolu poursuivait ses analyses dans le cadre d’un projet de 25 millions de dollars pour la fabrication de filaments de cellulose, aussi utilisés dans la production de matériaux de construction. Les filaments de cellulose servent aussi à la fabrication du béton pour renforcer les structures. Soulignons que ces filaments pourraient remplacer l’utilisation de produits pétroliers…

M. Jean Hamel, vice-président, Pâtes, Papiers et Bioproduits de FPInnovations nous parle de ce matériau : « Nous poursuivons nos recherches dans les applications des filaments de cellulose pour la fabrication de matériaux de construction (isolation et panneaux de fibres). En les utilisant, nous allons créer des matériaux plus performants et plus résistants, tout en réduisant les COV (composés organiques volatils). Leur usage aura aussi un impact positif dans la lutte aux changements climatiques en diminuant les gaz à effet de serre. »

Mousse d'isolation thermique

Pour sa part, le président d’Enerlab 2000 inc., Armand Langlois, est catégorique : « Les mousses d’isolation thermique sont les plus performantes sur le marché. » Elles sont fabriquées avec des agents de gonflement produisant une structure cellulaire à faible densité avec une grande résistance thermique. Pour la fabrication de ses panneaux de polyisocyanurate (PIR) et de polyuréthane giclé (SPF), le personnel d’Enerlab 2000 n’utilise plus de HCFC (hydrochlorofluorocarbure) ni de HFC (hydrofluorocarbure) qui ont des impacts néfastes sur l’environnement (destruction de la couche d’ozone et facteur élevé de réchauffement climatique). « Nous sommes en train d’effectuer la conversion vers les HFO pour la production de nos matériaux. Ceux-ci n’ont aucun effet sur la couche d’ozone, contrairement à la plupart des fabricants d’isolants », précise M. Langlois.

Le porte-parole d’Enerlab 2000 ajoute : « Nous avons entrepris un vaste projet en recherche et développement, il y a quelques années, en vue d’utiliser la lignine, un ingrédient biosourcé, sous-produit de l’industrie papetière, pour remplacer une partie des produits pétroliers entrant dans la composition de nos isolants PIR et SPF. » Le fabricant, qui travaille en collaboration avec le Conseil national de recherches du Canada depuis 2010, a même déposé une demande de brevet dans plusieurs pays pour sa technologie Iso-Lignine. Celui-ci bénéficie du Programme Investissements dans la transformation de l’industrie forestière de Ressources naturelles Canada et du soutien du ministère québécois de la Forêt, de la Faune et des Parcs. « Notre objectif est double : réduire les coûts de production et minimiser l’impact environnemental. Actuellement, nos panneaux de polyisocyanurate contiendront jusqu’à 25 % de lignine », souligne M. Langlois. Les entrepreneurs et les donneurs d’ouvrage qui cherchent à obtenir des certifications LEED devraient donc inclure un tel matériau dans leurs futurs projets de construction.

MATÉRIAUX INNOVANTS - D’AUTRES EXEMPLES

PRIX DURABILYS 2016

Nous vous présentons quelques-uns des lauréats des Prix Durabilys 2016, une initiative du Conseil du bâtiment durable du Québec. Pour chacun de ces projets, un ou des matériaux ont joué en faveur des récipiendaires.

CATÉGORIE INNOVATION EN PRODUITS ET MATÉRIAUX

Le Verrox de Tricentris

Tricentris fabrique et commercialise le VERROX, un ajout cimentaire fait à partir du verre provenant de la collecte sélective. Cette poudre de verre VERROX permet d’améliorer la performance du béton. Les trottoirs de plusieurs artères importantes de Montréal profitent déjà depuis plusieurs années de cette poudre de verre qui offre, entre autres, une meilleure résistance au cycle gel/dégel et aux sels de déglaçage. Le quai Paquet à Lévis fait de béton blanc et le nouveau centre culturel de Mirabel bénéficient également des qualités du VERROX. En juin dernier, l’ambassadeur Verrox, M. Grégory Pratte, a donné une conférence à Paris, question de faire découvrir cette innovation 100 % québécoise aux Européens présents lors du congrès de l’IDRRIM (Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité).

