Pôle de conservation du musée du Louvre, un chantier de 35 M$ d’euros

Photo : Rogers Stirk Harbour + Partners

Le musée du Louvre et la région Nord-Pas-de-Calais ont annoncé le nom du lauréat qui construira le Pôle de conservation du musée du Louvre à Liévin (Nord-Pas-de-Calais) : il s’agit d’un groupement associant l’agence britannique Rogers Stirk Harbour + Partners, architecte mandataire et auteur notamment du nouveau World Conservation and Exhibition Center du British Museum à Londres (2014), aux Français Mutabilis Paysage (paysagiste), Egis Bâtiment Nord (bureau d’études techniques), Inddigo SAS (bureau d’études environnementales) et VPEAS SAS (économiste). Richard Rogers a reçu le Prix Pritzker en 2007.

Le groupement a imaginé un bâtiment paysage de 20 000 mètres carrés où la nature investit le toit, légèrement incliné. Sobre et élégant, il conjugue lumière naturelle pour les espaces de travail et de circulation des œuvres, et haute technologie pour assurer la stabilité climatique nécessaire à la bonne conservation des collections. Fonctionnel et accessible, il pourra accueillir scientifiques et chercheurs à partir de fin 2018. Sa construction démarrera en 2017.

Le budget de construction est de 35 millions d’euros et le coût global du projet est de 60 millions d’euros, financé à 51 % par le musée du Louvre et à 49 % par le Conseil régional Nord-Pas-de- Calais.

Un chantier de 35 millions d’euros

Environ 250 000 œuvres, actuellement conservées dans plus de 60 réserves différentes, au sein du palais du Louvre et à l’extérieur (en Île de France et en régions), y seront transférées dès livraison du bâtiment, afin d’y être rassemblées dans un lieu unique, à proximité immédiate du Louvre-Lens.

Plus de 250 000 objets constituant les réserves du Louvre seront réunis en un lieu unique !

L’externalisation des œuvres conservées en réserve a pour but de prémunir ces collections du risque de crue centennale. Elle permet de créer un équipement d’étude et de recherche – l’un des plus grands d’Europe – au service du rayonnement scientifique du musée du Louvre.

« Le groupement d’architectes, emmené par Rogers Stirk Harbour + Partners, a su traduire dans une création architecturale de très grande qualité les besoins précis nécessaires à la bonne conservation des collections du musée du Louvre et à leur consultation. Le projet propose des solutions innovantes en matière de développement durable et d’inertie du bâtiment. Il est surtout exemplaire en répondant parfaitement au programme pour la stabilité climatique des espaces de réserves et pour son organisation au quotidien sur un seul niveau. Les architectes ont aussi pensé ce bâtiment comme un lieu de vie, lumineux et entouré de nature, qui prend en compte le confort du personnel appelé à y travailler comme des scientifiques amenés à y étudier des œuvres. Il dialoguera harmonieusement avec son voisin, le Louvre-Lens. »

Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre

« Le projet du Pôle de conservation, conçu par une équipe franco-britannique, s’inscrit dans la triple dynamique voulue par la région Nord-Pas-de-Calais, portée par Euralens, que sont une dynamique d’équipement culturel avec la construction du musée du Louvre-Lens, une dynamique économique avec le soutien de pôles d’excellence, notamment autour de l’économie culturelle et des métiers d’art, et enfin une dynamique environnementale avec mise en place de la « troisième révolution industrielle ».

