Infrastructures : un enjeu d’expertise plus que de financement

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Photos: Sylvain Légaré
Pierre Anctil, de Axium Infrastructure, Macky Tall, de CDPQ Infra et Mark Romoff, du Conseil canadien pour les partenariats public-privé ont répondu aux questions du modérateur Pierre Lefebvre, lors d’un récent panel sur le développement des infrastructures au Canada devant les membres du Cercle canadien.

Au Canada et partout dans le monde, les besoins en infrastructures sont immenses. La croissance de la population conjuguée à des décennies de sous-investissement font que des milliards de dollars devront être investis au cours des prochaines années en projets de tous genres (transport en commun, infrastructures routières, hôpitaux, écoles, etc.). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le financement n’est pas forcément le principal enjeu de réalisation.

« Ce qui nous empêche de dormir, c’est plutôt de trouver l’expertise nécessaire à l’exécution des projets », affirme Macky Tall, premier vice-président, Infrastructures, Caisse de dépôt et placement du Québec et président et chef de la direction de CDPQ Infra.

Il y a que « les besoins sont souvent dans des municipalités qui manquent de ressources et de compétences nécessaires à la mise en œuvre des travaux d’infrastructures », explique Pierre Anctil, président et chef de la direction d’Axium Infrastructure. En plus de fournir les capitaux à ces localités, il faut aussi s’assurer que l’expertise soit en place. »

Les deux experts participaient à un panel devant les membres du Cercle canadien le 5 juin dernier en compagnie de Mark Romoff, président et chef de la direction du Conseil canadien pour les partenariats public-privé.

La complexité des projets oblige à recruter les meilleurs experts à l’échelle mondiale. Et ils ne sont pas toujours faciles à trouver. « Il nous a fallu plus d’un an pour trouver les talents dont nous avions besoin pour le projet du REM [Réseau électrique métropolitain] », raconte M. Tall. De là l’importance pour l’industrie de la construction de miser sur le développement des compétences pour rester concurrentielle sur les marchés national et international.

« Le meilleur investissement que l’on peut faire, c’est dans la formation, soutient M. Anctil. C’est un investissement qui profite à long terme. »

Mark Romoff souhaite pour sa part qu’il y ait plus de femmes dans les équipes liées aux projets d’infrastructures. « Il faut une diversité dans la force de travail », explique-t-il. Les femmes apportent un nouveau discours, de nouvelles façons de faire qui profitent aux équipes, selon lui.

Des investissements de 180 G$

Au Canada, c’est plus de 180 G$ qui seront investis dans les projets d’infrastructures au cours des prochaines années pour le transport en commun, les infrastructures vertes, les infrastructures sociales, les infrastructures du commerce et du transport, et les collectivités rurales et nordiques. La nouvelle Banque de l’infrastructure du Canada, qui est dotée d’un budget de 35 G$, agira comme catalyseur pour financer et soutenir les municipalités et autres donneurs d’ouvrage dans l’élaboration et l’exécution des projets.

Selon Macky Tall, les projets les plus porteurs seront ceux qui apporteront des bénéfices dépassant les emplois créés durant la période de construction. « Chaque dollar investi dans les projets de transport collectif améliore la qualité de vie de la population et a un impact positif récurrent sur l’activité économique », donne-t-il en exemple. Il rappelle qu’à Montréal, le coût de la congestion routière est évalué à 2 G$ par année. Elle entraîne une perte de productivité des travailleurs, du retard dans le transport des marchandises, sans compter son impact environnemental.

Des projets comme le REM dans lequel investit la CDP sont intéressants pour les investisseurs. « C’est une classe d’actifs qui répond bien aux besoins des actionnaires. Ils génèrent des rendements stables et prévisibles à long terme », explique M. Tall. Avec sa filiale CDP Infra, la Caisse investit dans plusieurs projets d’infrastructures publiques à l’étranger, notamment en Australie, en France, en Angleterre et en Hongrie.

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