« Du béton en poudre de verre pour les trottoirs : une innovation 100 % Québec. »
   Titre de la conférence de Grégory Pratte, VERROX

CATÉGORIE – NOUVELLE CONSTRUCTION ET RÉNOVATION MAJEURE LEED

Maison du développement durable

Un bâtiment LEED® Platine NC

Pour Normand Roy, chargé de projet pour Équiterre, l’obtention d’un tel prix résulte des efforts de communication, mais surtout de l’ensemble des enjeux sociaux sur lesquels les responsables ont travaillé : la construction du siège social d’un OBNL, le fait de concevoir un projet démonstratif, le tout à l’intérieur d’un pôle de développement durable. « L’une des beautés de LEED, surtout dans le cas du niveau Platine, c’est que cela nous force à ratisser large, à nous occuper d’une multitude d’enjeux », souligne M. Roy. Selon lui, beaucoup de technologies et d’approches sont encore mal connues quant aux données de performance (planchers surélevés, murs végétaux, toitures végétalisées, mise en service optimale de l’enveloppe du bâtiment) et cela peut certainement gêner la prise de décision. Le représentant d’Équiterre ajoute ceci : « Nous pouvons tous être fiers que les décideurs d'Hydro-Québec, du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal aient trouvé un lieu enviable et des ressources financières pour doter Montréal d'un projet démonstratif en bâtiment durable. »

Toitures végétalisées

CATÉGORIE INDUSTRIELLE/COMMERCIALE

STM – Centre de transport Stinson

Pour réduire l’effet d’îlots de chaleur, le Centre de transport Stinson compte sur un toit vert couvrant 8 000 mètres carrés. Le reste de la toiture est couvert d’une membrane blanche et réfléchissante. Quant aux végétaux, ils nécessitent peu d’entretien et aucun arrosage.

On a utilisé des matériaux durables, dont le bois et l’acier, et de provenance régionale, dans le but de favoriser l’économie locale et ainsi réduire les émissions de GES liées au transport des matériaux.

Autres caractéristiques qui ont mené à une certification LEED Or :
• Un système de récupération de la chaleur efficace à plus de 80 %
• Plus d’une vingtaine de puits de lumière
• Verdissement du site : plus de 500 arbres, 1 300 arbustes et 22 000 mètres carrés d’espaces gazonnés
• Dispositifs de récupération des eaux de lavage et de rinçage des bus et des eaux de pluie réduisant de 75 % la consommation d’eau potable.

Planétarium Rio Tinto Alcan

Ce bâtiment a reçu le Prix Durabilys 2016 dans la catégorie institutionnelle pour sa toiture végétale. Il faut savoir que le Conseil du bâtiment durable du Canada avait attribué à cette construction la certification LEED® NC 1.0 – Platine en octobre 2015. Durant les travaux, la terre excavée avait été utilisée pour le paysagement. L’équipe des Membranes Hydrotech Corporation s’est servi de substrat de croissance adapté aux toitures végétales pour réaliser ce projet. Soulignons que les plantes choisies résistent à la chaleur et nécessitent peu d’eau. Un tel aménagement réduit donc les îlots de chaleur.

Pour en apprendre davantage sur le verdissement des bâtiments, nous vous recommandons le documentaire Les toitures végétalisées dont le lancement sur YouTube a été annoncé en juillet dernier par le Groupe de travail sur les toitures végétalisées (GTTV) et le Conseil du bâtiment du Canada – Québec. Il s’agit de 4 épisodes de 30 minutes explorant le monde des toitures végétalisées au Québec au cours des 15 dernières années.

Composantes d’un toit végétalisé

Sur les pentes, les composantes suivantes ont été utilisées pour la toiture à membrane protégée (celle installée au Planétarium Rio Tinto Alcan) :

  1. Végétation
  2. Substrat de croissance
  3. Système GardNet d’Hydrotech
  4. Couche de rétention d’eau/filtrage
  5. Couche de drainage/filtrage
  6. Isolant rigide extrudé type IV à cellules fermées
  7. Barrière antiracines
  8. Membrane d’étanchéité

RÉINVENTER LE BOIS !

« C’est en bois que seront construites les villes de demain. »
   Timothée Boitouzet, architecte et biologiste moléculaire - Woodoo

Il a été désigné innovateur français de l’année 2016 par le Massachusetts InstituteTechnology (magazine Technology Review). Il s’appelle Timothée Boitouzet, architecte et biologiste moléculaire. Ses recherches sur la lignine, un élément qui permet de tenir les fibres du bois ensemble, lui ont permis de mettre au point un bois translucide grâce à des injections de biomonomère, une substance organique qui solidifie le bois et renforce les liaisons atomiques entre les fibres. Ce matériau est maintenant breveté et il a même créé sa propre entreprise : Woodoo. En remplaçant la lignine par le monomère, le matériau cristallin qu’est la cellulose laisse passer la lumière et le bois devient translucide. La lignine récupérée est transformée en biocarburant lors d’un processus de méthanisation. « C’est en bois que seront construites les villes de demain, plus denses et plus sobres en carbone. Woodoo dépasse toutes les contraintes traditionnelles du bois, pour en faire un des matériaux de prédilection du 21e siècle », conclut M. Boitouzet.

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