Les femmes aussi sont capables !

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Petite, souriante et dynamique, Sonia Lysiak-Gravel semble dans son élément sur le site du siège social de l’ACQ Provinciale alors que des travaux de réaménagement des locaux sont en cours.

Pourtant, son père, mécanicien, ne lui conseillait pas de travailler dans un milieu d’hommes. « J’ai la tête dure et comme il ne voulait pas que je sois mécanicienne, j’ai choisi un autre métier traditionnellement masculin », dit Sonia avec un sourire en coin.

Ne sachant pas vers quel métier se tourner, elle s’est renseignée sur les divers métiers de la construction en prenant en compte ses forces et ses goûts. « Il faut être réaliste : je ne me sens pas capable de poser des briques ou de soulever de lourds panneaux de plâtre toute la journée. Par contre, je suis très minutieuse, j’aime le travail bien fait et je suis patiente, alors j’ai tout de suite vu que le métier de tireuse de joints était pour moi. »

Après sa formation à l’École des métiers de la construction de Montréal (EMCM), en 2005, elle se met à travailler sur différents chantiers de construction. « Au début, j’étais toute petite et pas musclée du tout, il a fallu que je travaille fort pour développer mes muscles pour pouvoir poser du plâtre sur un plafond, ça m’a pris presque un an ! », souligne-t-elle.

Après 13 ans dans le milieu, elle est fière de mentionner que son frère a été son apprenti dernièrement et qu’il a maintenant 6 mois d’expérience.

Un changement de mentalité

Sonia Lysiak-Gravel ne cache pas qu’il a fallu qu’elle fasse sa place à force de persévérance. « Ce n’est pas un milieu facile. Beaucoup encore ont une ancienne mentalité et se disent que les femmes ne sont pas à leur place sur les chantiers, dit-elle. Heureusement, les mentalités sont en train de changer. Ce que je vois maintenant, c’est que les hommes cherchent plus à t’aider qu’à te harceler ou à te ridiculiser. »

« Bien sûr, il m’est arrivé qu’un gars pose un geste inapproprié, mais l’entrepreneur général qui était présent sur le chantier lui a tout de suite dit d’arrêter, que cela ne se faisait pas. Ce que j’ai beaucoup apprécié. »

« Ce qui fait peur aux entrepreneurs dans le fait d’engager des femmes, c’est qu’ils sont sûrs qu’elles vont partir en congé de maternité et qu’ils devront en subir les conséquences. Certains disent aussi qu’unefemme, juste par sa présence, va déranger les travailleurs qui seront portés à aller lui parler plutôt que de travailler. D’autres pensent tout simplement que les femmes ne sont pas capables de faire le travail. Il faut qu’ils arrêtent de penser ça, car elles le sont ! », continue-t-elle.

Son patron, Stéphane Leclerc, est ouvert à engager des femmes, dit-elle. « Selon lui, cela change la dynamique des équipes dans le bon sens. » À l’heure actuelle, quatre femmes travaillent pour cette entreprise d’une quarantaine d’employés.

Comment convaincre d'autres femmes

Mme Lysiak-Gravel déplore que le Programme d’accès aux femmes (PAEF) mis sur pied par la Commission de la construction du Québec (CCQ) ne soit pas très connu des entrepreneurs. « J’ai moi-même parlé de ce programme à un de mes patrons pour l’inciter à engager une autre femme dans son entreprise. Les entrepreneurs n’ont pas le temps de chercher ce genre d’incitatif, ilsvont aller au plus vite et engager un homme mparce que ça leur paraît plus simple. »

« Il faut aussi être consciente que quand on travaille dans un monde majoritairement masculin, il faut que tu prennes ta place en gagnant le respect de tes confrères. Pour cela, tu dois démontrer ton efficacité, ta fiabilité et ta persévérance. »

Son modèle : sa grand-mère. « Ce n’est pas une héroïne, mais juste le fait qu’elle soit partie de Belgique seule avec trois enfants, qu’elle ait immigré ici et qu’elle soit arrivée toute seule à atteindre ses buts me démontre que si tu persévères, tu peux tout faire ! », conclut-elle.

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