La pénurie de main-d'œuvre en construction en chiffres

La pénurie de main-d'œuvre en construction en chiffres
Jean-Philippe Cliche
Jean-Philippe Cliche
Chroniqueur Actualités

En 2019, nous aurions eu besoin de 25 301 travailleurs supplémentaires afin de répondre à la demande de main-d’œuvre. De plus, si la tendance des dernières années se maintient, il manquera près de
17 500 travailleurs en 2023, et 23 600 travailleurs en 2028.

Nul doute, le sujet de la pénurie de main-d’œuvre a fait couler énormément d’encre au Québec ces derniers temps. En fait, presque tous les secteurs de l’économie ont été touchés par ce phénomène, incluant l’industrie de la construction. Dans cette industrie, la croissance fulgurante des heures travaillées a certainement exacerbé les enjeux de main-d’œuvre, alors que près de 40 millions d’heures supplémentaires seront travaillées en 2019 par rapport à quatre ans plus tôt. Le tableau ci-dessous illustre l’évolution des heures prévues entre 2015 et 2028.

Tel que l’on peut le constater, nous ne prévoyons pas de retour vers les niveaux d’heures plus faibles qui ont eu lieu en 2015. En fait, nous prévoyons que d’un sommet inégalé auparavant de 180 151 384 heures travaillées en 2019, le niveau d’activité de l’industrie diminuera légèrement entre 2020 et 2022, pour ensuite remonter constamment jusqu’en 2028. Ce scénario tient compte du fait que les investissements gouvernementaux, autant fédéraux que provinciaux et municipaux, seront au rendez-vous lors des 10 prochaines années. Ceci est fort plausible, puisque leurs plans d’infrastructures à long terme indiquent tous une tendance haussière de leurs investissements.

Devant ces résultats, une question se pose : aurons-nous de la main-d’œuvre en nombre suffisant afin de répondre à la demande au cours des 10 prochaines années ? C’est la question à laquelle nous avons tenté de répondre en effectuant une analyse prospective de la main-d’œuvre en partenariat avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton1.

Les constats sont clairs : il y a un manque de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction au Québec, et si rien n’est fait, la pénurie actuelle perdurera lors des 10 prochaines années. Les manques se feront particulièrement sentir dans les métiers comme les briqueteurs-maçons, les grutiers, les mécaniciens d’ascenseurs, les monteurs-assembleurs, les poseurs de revêtements souples, les poseurs de systèmes intérieurs, les plâtriers et les soudeurs.

Heures travaillées en construction au Québec 
 Année Génie civil et voirie Industriel Institutionnel et commercial Résidentiel Total
2015 26 272 278 10 178 594 77 367 292 26 551 954 140 370 118
2019 36 599 024 11 923 975 99 299 517 32 328 868 180 151 384
2023 35 104 767 11 861 048 102 164 022 25 740 836 174 870 674
2028 36 774 499 11 289 186 113 907 537 20 359 718 182 330 940

Source : CCQ et prévision RCGT

Au final, selon les prévisions actuelles, nous estimons que nous aurions eu besoin de 25 301 travailleurs supplémentaires afin de répondre à la demande de main-d’œuvre en 2019, ce qui représente plus de 15 % de travailleurs supplémentaires. De plus, si la tendance des dernières années se maintient, il manquera près de 17 500 travailleurs en 2023, et 23 600 travailleurs en 2028. Ceci est inquiétant pour l’industrie, surtout lorsque nous savons que la population active décroît au Québec, et que les métiers de la construction sont de plus en plus délaissés par les jeunes d’aujourd’hui, qui leur préfèrent souvent des métiers qui nécessitent des études collégiales ou universitaires.

Heureusement, il existe des solutions2 pour faire face à ce défi. En premier lieu, il sera important de revaloriser les métiers de la construction auprès des jeunes, ainsi qu’auprès de leurs parents, qui influencent leur choix de carrière. De plus, l’utilisation des technologies et des nouvelles techniques de production pourrait certainement permettre d’améliorer la productivité en chantier, et atténuer les effets de la pénurie de la main-d’œuvre. Le virage technologique devient donc un incontournable pour le futur de l’industrie. Des efforts de révisons du cadre normatif de la loi R-20 ainsi qu’une révision des juridictions de métiers pourraient aussi atténuer les effets du manque d’effectifs en chantier.

1 Pour consulter les résultats de l'étude, visitez acq.org.
2 Visitez acq.org pour des conseils afin de contrer la pénurie de main-d'oeuvre.

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