Martin Roy premier LEED Fellow au Québec

album photo

M. Rick Fedrizzi, président, chef de la direction et membre fondateur de l’U.S. Green Building Council et M. Martin Roy, ingénieur LEED Fellow. Photo : Sandra Soucy

Une première pour le Québec

Martin Roy est le premier ingénieur québécois à faire partie du cercle des professionnels de la construction durable les plus respectés de l'Amérique du Nord. Décerné par le Conseil du Bâtiment Durable des États-Unis (USGBC), en collaboration avec le Green Building Certification Institute (GBCI), ce titre reconnaît la contribution exceptionnelle à la construction durable, l'expertise unique, le leardership, l'esprit d'innovation, l'engagement et les réussites professionnelles significatives de cet ingénieur. Dans le cadre de l'édition 2013, 51 candidats ont reçu cette distinction, dont 3 au Canada et 1 au Québec. Au total, seulement 7 Canadiens ont obtenu cette reconnaissance depuis sa fondation. Pour obtenir ce titre, les candidats doivent avoir un minimum de 10 ans d'expérience en construction durable, être un professionnel accrédité LEED avec spécialité et être nominé puis appuyé par ses pairs. La remise officielle du titre s’est déroulée le jeudi 21 novembre dans le cadre de l’événement GREENBUILD.

Nouvelle rafraichissante pour l'ingénierie québécoise !

Pour Martin Roy, ce titre est non seulement la reconnaissance de plus de 25 ans d'efforts à promouvoir une approche à la fois performante, rentable, saine et écologique, mais aussi à développer un modèle d'affaires fondé sur la collaboration, l'échange, de même que sur une éthique qui donne un sens et amène de la fierté à la profession d'ingénieur.

« Les ingénieurs, et plus particulièrement la relève, peuvent être fiers de leur profession, car ils sont aujourd'hui dans une position où ils peuvent apporter une contribution des plus significatives dans le développement d'un monde meilleur. »

Une carrière d'ingénieur hors du commun

L'un des premiers professionnels accrédités LEED, membre du comité technique du Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa), l'ingénieur Martin Roy, mise ses efforts pour la promotion du développement durable au sein de la profession et auprès du public. Sa rigueur et son sens de l'innovation peu commun font de lui un modèle accessible et inspirant pour la génération montante d'ingénieurs. Récipiendaire du Grand Prix d'excellence de l'Ordre des ingénieurs du Québec en 2007 et de nombreux prix et reconnaissances tant à l'échelle locale qu'à l'international, Martin Roy est sans aucun doute le chef de file québécois en matière de génie bioclimatique. Conférencier dans de nombreuses universités et sur de nombreuses tribunes, Martin Roy a su rendre accessibles les principes de la construction durable et inspirer le changement tant auprès des étudiants, des architectes, des ingénieurs, des gestionnaires, des décideurs, qu'auprès du public en général partout au Canada.

Source vidéo : Radio Canada

Nous avons rencontré M. Martin Roy qui a pris le temps de répondre à quelques-unes de nos questions.

Quel est l’impact pour l’industrie québécoise de la construction d’avoir désormais une figure d’autorité LEED en son sein ?

Il y a plusieurs professionnels québécois qui ont une grande expérience en bâtiment durable et en certification LEED. Je crois que l'industrie québécoise de la construction devrait y faire appel et surtout y faire plus confiance; la qualité de nos bâtiments y gagnerait et surtout leurs impacts environnementaux en seraient réduits. D'autant plus que l'impact sur les coûts de construction est minime voire inexistante. Je n'aurais pu obtenir cette distinction sans un travail de collaboration avec plein d'acteurs du milieu, architectes, ingénieurs, développeurs, entrepreneurs, etc. Le fait d'avoir un LEED Fellow au Québec démontre que nous avons un savoir-faire dans ce domaine reconnu mondialement et j'espère que cette reconnaissance incitera un plus grand nombre à prendre le virage vers une construction plus durable.

Quel serait le message que vous souhaiteriez donner à tous ceux et celles qui s’interrogent actuellement sur la pertinence de la certification LEED ?

Actuellement, il n'y a pas de certification environnementale de bâtiment plus reconnue. Un bâtiment certifié LEED doit nécessairement être plus durable qu'une construction traditionnelle. La construction durable est une façon différente de faire qui demande un plus grand effort de concertation en amont, mais, en général, permet d'atteindre non seulement une réduction de la consommation énergétique et donc des gaz à effet de serre produits, mais aussi un bâtiment plus confortable mieux adapté aux besoins des usagers avec un impact environnemental minimal.

Selon vous, quelles peuvent être les principales appréhensions justifiées pour les plus sceptiques de la certification LEED ? Et comment y remédier ?

Le coût est certainement la principale appréhension, mais elle est, selon mon expérience, non justifiée. Souvent, le processus de conception intégrée qui est sous-jacent à la construction durable permet des économies en s'assurant d'une meilleure collaboration entre les intervenants. L'utilisation de la modélisation oblige un dialogue entre l'architecte, les ingénieurs, les opérateurs, le client et le constructeur, ce qui permet d'optimiser que ce soit la forme du bâtiment, son enveloppe, l'éclairage et la ventilation naturels ou les systèmes mécaniques. La mise en service (ou « commissionning ») prérequise à une certification instaure un processus qui documente les exigences du client et s'assure qu'elles soient respectées tout au long du projet et même un an après que le bâtiment soit occupé en coordonnant les actions des différents intervenants. Ces deux exemples contribuent à réduire les coûts de construction et d'opération du bâtiment.

Une autre appréhension est la complexité de ce type de projet. Encore sur ce point, je ne suis pas d'accord. On a tendance à se rabattre sur les technologies pour répondre à des impératifs de réduction de la consommation des ressources (eau, énergie, matériaux). Un bâtiment durable nécessite une plus grande intelligence pour limiter la complexité et pour s'assurer plutôt d'une opération simple et efficace.

Peut-être s'agit-il d'un manque de ressources, mais encore là, je crois qu'il y a suffisamment de spécialistes au Québec.

La seule raison évidente est pour moi la réticence au changement. La problématique environnementale actuelle est sérieuse et nous ne pourrons pas y répondre sans sortir de notre zone de confort et changer nos façons de faire.

Concrètement, croyez-vous que la certification LEED aura une influence directe sur le Code de la construction au Canada ?

Elle a déjà une influence importante. Le nouveau Code national de l'énergie des bâtiments (CNEB) en est un exemple. Lors de la conception de bâtiments, les codes et règlements municipaux, provinciaux et nationaux sont souvent remis en question par les acteurs du bâtiment durable pour permettre une meilleure performance écologique. L'opportunité solaire et les structures de bois ne sont que deux exemples parmi tant d'autres.

Inscrivez-vous à notre infolettre

Pour toujours être informé sur les actualités de la construction