Quand le bâtiment ne va pas, rien ne va?

Manon Bertrand
Manon Bertrand
Chroniqueur Actualités

C’est vrai, l'économie du Québec va très bien, le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 40 ans. La situation est particulièrement reluisante pour Montréal qui connaît un succès inégalé par rapport au reste du Canada en termes de création d’emploi.

Même si l’économie du Québec va assez bien dans son ensemble, ce n’est pas le cas pour l’industrie de la construction. En janvier dernier, la CCQ a annoncé, dans son document Perspectives 2017, que l’industrie de la construction allait connaître une autre année de ralentissement de son activité. Selon la publication de la CCQ, le nombre d’heures travaillées s’établira à 135,5 millions pour l’année 2017, une diminution de 1,9 % par rapport à 2016. En fait, on assiste à une baisse constante des heures travaillées depuis l’année 2012, année où 165,5 millions d’heures avaient été effectuées dans la province de Québec. En plus, les prévisionnistes dans l’industrie de la construction au Québec ont l’impression que cette tendance baissière devrait perdurer encore quelques années.

Dans un tel contexte, le dicton « Quand le bâtiment va, tout va » rendu célèbre en 1849 par le député français, Martin Nadaud, ne tient plus la route. Mais les conséquences du ralentissement sont sans équivoque : les contrats de construction sont moins nombreux, la compétition est plus forte, les marges plus minces et bon nombre d’entreprises sont contraintes de fermer leurs portes, particulièrement en région.

Notre industrie perd de son lustre par rapport au reste de l'économie québécoise. Les raisons sont faciles à identifier et plus personne ne peut faire semblant de ne pas les voir. Notre industrie doit s’adapter aux nouvelles réalités, se réinventer, devenir plus performante et être plus attrayante pour ses clients. Sans cela, l’industrie passera à côté de la croissance économique générée, nos clients investissant dans d’autres sphères de leurs entreprises que la construction et la rénovation de leurs édifices.

Conscients de la situation, nous avons, bien sûr, demandé récemment au gouvernement du Québec de faire un effort additionnel dans son prochain budget de ce printemps. À cet égard, nos demandes prébudgétaires vont bien au-delà du nécessaire réinvestissement en infrastructures (voir le communiqué diffusé à ce sujet).

Le début de la négociation des conventions collectives pour les secteurs institutionnel-commercial et industriel constitue aussi une chance à ne pas manquer. C’est le moment d’aborder les vrais enjeux avec nos partenaires syndicaux pour rendre notre industrie encore meilleure. Nous avons donné comme mandat, à notre équipe de négociateurs, de conclure une entente en tenant compte de ces nombreux enjeux. Nous souhaitons que cette entente puisse se faire avant l’échéance des conventions collectives le 30 avril 2017, et nous croyons que c’est encore possible.

Nous sommes aussi conscients que tout ne se règle pas d’un coup et que chaque négociation constitue un pas dans la bonne direction. Devrait-on attendre la prochaine ronde de négociation qui n’aura lieu qu’en 2021 ? Nous ne pouvons repousser indéfiniment la discussion sur ces enjeux alors que le reste de la société évolue si rapidement. Dans 4 ans, qui sait où en sera notre industrie ? C’est maintenant l’opportunité de s’entendre pour le bien de notre industrie.

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