L’engouement pour la construction d’habitations certifiées LEED est notable. Le phénomène particulièrement observé au Québec plus qu’en Ontario ou dans l’Ouest du pays surprend néanmoins. Des frais d’énergie (électricité) largement plus bas au Québec que dans plusieurs autres provinces canadiennes auraient dû manifestement dérouter la tendance. Quelle est donc la source de cet éveil québécois ? Qu’est-ce qui motive les promoteurs et les entrepreneurs à s’engager dans de tels projets, au demeurant plus coûteux ? Enfin, qu’est-ce qui pousse les acheteurs potentiels à cibler et à acquérir ces unités ? Des spécialistes expliquent.
Le Québec est devenu, en 2014, le chef de file LEED® habitations au Canada. En effet, l’an dernier en février, le Québec a certifié le plus grand nombre d’unités résidentielles, comptabilisant 787 propriétés, devançant par 31 unités l’Ontario qui en comptait 676. L’écart est encore plus prononcé lorsqu’on observe le nombre d’unités certifiées par 100 000 habitants. Il est de 8,7 au Québec, comparativement à 5,0 pour l’Ontario qui a pratiquement 5 millions de plus d’habitants que la Belle Province. L’avance que le Québec détient dans ce segment sur le reste du pays est d’autant plus remarquable que la culture et la conscience environnementales sont vraisemblablement plus développées en Colombie-Britannique, où l’on n’a enregistré que 153 unités certifiées à pareille date. Or, entre 2011 et 2013, on sentait déjà la progression du Québec à cet égard puisque le nombre de mises en chantier d’unités certifiées LEED habitations témoignait d’une augmentation de 1 435 %, passant de 31 à 476 unités certifiées. Un bond prodigieux.
La philosophie LEED
Les avantages que peuvent tirer à la fois les constructeurs et les acheteurs d’une unité certifiée LEED habitations dépeignent les motifs de cet engouement. «Leadership in Energy and Environmental Design (LEED), signifiant en français Leadership en design environnemental et énergétique, est en fait une philosophie proposant une construction plus responsable et des idées d’aménagement bénéfiques pour l’environnement au sens propre et figuré. Une pratique qui, du coup, vise la réduction de l’empreinte carbone.
De cette philosophie qui encadre le bâtiment durable, résulte une habitation de plus grande qualité et moins énergivore, confortable tout en étant chauffée, éclairée et climatisée à moindre coût, plus étanche aux vents et aux intempéries et mieux assemblée. Ce produit d’ensemble permet de réduire considérablement les frais d’entretien normaux encourus par l’acheteur sur un horizon de dix ans, comparativement à des investissements d’entretiens prévisibles après seulement cinq ans pour une construction traditionnelle. Ces attributs évitent aussi au promoteur d’avoir à exécuter à outrance des travaux liés à des appels ou à des suivis de service après-vente. Une situation qui épargne des soucis tant à l’acheteur qu’au constructeur, entraînant dans la foulée des économies.
Guy Saint-Jacques, vice-président Construction chez Sotramont, précise que depuis 2009 plusieurs projets certifiés LEED habitations et LEED Argent ont été lancés par l’entreprise en zones urbaines dans la région métropolitaine de Montréal. Parmi les projets en cours, le quartier Bois-Franc dans l’arrondissement Saint-Laurent résume l’expérience. Celui-ci propose avant tout des habitations qui visent les plus hautes normes de construction et une qualité de fabrication et d’assemblage jumelée à une conscience environnementale aiguisée, qui ont valu au constructeur maintes certifications LEED et Novoclimat au cours des récentes années. Définissant le projet, M. Saint-Jacques souligne l’emploi de matériaux à haut rendement faits de composants recyclés, des produits résistant mieux à l’usure du temps, comme les panneaux de fibrociment sous le carrelage des murs de douche, une enveloppe de bâtiment de grade supérieur, des isolants acoustiques plus efficaces et de grandes fenêtres ultras performantes qui s’inscrivent dans la philosophie LEED.
La quête de matériaux « fabriqués localement », comme des essences de bois provenant du Québec, obtenues dans un rayon de 800 kilomètres et issues de forêts gérées de manière écoresponsable (FSC), l’emploi de colles, peintures et vernis sans composés organiques volatils (COV) et le choix de cabinets d’armoires sans formaldéhyde constituent également de précieux points.
Une des caractéristiques d’un projet LEED habitations Certifié, un fenêtrage généreux et de haute qualité. Crédit : Sotramont
Sensibilisation et formation
Au cœur de cette stratégie, l’enseignement de règles de construction plus strictes menant à un mode d’exécution plus rigoureux et à un comportement vert est indispensable. « Nous formons pour ce faire toutes les équipes de chantier. Nous sensibilisons aussi les acheteurs d’unités à l’importance d’adopter un code de vie écoresponsable une fois la propriété livrée », poursuit M. Saint-Jacques.
Dans ce dessein, l’entreprise s’applique à réduire, réemployer, recycler et valoriser les matériaux de chantier. Ce qui implique de faire régulièrement l’inventaire des matériaux pouvant être réutilisés, destinés à un site de récupération ou à être envoyés au dépotoir. « À cette fin, des espaces bien identifiés, consacrés au tri des différents matériaux, sont établis sur le site. Ces dispositions permettent de savoir si le défi LEED a été réalisé. Cette action permet également de mettre le doigt sur des améliorations à apporter en matière de gestion des déchets. Un processus continu », souligne Guy Saint-Jacques.
