En 2019, René Villemure, éthicien de renommée internationale, a publié L’éthique pour tous ... même vous ! Petit traité pour mieux vivre ensemble1. Voici quelques extraits spécialement choisis pour nos lecteurs.
Il importe d’abord de savoir que l’éthique n’est pas un sujet nouveau et qu’elle n’a pas surgi au cours des dernières années; les philosophes grecs lui ont d’ailleurs consacré de nombreux et de volumineux traités.
Lorsque nous nous trouvons en situation de litige, notre premier réflexe est souvent de se demander : est-ce légal ? La question est fort importante et a un lien direct avec l’éthique. Toutefois, cette question ne saurait être la seule à se poser. Quelle que soit la réponse à cette question, il ne faut pas oublier de poursuivre la réflexion et se demander, même si c’est légal : est-ce juste ?
La distinction entre ces deux concepts, qui se complètent, est que le légal est juste en général, tandis que l’éthique sera juste dans les circonstances, notamment lorsqu’aucune règle ou loi n’existe pour baliser la situation. Par exemple, même si la loi interdit le meurtre (en général), on pourra trouver acceptable la légitime défense (dans certains cas particuliers).
Malheureusement, on évoque plus fréquemment les manquements à l’éthique que l’éthique elle-même. On voit souvent l’éthique comme un remède alors qu’elle devrait plutôt être comprise en amont comme étant un art de vivre, de gouverner et de guider tant dans nos relations les uns avec les autres que la conduite des affaires. Pour l’illustrer au moyen d’une métaphore médicale, disons que l’éthique consiste en la connaissance de ce qu’est la santé et non pas en la connaissance du remède à un mal quelconque.
L’éthique exige la confiance, qui en est le ciment. La confiance est une valeur fondamentale qui consiste à déléguer notre avenir à quelqu’un d’autre. La confiance, bien qu’invisible, a des effets bien réels. Elle répond à la question : « Pourquoi tiendrais-je demain une promesse faite aujourd’hui ? » Parce que je veux qu’on ait confiance en moi, parce que je suis digne de confiance.
On ne peut d’ailleurs parler d’éthique sans parler de valeurs organisationnelles, car celles-ci constituent le fondement, même la raison ultime, sur lequel une prise de décision doit s’appuyer. Les valeurs, en matière d’éthique, deviennent le critère de « ce à quoi on tient ».
En résumé
Contrairement à la croyance populaire, l’éthique ne sert pas qu’à surveiller et à punir, elle est également soucieuse du Juste dans les circonstances. Plutôt que de surveiller, de dénoncer et de punir, l’éthique doit inspirer une conduite juste. Car bien au-delà des règles, l’éthique, c’est l’art de Bien vivre ensemble.
L'éthique, c'est :
- Vouloir comprendre avant d’agir;
- Faire la bonne action même si personne ne regarde;
- Faire la bonne action même si aucune loi ne nous y oblige;
- Un peu moins de soi et un peu plus des autres (penser collectivement);
- Réfléchir plutôt que simplement chercher une règle à suivre…
- Le principal ennemi de l’éthique est le détournement du regard;
- L’éthique peut faire peur, car elle est un pari sur les gens plutôt que sur les règles;
- L’éthique n’a que faire de l’intention, c’est l’action accomplie qui compte;
- L’éthique est utile : elle vise à déterminer le Juste au-delà du légal.
LE SAVIEZ-VOUS?
Selon l’indice de perception de la corruption (IPC) publié par Transparency International en janvier 2020, le Canada a malheureusement glissé du 8e au 12e rang dans le classement des pays les moins corrompus.
1. Cet article est formé d’extraits du livre de M. René Villemure (2019), éthicien, L’éthique pour tous… même vous ! Petit traité pour mieux vivre ensemble, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 211 pages.
