Perspectives sur les mises en chantiers résidentiels au Québec

Jean-Philippe Cliche
Jean-Philippe Cliche
Chroniqueur Actualités

Pour le moins qu’on puisse dire, l’année 2017 a été très surprenante en ce qui a trait à la vigueur du marché résidentiel neuf au Québec. En effet, bien des économistes prévoyaient une diminution des mises en chantiers dans la province, alors que le resserrement des règles hypothécaires en début d’année faisait craindre le pire. Finalement, il n’en est rien, et le nombre de mises en chantiers dans la province a été supérieur à ceux des 5 dernières années.

Le facteur principal qui avait été sous-estimé en début de 2017, c’est la vitalité remarquable de l’économie québécoise, ainsi que la création d’emplois exceptionnelle qui s’en est suivie. Il est cependant peu probable que ceci devienne une tendance à moyen ou long terme, alors que les grandes institutions du pays voient un fléchissement de la construction neuve dans les prochaines années.

Tel que l’on peut le constater dans le tableau ci-dessous, 5 grandes banques canadiennes prévoient que les mises en chantiers diminueront en 2018 par rapport à 2017. En fait, ces institutions prévoient toutes que la croissance économique québécoise ne sera pas aussi forte cette année que l’an passé, ce qui fera en sorte de ralentir la création d’emplois, et donc la formation de nouveaux ménages.

 article chantiers2018
(1) Perspectives économiques provinciales, Services économiques TD, décembre 2017(2) Desjardins Études économiques, Prévisions économiques et financières, décembre 2017(3) RBC Services économiques RBC Recherche, Perspectives provinciales, Québec, décembre 2017(4) Banque Nationale Marchés financiers, Le mensuel économique, janvier 2018(5) BMO Capital markets, Provincial Economic Outlook, 5 janvier 2018(6) SCHL Perspectives du marché de l'habitation, Région du Québec, automne 2017.

Pour sa part, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) prévoit que les mises en chantiers augmenteront en 2018. Il faut cependant prendre cette donnée avec réserve, puisque cette prévision a été faite à l’automne 2017, alors que les banques ici mentionnées ont révisé leurs estimations en décembre 2017 et en janvier 2018. Une fois colligées, on s’aperçoit que les institutions mentionnées dans le tableau estiment que 4 800 logements en moins seront démarrés en 2018 par rapport à 2017.

La moyenne des prévisions de ces mêmes 6 organismes indique aussi une diminution des mises en chantiers en 2019. Si l’on se fie à leurs estimations, nous devrions ainsi nous attendre à ce que les mises en chantiers reviennent tout prêt de leur moyenne des années 2013 à 2016, alors que 38 300 mises en chantiers par année étaient effectuées pendant ces 4 années. En réalité, il est estimé, pour l’heure, que la croissance économique québécoise ainsi que la création d’emplois reviendront vers leur moyenne à long terme, soit une hausse d’environ 1 % de l’emploi et de 1,5 % du produit intérieur brut. Ceci devrait faire en sorte de ramener les mises en chantiers vers des niveaux plus soutenables à long terme.

En bref, la construction neuve devrait bien performer cette année. Rappelons que les mises en chantiers comptabilisées en 2017 peuvent s’exécuter sur quelques trimestres, et donc l’activité en construction pour les entrepreneurs peut s’étendre en 2018. Ceci est particulièrement vrai pour les projets résidentiels de grande envergure, tels que les tours à condos.

Pour sa part, la rénovation domiciliaire est toujours sur une lancée et nous estimons que les dépenses devraient s’y élever à environ 13 milliards de dollars en 2017. Considérant que les dépenses étaient d’un peu plus de 4,1 milliards au tournant du millénaire, force est de constater que ce sous-secteur de la construction a pris une importance étonnante dans l’économie québécoise. Puisque le parc immobilier résidentiel ne cesse de croître et que la population s’accroit toujours au Québec, rien ne laisse présager une chute importante dans les dépenses en rénovation domiciliaire au cours des prochaines années.

SAVIEZ-VOUS QUE…
Avec ses 58 448 mises en chantiers résidentiels, l’année 2004 a été la plus prolifique à ce chapitre depuis 1987, année ou un nombre astronomique de 74 179 mises en chantiers avaient été répertoriées. Pourrons-nous un jour battre cette marque ?

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