Daniel Percheron, président de la région Nord-Pas-de-Calais


Données et chiffres clés

  • Emplacement : Liévin (Nord-Pas-de-Calais), dans le prolongement du « bois pionnier » et du parc du musée du Louvre-Lens, sur le site de l'ancienne ZAC Jean-Jaurès, situé au cœur de l’Arc Vert d’Euralens.
  • Surface de la parcelle : 40 000 mètres carrés.
  • Surface du bâtiment : environ 20 000 mètres carrés (surface de plancher), dont près de 10 000 mètres carrés de réserves.
  • Maître d’ouvrage : l’établissement public du musée du Louvre (qui définit les caractéristiques fonctionnelles et techniques du bâtiment).
  • Mandataire : la région Nord-Pas-de-Calais. La région travaille en lien avec la ville de Liévin et la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin (CALL). Toutes sont liées au Louvre par un partenariat exemplaire.
  • Propriétaire du terrain : les collectivités territoriales mettront à la disposition de l’État le terrain pour le compte du musée du Louvre.
  • Propriétaire du bâtiment : le musée du Louvre.
  • Exploitant : le musée du Louvre.
  • Budget d’exploitation : 60 millions d’euros toutes dépenses confondues (estimation).
  • Budget du chantier de construction : 35 millions d’euros HT (dont 3 millions d’euros pour les équipements immobiliers).
  • Financement : 51 % par le Louvre et 49 % par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais. Le Louvre mobilise dans ce cadre le prochain versement au titre de la licence de marque du Louvre Abu Dhabi.
  • Coût de fonctionnement du Pôle de conservation : intégralement couvert par une part des intérêts du fonds de dotation du Louvre, ce qui lui assure des ressources stables dans le temps.

L’équipe

Rogers Stirk Harbour + Partners
Architecte mandataire L’agence Rogers Stirk Harbour + Partners (RSHP), basée à Londres, a été créée en 2007. Elle fait suite à Richard Rogers Partnership, créé en 1977, immédiatement après la création du Centre Pompidou où Richard Rogers était associé à Renzo Piano. RSHP a complété en 2014 la construction de la nouvelle aile du British Museum et particulièrement ses locaux de conservation, de stockage et d’archives. On peut citer aussi leur travail pour le Laboratoire de recherche « Amano » à Gifu, au Japon (1999), l’Assemblée nationale du Pays de Galles à Cardiff (2005) et la Tour Leadenhall à Londres (2015). L’agence construit actuellement, entre autres, le nouveau Terminal 3 de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry et une distillerie pour The Macallan en Écosse
www.rsh-p.com

Mutabilis Paysage & Urbanisme
Paysagiste L’agence Mutabilis Paysage & Urbanisme a conçu en 2006, en collaboration avec Gilles Clément et Guillaume Geoffroy-Dechaume, les jardins du musée du Quai Branly. À Lille, Mutabilis a conçu le Jardin des Géants, inauguré en 2009, et la place d’Oujda dans le quartier de Wazemmes (2014). L’agence est également à l’origine du parc écologique Izadia, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) en 2007, et de l’aménagement des Prés salés de la Teste de Buch, dans le bassin d’Arcachon (2009).
www.mutabilis-paysage.com

Egis Bâtiment Nord
Le bureau d’études techniques est basé à Marcq-en-Barœul (Nord-Pas-de-Calais). Il a notamment travaillé sur les archives départementales et la bibliothèque de prêt des Bouches-du-Rhône, à Marseille (2005), sur le Quadrilatère Richelieu à Paris (2014), sur la bibliothèque-médiathèque-archives de la ville de Montpellier (2000), les Archives diplomatiques de La Courneuve (2008) et le Centre hospitalier de Calais (2012). www.egis.fr

Inddigo SAS
Le bureau d’études environnementales a réalisé une étude multi-énergie dans le cadre de la réhabilitation du musée des Beaux-Arts de Nantes (2008). Il a participé en 2011 au concours pour la construction du musée départemental du verre à Sars-Poterie (Nord) et, en 2012, à celui pour la construction du musée du Boulingrin à Reims.
www.inddigo.com

