Le contreventement d'une ossature de bois

Le contreventement d'une ossature de bois
Paul Demers
Paul Demers
Chroniqueur Technique

Ériger une charpente durable passe par l’ajout de raidisseurs et contreventements à des endroits stratégiques sur les planchers, murs et toitures. Les charges mortes de la structure, les charges vives du mobilier et des occupants s’additionnent aux poussées latérales du vent, aux mouvements sismiques et aux accumulations de neige et sont très exigeantes pour les charpentes. Voici quelques repères pour favoriser la rigidité structurale.

Planchers et toits

Le contreventement est un système qui répartit l’effet d’une charge sur l’ensemble de la structure. Il est donc essentiel pour toute la durée de vie d’un bâtiment.

1) Les entretoises sont des éléments raidisseurs pleins ou en forme de croix, alors appelées croix de St-André. Distancées d’au moins 2100 mm (6 pi 10 po) d’un rang à l’autre, elles partagent les charges sur l’ensemble des composantes (CCQ : 9.23.9.3., 9.23.14.9.).

2) Les liens continus et le contreventement sont deux composantes différentes qui agissent ensemble de façon complémentaire..

  • Le contreventement empêche l’effondrement du toit, plancher ou autre, par une transmission des charges réparties avec l’aide d’une disposition triangulée des membrures.
  • Le lien continu relie des membrures de fermes ou poutrelles voisines. Stratégiquement placé à la mi-portée, il stabilise leur axe d’effort pour maximiser la résistance au flambage et/ou à la déformation.

3) Le pontage (platelage) : sa combinaison de panneaux ou planches grands formats disposés sur les surfaces contribue à consolider l’assemblage. Appelé aussi support de couverture ou de revêtement de sol, sa cote et son épaisseur minimale sont précisés au CCQ Ch.1, 9.23.15.5., 9.23.16.7.

Exigences du fabricant

Si, aux plans d’atelier ou d’installation du fabricant, un lien continu y est indiqué, c’est parce que la membrure ne peut supporter à elle seule la charge qui lui sera soumise. De là le besoin de partager la charge aux pièces structurantes voisines. Par exemple, si dans une ferme, une diagonale travaillant en compression dépasse 1,83 m (6 pi) de longueur, elle devra être munie d’un contreventement (lien) continu pour en empêcher le flambage (CCQ Ch.#1, 9.23.14.11.3) ).

IMPORTANT : Nous devons suivre les indications du fabricant pour le positionnement, le mode de fixation et les dimensions des raidisseurs et des liens continus à utiliser.

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Contreventement en « T » 


Contreventement en « X »

Diaphragme

Dans une ossature légère et ajourée, l’union des plans structuraux horizontaux et verticaux forme un squelette consolidé appelé diaphragme.

 

Conséquences de mauvais contreventement : 

  • Structure déformée
  • Séparation des assemblages aux jonctions
  • Dommages à la finition intérieure et extérieure
  • Mouvements des portes et fenêtres affectés
  • Effondrement partiel ou complet du bâtiment.

Les murs

On les contrevente pour contrer les poussées latérales éoliennes et sismiques et du même coup compléter le diaphragme structural.

Les contribuants sont :

  • Les panneaux de revêtements intérieurs, intermédiaires et extérieurs.
  • Les fourrures (lattes) sur les murs intérieur et extérieur (disposition verticale excluse).
  • Les entremises horizontales disposées entre les montants structuraux (cisaillement et flambage).
  • Les écharpes métalliques (A) ou en bois (B) disposées à angle de 45°.
  • Le chevauchement des pièces de la sablière double (C).
  • Les panneaux muraux contreventés ou murs de refend (minimum 1,2 m (48 po) de long).

 (A) 

 (B)

 (C)

Les bâtiments de petites tailles, de formes régulières peuvent s’en tenir aux revêtements traditionnels en guise de contreventement puisque leur format et leur mode de fixation sont suffisamment contribuants.

Attention aux bâtiments qui sont :

  • De formes irrégulières ou en saillie.
  • Érigés dans une zone propice à des vents forts, à des séismes ou poussées sismiques (Annexe C, CCQ, Ch. 1).
  • En hauteur, le nombre d’étages multiplie le besoin de contreventements en raison des mouvements oscillants.

À la sous-section 9.23.13. du CCQ, Ch. 1, nous retrouvons les exigences applicables aux écharpes, aux bandes murales contreventées et aux panneaux muraux contreventés. Pour les murs de refend, voir l’article 9.20.11.3.

Les bâtiments multiétages requièrent une configuration (patron) appelée bande murale contreventée qui considère par calcul la contribution de certains matériaux appliqués de façon linéaire et continue verticalement et horizontalement dans un bâtiment.

Des murs ou sections de murs peuvent interagir et servir de panneau mural contreventé (D) ou de mur de refend (D). Leurs fonctions à l’intérieur d’une bande murale contreventée sont de contrer le glissement, le soulèvement et le renversement et ce, par l’ajout de plaques ou panneaux contreventant, des tiges et ancrages métalliques liant planchers, murs et toiture. Selon la norme CSA O86-14 Règles de calcul des charpentes de bois, chaque segment de mur de refend doit respecter un ratio hauteur/longueur maximal de 3,5 : 1 et il est préférable de l’appliquer sur la hauteur totale du bâtiment.

 (D)

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