Le Rendez-vous des écomatériaux

Robert Périnet
Robert Périnet
Chroniqueur Actualités

Initiative conjointe de la MRC des Sources, de la Ville d’Asbestos et de Bourassa Maillé architectes, le colloque franco-québécois sur les écomatériaux a eu lieu à Asbestos l'automne dernier. J’ai eu l’occasion de voir et de toucher des écomatériaux, d’assister à huit conférences et de rencontrer des exposants.

À l’instar de l’association Création Développement Éco-Entreprises (CD2E), qui œuvre à la transition écologique de l’économie régionale dans la région Nord-Pas-de-Calais en France, la MRC des Sources désire s’appuyer sur le principe du développement durable pour insuffler un dynamisme économique à la région et soutenir les entreprises dans le secteur des technologies environnementales.

Ce qu’il faut savoir des écomatériaux

Les écomatériaux proviennent de sources renouvelables, limitent les effets sur l’environnement et la santé, profitent au développement socioéconomique et sont réutilisables ou recyclables. Les matériaux biosourcés sont issus de la biomasse forestière ou agricole. Les écomatériaux incluent des matériaux issus du recyclage. L’analyse de cycle de vie permet de prendre en compte l’énergie requise pour la fabrication, le transport, la mise en œuvre du matériau dans le bâtiment, l’entretien et le traitement en fin de vie.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Écomatériaux

Dalles écologiques

Dans le volet de la mise en marché de produits contenant des matières recyclées, Jonathan Houle, directeur de l’amélioration continue, TI et projets spéciaux chez Gaudreau Environnement a présenté les dalles écologiques conçues par son entreprise. Elles sont fabriquées à partir de sacs de plastique et de verre provenant de la collecte sélective, initiative québécoise en gestion et revalorisation des matières résiduelles. Chaque dalle contient l’équivalent de 12 bouteilles de verre, 600 sacs de plastique et quelques morceaux de porcelaine. L'usine pilote de dalles écologiques a été inaugurée en mars 2015.

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Photo : Gaudreau Environnement

Surplus agricoles

Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), s’est intéressé au potentiel des surplus agricoles au Québec. Quels sont les enjeux agricoles liés aux résidus de culture et à la culture dédiée ? Force est de constater que les résidus de culture sont limités comme ressource. Toutefois, on peut s’interroger sur les cultures dédiées qui sont produites spécifiquement pour répondre à un besoin industriel. On peut difficilement les justifier dans une approche de développement durable.

Projet Cité

À l’Université de Sherbrooke, on mise sur le projet Cité pour créer la synergie entre les chercheurs et les entreprises afin de constituer un carrefour de développement technologique et écologique. Pour Mathieu Robert, professeur au Département de génie civil, l’objectif est de réunir le milieu universitaire et les entrepreneurs dans un même lieu pour les amener à partager les équipements et surtout la main-d’œuvre spécialisée. Sachez que le développement des biomatériaux passe par le lin, le chanvre, les asclépiades (plantes herbacées vivaces) et le bambou ainsi que par la valorisation des poudres recyclées dans le béton.

Béton de chanvre

Pour sa part, l’architecte français et président de l’Association Construire en Chanvre, Jean-Marc Naumovic, a captivé l’auditoire avec le sujet de la filière du béton de chanvre en France, tant du point de vue du développement des outils, des règles techniques que des exigences de formation. Le béton de chanvre est un matériau important de la transition énergétique par le carbone stocké et par l’absence de COV. Il possède une excellence capacité thermique et hygrothermique et une inertie permettant le déphasage et le stockage. Il régule l’humidité, possède une bonne résistance au feu et tient bien face à la présence de la vermine.

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photo : Jean-Philippe Defawe

Composantes

Christophe Huon de la société française ABCO2 nous a entretenus de la science du bâtiment et des écomatériaux. Il a abordé les concepts de l’inertie thermique qui couvre l’accumulation de chaleur et sa restitution avec un déphasage, de la diffusivité thermique qui mesure la tendance à favoriser la diffusion de la chaleur, de même que de l'effusivité thermique d'un matériau qui caractérise sa capacité à échanger de l'énergie thermique avec son environnement.

Immeuble résidentiel en bois

Quant à Antoine Pagnoux de la firme française ASP Architecture, sa conférence a été consacrée au projet des résidences Jules Ferry à Saint-Dié-des-Vosges, un bâtiment en bois de grande hauteur comptant 26 logements, à structure de bois massif avec isolation en paille et à ultra basse consommation énergétique (maison passive). Les bâtiments sont de conception bioclimatique, possèdent une enveloppe performante et saine, récupèrent l’énergie par des échangeurs performants et par la récupération des eaux grises et intègrent l’énergie géothermique.

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Photo : ASP Architecture

Écoconstruction et écotransition

Autre conférencier outre-atlantique, Alain Lucas de l’association CD2E a décrit un récent projet d’accompagnement : l’écoconstruction dans un centre sur l’enveloppe du bâti localisé sur un site minier à Loos en région Nord-Pas-de-Calais. On y traite de l’isolation, de l’étanchéité à l’air, de la ventilation, des transferts d’humidité et de chaleur, de la conception bioclimatique, de l’évolution des matériaux, de l’acoustique, de la construction passive, des impacts environnementaux et sanitaires, de l’économie circulaire et des filières locales. Ce théâtre de l’écoconstruction permet aux collectivités de voir, de toucher et de comprendre, afin de s’approprier l’écotransition.

Bancs d’essai

Finalement, l’architecte québécois André Bourassa (Bourassa Maillé architectes inc.) a eu pour tâche de faire connaître le projet des bancs d’essai mené en collaboration avec la MRC des Sources et qui permettra de comparer la performance énergétique de différents assemblages. De petites structures construites avec diverses compositions murales seront comparées entre elles au niveau de l’énergie requise pour les chauffer. Ainsi, certaines entreprises pourront participer financièrement aux bancs d’essai afin de promouvoir et mettre en marché leurs matériaux. 

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