VPEAS SAS
La société VPEAS apporte son assistance aux maîtres d'ouvrage publics ou privés dans la gestion de projet et l'économie de la construction avec pour objectif l'optimisation et le respect des coûts et des délais. Elle a travaillé sur la construction du Fonds régional d’art contemporain de Dunkerque (2013), sur la construction du Centre international de l’art pariétal à Montignac-Lascaux (2016), sur la construction du Pôle régional de la culture et de l’économie créative à Bordeaux (2016) et sur la restructuration du palais de Tokyo à Paris (2012). Elle a également collaboré avec le musée du Louvre (Paris) dans le cadre d’un accord-cadre pour l’assistance à la maîtrise d’ouvrage.
www.vpeas.com


Les points forts du projet lauréat

Conservation des œuvres
Le projet prévoit 9 550 mètres carrés d’espaces de conservation, répartis en 6 salles (grands formats organiques, peintures et cadres, pondéreux, œuvres peu sensibles, petits formats des départements antiques et des départements modernes), qui disposeront d’une hauteur sous plafond de 3 à 6 mètres. Ces réserves seront situées à l’arrière. Grâce à la très grande inertie du bâtiment, les collections bénéficieront de conditions thermiques constantes. Les espaces situés en façade, dédiés à l’étude et au traitement des œuvres (prises de vues photographiques, chantier des collections, accueil des chercheurs, etc.), constitueront un filtre supplémentaire qui garantiront des conditions thermiques et hygrométriques optimales. À proximité de l’aire de livraison, deux salles seront dédiées à l’anoxie et à la quarantaine. La sécurité des collections sera garantie depuis un poste de contrôle. Tous les accès seront sécurisés, gérés par des portails motorisés, avec utilisation d’un badge et d’un visiophone.

Conditions de travail et d’étude
En façade du bâtiment, un grand espace sera dédié à l’étude des collections. Il comprendra notamment un studio photo, des ateliers pour le traitement des œuvres, un espace consacré au chantier des collections, ainsi que des salles d’étude et de consultation pour les chercheurs. En mezzanine se situeront les bureaux des équipes. De grandes baies vitrées apporteront de la lumière naturelle et offriront une vue sur le jardin paysager en contrebas. Le prolongement du toit offrira une protection solaire appréciable. Le personnel et les visiteurs auront la possibilité d’accéder à une partie du toit pour profiter du panorama depuis un jardin.

Logistique et distribution des espaces
L’ensemble du Pôle de conservation sera situé sur un seul niveau. Les matériaux ont été choisis pour leur simplicité, leur durabilité et leur sobriété. L’ossature en béton simple et élégante, à la fois élancée et solide, permettra une très grande efficacité structurelle tout en proposant des conditions stables d’environnement. Le Pôle sera desservi par une aire de livraison de 400 mètres carrés. Les espaces dédiés au conditionnement des œuvres (emballage et déballage, lieu de stockage du matériel et des caisses navettes) seront situés à proximité immédiate de l’aire de livraison. Véritable colonne vertébrale du bâtiment, un grand couloir de circulation baptisé « boulevard des œuvres », bénéficiant d’un éclairage zénithal, permettra le mouvement des œuvres depuis l’aire de livraison vers les espaces de conservation et de traitement.

Environnement paysager et intégration dans le site
Le Pôle de conservation s’intégrera harmonieusement au site dans le prolongement du parc paysager du Louvre-Lens. Le bâtiment a été conçu pour être bioclimatique avec utilisation de ressources locales par la géothermie. Le niveau de performance énergétique du Pôle sera élevé. Une grande prairie sèche prendra place sur le toit et fera la part belle à la trame verte qui se constitue autour de Lens et de Liévin (Arc vert d’Euralens). Les eaux de ruissellement seront récoltées dans le fossé, puis recyclées dans un bassin de rétention. Grâce au toit en pente, tout risque d’eau stagnante sera écarté. Un système de filtre végétal est imaginé pour isoler visuellement le bâtiment de son environnement. La toiture ne sera pas accessible au public, à l’exception du jardin clos à la disposition du personnel et des visiteurs du Pôle de conservation.

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