Les femmes dans la construction

Entrevue avec Julie Miville-Dechêne

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Le Conseil du statut de la femme a réalisé une étude sur la place des femmes dans l'industrie de la construction. Nous avons rencontré la présidente du Conseil du statut de la femme (CSF), Madame Julie Miville-Dechêne.

Les conclusions de cette étude sont déconcertantes : le Québec occupe le dernier rang, au Canada, quant au pourcentage de femmes sur les chantiers. Des décisions doivent donc être prises pour renverser la vapeur et faciliter leur intégration dans une industrie dominée par les hommes.

Il y a des gens qui se sentent menacés par nos idées et nous voulons discuter avec des représentants de l'industrie pour voir le degré d'ouverture des individus envers un changement sociétal, a dit Mme Miville-Dechêne pour parler de sa présence au siège social de l'ACQ. C'est un bon signe de voir une association patronale comme la vôtre être proactive lorsqu'il est question d'embaucher des femmes dans l'industrie de la construction. » Elle est donc venue tâter le terrain et elle a été agréablement surprise par l'invitation de l'ACQ de discuter de ce sujet cet automne à l'occasion de son Congrès annuel. « Il faut changer les mentalités pour que les femmes soient les bienvenues sur les chantiers et détruire un certain nombre de mythes. »

« Il faut changer les mentalités pour que les femmes soient les bienvenues sur les chantiers et détruire un certain nombre de mythes. »

UNE PLACE AUX FEMMES

Madame Miville-Dechêne reconnaît que la situation actuelle est favorable aux changements. L'industrie de la construction fait face à des problèmes de réputation et la présence de femmes sur les chantiers aurait pour effet d'améliorer le climat de travail. De plus, elle est convaincue que la mise en place du Service de référence de la main-d'œuvre dans l'industrie de la construction va également faciliter l'intégration des femmes puisque la centralisation des données va permettre de mesurer les progrès. Mais malgré cette conjoncture propice, le Conseil du statut de la femme, qui a publié en mars dernier un avis sur la mixité en chantier, aimerait bien que deux de ses recommandations fassent un bon bout de chemin : l'objectif de 3 % et une pénalité aux entrepreneurs qui n'embaucheraient pas assez de femmes. « Pour nous, ce pourcentage est très modeste et on aimerait dire aux entrepreneurs qu'ils seraient obligés d'embaucher des femmes pour postuler à des contrats publics. »

On ne peut passer sous silence une certaine résistance parce qu'on entend des hommes dire qu'ils devront travailler plus fort avec des collègues féminines. « Nous entrons dans un bastion masculin et les stéréotypes sont persistants, comme celui de la force physique. » Pour la porte-parole du CSF, un tel argument a de moins en moins de poids avec l'informatisation de la machinerie. « C'est pourquoi nous répétons qu'à compétences égales, les entrepreneurs devraient embaucher des femmes et elles devraient avoir autant de chances que les hommes de trouver un emploi dans ce secteur. En agissant de la sorte, l'industrie de la construction montrerait ses efforts pour se diversifier. » L'équipe de recherche du CSF a pu constater par elle-même, en recueillant des témoignages pour son avis sur la mixité en chantier, que des travailleurs masculins n'utilisaient plus comme autrefois des foreuses pneumatiques (jack leg drill) pour creuser les parois rocheuses au chantier de La Romaine.

UNE RESPONSABILITÉ PARTAGÉE

Si les employeurs ont leur mot à dire puisque ce sont eux qui prennent la décision d'embaucher ou non des femmes, les représentants des associations syndicales peuvent aussi faire changer les choses. « Ceux-ci doivent être alertes et ne jamais tolérer de comportements sexistes sur les chantiers. »

Durant sa carrière de journaliste qui a duré une trentaine d'années, Julie Miville-Dechêne avoue qu'elle a toujours eu un petit faible pour les questions touchant la vie des femmes. Lorsqu'on lui a offert ce poste de présidente du Conseil du statut de la femme, elle s'est dit que ça rejoignait plusieurs de ses forces : « Je savais que j'étais capable de communiquer un message et que je pourrais porter une cause, ce que je n'avais jamais fait. » Elle est bien consciente que ce sont des changements importants et nécessaires qui sont proposés. « Notre rapport a été bien accueilli et il nous reste maintenant à faire connaître nos recommandations. Nous voulons nous assurer que les femmes peuvent survivre sur les chantiers. »

Documents à consulter :

Une mixité en chantier Les femmes dans les métiers de la construction - Conseil du statut de la femme
Programme d'accès à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction (PAEF) - CCQ
L'intégration des femmes dans les métiers de la construction : une responsabilité partagée  - Centre d'intégration au marché de l'emploi - CIME
Les femmes dans la construction - Symposium sur la présence de femmes dans la construction - Rapport -  Conseil sectoriel de la construction devenu ConstruForce Canada en 2013.

 

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