Quels sont les avantages liés à la valorisation de vos matières CRD ?

Maryanne Cliche
Maryanne Cliche
Chroniqueur Actualités

Lors d’un entretien avec Gilles Bernardin, président, Sarah Émmanuelle Dubois, responsable du comité communications et partenariats et Ginette Pellerin, directrice générale du Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec (3R MCDQ), nous avons découvert les secrets les mieux gardés du regroupement et surtout les avantages concrets associés à la valorisation des matières issues des activités de la construction.

Gilles Bernardin
Gilles Bernardin, Président du 3R MCDQ

Pouvez-vous nous décrire brièvement le 3R MCDQ ?

Le 3R MCDQ est l'association reconnue d'intervenants du secteur de la récupération et du recyclage de matériaux secs au Québec et a été créé en 1997 par un regroupement d’entrepreneurs œuvrant dans le secteur des CRD en réponse à la création d’un nouveau site d’enfouissement prévu dans l’ouest de Montréal.

Les 250 membres du regroupement œuvrent partout à travers la province de Québec, la moitié de ceux-ci sont activement impliqués dans la récupération, le recyclage et la valorisation de matériaux et la seconde moitié des membres représentent plutôt des organismes collaborateurs tels que des villes, des professionnels de l’industrie et des organismes associatifs par exemple.


Les principaux clients de vos membres sont les entreprises de construction, de rénovation et de démolition. Concrètement quels sont les avantages pour ceux-ci de faire affaire avec un récupérateur ou un recycleur de matériaux ?

Les avantages concrets sont les économies estimées à 21 $/tonne générées en faisant transiger ses matières par un centre de tri plutôt que par un site d’enfouissement. Puisque ces derniers exigent des frais de redevance de 21 $/tonne en plus des frais exigés à l’accueil des matériaux qui varient selon les régions et les exploitants entre 50-70 $/tonne alors que les centres de tri n’exigent que les frais d’accueil. Mis à part les avantages au niveau économique, il est intéressant de souligner que les centres de tri visent à donner une deuxième vie aux matériaux en les réintégrant à l’économie et permettent ainsi de réduire l’impact écologique et social des entreprises génératrices de matières résiduelles. Enfin, dans le cadre des projets LEED, il est avantageux de faire affaire avec un centre de tri puisque celui-ci favorise l’obtention de points dans différentes catégories de crédits.


Selon vous, quel sera l’impact de la nouvelle réglementation visant à éliminer progressivement l’enfouissement du bois au Québec sur l’industrie de la construction ?

Nous ne prévoyons pas beaucoup de changement à court et moyen terme pour les entrepreneurs. Toutefois, à notre grand bonheur, la conséquence indirecte de la réglementation sera probablement l’élargissement et l’augmentation des matières qui seront triées puisque les conteneurs contenant du bois devront atterrir aux centres de tri et que tant qu’à avoir les mains dedans, il vaudra mieux trier les autres matières aussi. En somme, le bois sera probablement un catalyseur pour le tri d’autres matières qui ne sont pas nécessairement visées par la réglementation.


Quant aux projets LEED, un des crédits possibles pour l’obtention de la certification est directement lié à la gestion des résidus de construction. Savez-vous si l’envoi des matières à un centre de tri peut contribuer à l’obtention de ce crédit ?

Absolument, puisque les centres de tri fournissent un rapport qui atteste des caractéristiques des matières récoltées pour ceux qui travaillent sur des projets LEED afin de se conformer aux exigences de la certification. De plus, ce crédit est intéressant pour les entrepreneurs qui travaillent sur des chantiers visant la certification LEED (version 2009) puisqu’il est assez facile à obtenir comparativement à d’autres.


Selon vous, est-ce la fin annoncée des sites d’enfouissement au Québec ? Et à l’heure actuelle, quelles sont les solutions de rechange possibles aux centres d’enfouissement ?

Il existera probablement toujours des sites d’enfouissement afin de répondre à la demande des matières problématiques par exemple celles qui sont difficiles à ségréguer comme les matériaux contaminés. Par contre, la bonne nouvelle est que le potentiel de valorisation énergétique des matières actuellement vouées à l’enfouissement est très intéressant et non négligeable !


Enfin, si vous aviez un message à faire passer au sein de l’industrie de la construction, quel serait-il ?

Nous souhaitons rassurer les entrepreneurs qu’il existe déjà un solide réseau d’entreprises se spécialisant dans le recyclage et la récupération des matériaux issus de la construction de la rénovation et de la démolition/déconstruction sur lequel ils peuvent compter pour les informer et les épauler pour les problématiques liées à la conformité ainsi qu’aux nouvelles réglementations en ce sens. Enfin, ce réseau vous invite à briser les silos entre nos industries et à travailler de concert afin de trouver des solutions innovantes à des problématiques communes.

« Le 3R MCDQ est le plus grand secret en ville. »
Jacques Nantel dans le cadre du 18e congrès du 3R MCDQ, les 18 et 19 février 2015 au Centrexpo à Drummondville.

SAVIEZ-VOUS QUE...
  • À l’heure actuelle les solutions de rechange à l’enfouissement sont nombreuses :
    • Les centres de tri
    • Le tri in situ
    • Les écocentres
    • Le réemploi
    • La revente
    • La valorisation énergétique
  • Le premier groupe de travail du regroupement portait sur la valorisation du béton et des agrégats et que celui-ci conduit à la diffusion d’une norme BNQ encadrant les standards de récupération de ces matières ?
  • Actuellement deux comités de travail œuvrent sur la valorisation du bois et du gypse au sein du 3RMCDQ.

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