Au-delà de la logistique matérielle, l’encadrement LEED règle le choix de l’emplacement des maisons ou, si vous préférez, de la sélection de l’endroit pour construire le quartier. « L’écoquartier Bois-Franc est donc conçu et planifié selon le concept américain TOD (Transit Oriented Development), qui marie des zones résidentielles aux zones commerciales de façon à favoriser l’utilisation des transports en commun, du vélo et du covoiturage, tout en conservant un pourcentage considérable d’espace vert et bleu », explique M. Saint-Jacques. Ces exigences réfèrent également à la présence de bornes de recharge pour véhicules électriques et ce quartier de Sotramont en compte plusieurs. « Elles encouragent l’achat de véhicules branchables. Une mesure qui incite nos clients friands d’écologie d’être mieux instruits sur le sujet et à passer à l’action », note-t-il.
Qui sont les acheteurs ?
Guy Saint-Jacques observe qu’un nombre grandissant d’acheteurs potentiels recherchent des habitations certifiées LEED. Il convient que ces habitations se vendent généralement plus rapidement qu’une unité traditionnelle. « Les visiteurs qui ne sont pas à l’affût de ce concept développent un intérêt marqué pour cet environnement dès qu’ils en découvrent l’esprit et les avantages. Ces habitations généralement de 45 % à 50 % moins coûteuses en frais d’énergie – la facture d’électricité le démontrant – constituent le premier facteur de convoitise. Les acheteurs sont prédisposés à payer le supplément issu du surcoût de construction pour cette valeur ajoutée », explique le porte-parole de Sotramont pour qui ces unités ne sont pas à ce point plus coûteuses qu’une habitation Novoclimat. « La demande pour des projets LEED Certifiés et Argent augmente. Aussi, nous construisons des habitations visant les certifications supérieures Or et Platine. »
Il existe quatre échelons de certifications LEED. Les deux premiers niveaux, Certifié et Argent, sont les plus populaires en Amérique du Nord dans le secteur de l’habitation. Ils concernent principalement les condos érigés dans des tours d’au plus 17 étages, et les maisons de villes ou maisons en rangée, des unités construites en milieu urbain. Ajoutons qu’au Québec 43 % des unités certifiées sont de niveau Or, 29 % sont Argent, 24 % Platine alors que seulement 4 % sont de niveau Certifié. « Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les constructeurs n’ont pas besoin d’être des professionnels de programmes LEED pour lancer un tel projet et le réussir », précise Emmanuel Cosgrove, directeur d’Écohabitation, un organisme à but non lucratif et d’Évaluations Écohabitation, entreprise Québec inc., l’unique fournisseur de services mandaté au Québec pour la gestion de la certification LEED® habitations. Il assure la jonction entre les promoteurs de projets et les organismes certificateurs que sont le Conseil du bâtiment durable du Canada (CBDCa) et l’United States Green Building Council (USGBC).
Évaluations Écohabitation offre un service d’accompagnement pour mener les projets d’habitations écologiques ou d’écoquartiers à la certification visée. « Concrètement, le promoteur, l’entrepreneur ou même un service municipal n’a pas besoin d’attitrer un professionnel au dossier. Nous encadrons la démarche et le procédé de certification en lui disant quoi faire et comment le faire. Puis, à chaque étape déterminée de la construction, notre équipe inspecte le travail sur le chantier. Cette évaluation est nécessaire à l’obtention de la certification LEED. L’entrepreneur ne paie que les frais d’inspection. S’asseoir avec Écohabitation est donc une étape obligatoire avant de lancer le projet. C’est un geste qui rapporte, car les habitations LEED restent moins longtemps sur le marché et se revendent plus chères que des maisons aux mêmes caractéristiques sans certificat démontrent des études américaines. Si vous êtes déjà Novoclimat, il n’y a qu’un petit pas à franchir. »
Coûts de construction LEED
Évaluations Écohabitation précise que le coût d’une accréditation LEED de niveau « certifié » équivaut à moins de 1 % du prix de construction d’une unité Novoclimat compris dans une tour de 6 étages de 50 unités résidentielles. « Ainsi, en estimant le coût de construction à 200 000 $ par unité, le supplément représente environ 72 000 $, c’est-à-dire 1 450 $ par unité. Dans le cas d’un bâtiment Novoclimat de 3 étages comprenant 6 unités résidentielles, le surcoût est de 1,4 %. En évaluant le coût de construction à 150 000 $ par unité, c’est 12 000 $ de surplus. Ce qui correspond à 2 000 $ par unité. Dans une construction de type unifamiliale, le supplément atteint 2 % », indique M. Cosgrove. Le surcoût sera légèrement plus élevé pour l’obtention d’un certificat LEED Argent.
À titre indicatif, dans le cas d’un édifice traditionnel de faible hauteur comprenant 6 unités, il faut prévoir environ 1 % de frais additionnels. « Moins, si le projet est plus volumineux», conclut Emmanuel Cosgrove qui conseille à tous les professionnels de la construction et du bâtiment en général de visiter la section LEED du site web d’Écohabitation – www.ecohabitation.com/leed – pour en connaître davantage.
- Compléter ce formulaire d’admissibilité;
- Obtenir un devis d’Évaluations Écohabitation;
- Monter l’équipe de conception/de travail et effectuer une évaluation préliminaire planifiée et coordonnée par Évaluations Écohabitation;
- Inscrire le projet au CBDCa;
- Effectuer la modélisation énergétique selon les plans;
- Faire l’inspection prégypse et le test d’infiltrométrie;
- Faire l’inspection finale;
- Monter le dossier pour la certification, ce qui comprend le plan de durabilité, les formulaires de responsabilité et la liste de vérification;
- Présenter et défendre le dossier au CBDCa;
- Obtenir la certification.