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Les femmes ne doivent pas se mettre de barrières

Association de la construction du Québec
Actualités de la construction

Annie Hurteau est ingénieure dans une entreprise de construction, Construction Gératek. Habituée à côtoyer un milieu d’hommes, elle s’est toujours sentie à l’aise dans ce monde. Bien accueillie, elle aimerait tout de même voir plus de femmes sur les chantiers. Une responsabilité des chefs d’entreprise notamment, mais aussi des femmes elles-mêmes.

Annie Hurteau, 44 ans, a toujours évolué dans un milieu d’hommes. Petite, son père avait un commerce de mécanique dans lequel elle a fait des jobs d’étudiante. « Je n’ai jamais fait la distinction entre un métier spécifique pour les hommes ou pour les femmes. J’allais dans le garage poser des questions aux mécaniciens et personne n’y voyait rien à redire. »

C’est ainsi que « très tôt, je ne me suis pas restreinte à un choix de métier  » pour femme  » », reconnaît Annie Hurteau. Pourtant, scolarisée dans une école secondaire pour filles, elle était dans un milieu exclusivement féminin. Mais ses parents n’ont mis aucune barrière et voyant que dès l’âge de 11 ans, elle s’intéressait aux plans de construction de la maison de ses parents « au point de faire des relevés et de la dessiner notre maison », ils lui ont parlé du métier d’ingénieur. Mais elle n’en connaissait rien. Difficile alors de se projeter dans ce métier.

Fascinée par le monde de la construction

Elle est donc plutôt partie faire des études en technique d’architecture au Cégep. « C’était déjà un milieu plutôt masculin. Lors du premier cours de construction… j’ai eu peur ! Le professeur était un entrepreneur en construction. Le physique typique… avec ses grosses bottes à cap d’acier pour donner le cours. Je ne comprenais rien de ce qu’il disait ! Mais j’écoutais et ça m’intéressait. On faisait aussi des cours de plomberie, d’électricité, de santé et sécurité. Tout était nouveau pour moi. » Loin de l’impressionner, tout ça l’a fascinée. De visite de chantier en stage, elle a appris à aimer le monde de la construction et avoir envie d’y travailler.

Elle a poursuivi ses études à l’École de technologie supérieure (ÉTS) en génie civil. Là encore, elle était souvent la seule femme. « Mais, ça n’a jamais été un enjeu pour moi. Il vient un temps où on ne s’aperçoit plus que nous sommes la seule fille assise dans la classe », se souvient-elle. Aujourd’hui, elle est gestionnaire de projets de construction de bâtiments industriels et commerciaux chez un entrepreneur général, Construction Gératek, et toujours passionnée par son métier.

Elle s’est toujours sentie « respectée par les collègues hommes » au Québec, mais aussi en Angleterre où elle a travaillé au début de sa carrière. Elle n’est pourtant pas femme à rester en permanence au bureau pour travailler sur des plans. « Je vais voir mon projet sur le chantier au minimum une fois par semaine. Les gars sont donc habitués à me voir circuler durant le projet », explique-t-elle. Elle a même remarqué un traitement plus en douceur de certains contremaîtres avec elle qu’avec les hommes de l’équipe. Contremaîtres qui ont aussi parfois le réflexe de la prendre sous leur aile.

Encore du chemin à faire

Malgré tout, Annie Hurteau reconnaît que les femmes doivent « prouver qu’elles sont aussi capables qu’un homme. Comme les équipes changent pour chaque projet, nos preuves ne sont jamais faites. On doit  » reprouver  » que nous sommes à notre place à chaque nouveau projet ». Elle a aussi vu des situations « aberrantes » envers les femmes même si elle n’en a jamais été victime : « Parfois, les salaires des femmes sont moindres que ceux des hommes parce qu’elles seraient moins disponibles pour faire des heures supplémentaires puisqu’elles doivent s’occuper des enfants à la maison ! »

Une chose est sûre également : les femmes sont encore rares dans la construction. « Je n’ai jamais croisé de contremaître femme », s’étonne-t-elle. Alors, elle se réjouit de voir plus de femmes qu’à son époque dans les classes de l’ÉTS, où elle prend des cours de perfectionnement.

Elle sent aussi une « ouverture des mentalités ». « La plupart des patrons sont ouverts à nous laisser notre place, affirme Annie Hurteau. Mais les femmes ne doivent pas se mettre de barrières. C’est à chacune de foncer et de se dire que tout est possible ! »