Protection des câbles électriques dissimulés

Protection des câbles électriques dissimulés
Paul Demers
Paul Demers
Chroniqueur Technique

Travailler à l’aveugle ne fait pas partie des bonnes pratiques bien sûr. Mais bien des ouvrages dissimulés dans les planchers, murs et plafonds des bâtiments peuvent prédisposer des risques à court, moyen et long terme. Voici un scénario d’exemple classique : pour placer un cadre sur un mur en guise de décoration, une personne incère une vis dans le mur et atteint un câble électrique dissimulé derrière la surface de finition en gypse. Les conséquences peuvent être multiples. Dans cet article nous ferons un survol de certaines règles et attentions à mettre en pratique pour s’éloigner des risques concernant les câbles électriques dissimulés dans les charpentes qui nous entourent.

Sur qui misons nous

Les intervenants principaux sont bien sûr les entrepreneurs électriciens et les entrepreneurs généraux qui doivent de pair encadrer la mise en place sécuritaire et fonctionnelle des réseaux internes des bâtiments. De plus, la collaboration de tous les intervenants de la construction doit être mis à contribution dans un souci de respect des installations exercées par des corps de métier complémentaires.

Obligations

Un câble sous gaine non métallique dissimulé dans une cavité quelconque, revêtu d’un matériau du côté intérieur et/ou extérieur doit être libre de mouvement pour pouvoir esquiver les fixations mécaniques comme les clous et les vis. La gaine d’un tel câble doit être maintenue à une distance minimum de 32mm (1¼ po) de l’arrière face (face cachée) d’un parement ou revêtement et également des plinthes ou moulures utilisées sur les surfaces de finition. De plus, entre 1 m et 2 m du plancher dans un logement, en plus de devoir respecter le 32 mm, les câbles doivent être en position verticale, sauf exceptions, de l’arrière des espaces prévus pour les armoires et les comptoirs. Derrière ceux-ci, une course horizontale est donc permise dans l’espace entre 1 m et 2 m du plancher ainsi qu’en parties inférieure et supérieure de cette espace. On doit distancer dans tous les sens et/ou protéger les câbles adéquatement contre le poinçonnement des fixations mécaniques aux endroits à risques (CCQ Ch.5 électricité : #12-516).

Fautes potentielles lors d’exécution en chantier

 

ATTENTION : La distanciation, la liberté de mouvement et la protection pour les câbles dissimulés ne doivent pas être une priorité aveuglante brimant d’autres règles ou bonnes pratiques. L’intégrité de l’enveloppe du bâtiment par exemple, n’a pas à subire des contre-coups comme des pare-vapeurs déchirés et de l’isolant surcompressé qui pourraient réduire considérablement la performance énergétique d’un bâtiment.

Sur cette photo, un travail coopératif en amont entre l’entrepreneur en électricité et l’entrepreneur général, aurait pu permettre de planifier une solution mieux adaptée permettant un meilleur débattement ou mouvement des câbles en surface de l’isolant tout en favorisant une distanciation adéquate.

Solutions 


1- La distanciation: Pour atteindre la conformité, les premières stratégies peuvent être orientées sur la structure ou charpente de l’ouvrage en surdimensionnant les espaces libres, par exemple en modifiant l’épaisseur des cloisons en majorant le format des colombages ou fourrures, ou en ajoutant des fourrures en double rang d’épaisseur. De telles dispositions favorisent une liberté de mouvement et une distanciation du câblage pour éviter des perforations.
Précisons que de tels agencements doivent être fait en accord avec le propriétaire et/ou l’architecte du projet.

Attention : 

  • L’ajout d’un deuxième gypse en épaisseur ne constitue pas une conformité. Cela se comparerait à l’utilisation d’un gypse de 1 po d’épaisseur (ex. : ½ po+½ po). Il est important de considérer que l’espace libre requis est délimité par la surface du support structural (colombage ou fourrure) qui correspond à la face arrière du parement (gypse).
  • L’utilisation de câbles armés dans les endroits dissimulés est une solution de protection supplémentaire. Pour être conforme, on doit les disposer à une distance minimale de 32 mm de l’arrière face du revêtement ou les protéger de l’endommagement mécanique de clous, vis ou autres
    (CCQ Ch.5 électricité : #12-616).

Par sa structure physique, une armure de fils en acier sous gaine offre une grande résistance à la traction, mais une protection mécanique moindre qu’une armure articulée en ce qui a trait à la perforation (CCQ Ch.5 électricité : #12-602).

Exemple : armure métallique articulée classique.

 Exemple : Armure en acier (SWA), sous gaine de PVC.  

 

Traduction 

Solid or stranded : solide ou en tiges
Bare Copper Conductor : Conducteurs en cuivre
PVC Inner Sheath : Gaine interne en PVC
PVC Outer Sheath : Gaine externe en PVC
PVC Insulation : Isolant en PVC
Steel Wire Armoured : Armure en acier    

 

  • Distinction pour le câblage sous un pontage (platelage) métallique de toiture : la distance doit être de 38 mm minimum entre la sous face du pontage et le câble ou protéger le câble dans un conduit métallique rigide conforme (CCQ Ch.5 électricité : #12-022).
  • L’expression, câble libre de mouvement, considère un minimum de points de fixation. Un câble doit être retenu par des brides avec crans d’arrêt, ou autres dispositifs situés à moins de 300 mm de chaque boîte ou garniture et retenu à des intervalles maximum de 1,5 m sur toute la longueur (CCQ Ch.5 électricité : #12-510).

 2- La protection : L’utilisation de plaques mécaniques à plat (A), de plaques mécaniques convexes (B) ou de tubes métalliques (douilles) (C), certifiés pour la protection contre l’endommagement mécanique sont des méthodes facilement praticables dans les situations où on ne peut respecter le 32 mm de distanciation
(CCQ Ch.#5 électricité #12-514, #12-516, #12-602, #12-616).  

 

Notons que l’utilisation de manchons tubulaires (douilles), implique une protection prolongée de 32 mm minimum de chaque côté de l’élément perforé. 

Situations à risques 

Dans certains cas, 32 mm peut sembler être largement sécuritaire, mais n’oublions pas que nos charpentes sont constituées massivement de clous, vis et agrafes de plus de 50 mm de longueur. Il y a donc là multiple situations risquées. Voici quelques exemples.

  • La longueur des fixations mécaniques des supports de revêtements de sol, les revêtements muraux intermédiaires et les supports de couverture doivent varier entre 28 mm et 63 mm selon le cas. (CCQ Ch.#1 bâtiment #9.23.3.5.). Pour imager, une fixation de 63 mm traversant un panneau de 12,7mm (½ po) d’épais, permet un enfoncement supplémentaire de 50,3 mm (±2 po) derrière le panneau. Cette situation est à risque d’enfoncement mécanique dans du câblage électrique.
  • Le diamètre d’un trou pratiqué dans une solive ne doit pas être supérieur à 25 % de la hauteur de la solive et être positionné à une distance d’au moins 50 mm de la rive. Sauf si la hauteur de la solive a ét majorée d’une dimension au moins égale à celle du diamètre du trou. (CCQ Ch.#1 bâtiment #9.23.5.1. 1) ).
    Par exemple, une solive de courte portée requise en 38 x140 (2 pox6 po), mais installée en 38 x 235 (2 pox10 po) par choix, pourrait permettre de pratiquer un trou pour le câblage très près de la rive basse de la solive. Donc, attention à sauvegarder la distanciation (32 mm) pour les câbles électriques.
  • Sur un mur, les sections de bibliothèque ou d’armoires de cuisine ne portant pas au sol exigent des fixations mécaniques de grand format. Il y a là une stratégie de protection des câbles importante à déployer.

Usage interdit 

  • Un câbles noyé dans le plâtre, le ciment ou un autre matériaux de finition, est considéré comme un usage interdit. (CCQ Ch.#5 électricité #12-512).
  • Il est interdit d’installer du câble armé dans l’espace dissimulé d’un pontage (platelage) d’acier pour toiture(Ch.5 électricité : #12-616).

  • En conséquence d’une réparation de conducteurs, à la suite  d’un enfoncement mécanique dans un câble, Il est interdit de dissimuler des boîtes de jonctions. Les joints des fils et des câbles doivent être accessibles (CCQ Ch.#5 électricité #12-112).

Sensibilisation

Tous les corps de métier de la construction doivent s'unir à mettre en place des rituels de vérification et d'inspection entre les interventions d’entrepreneurs de différentes spécialités pour s'assurer que les bonnes pratiques préventives sont mises en place et le demeure. Cela peut être le bon fil conducteur pour diminuer les risques d'électrisation, d'incendies et du même coup, des pertes de vies.

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