Main-d'oeuvre : les défis à notre porte

Main-d'oeuvre : les défis à notre porte
Alexandre Millette
Alexandre Millette
Chroniqueur Relations du travail

Au cours de la dernière année, l’industrie de la construction a vécu un accroissement des heures travaillées contrairement aux estimations des experts. Dans un contexte où le vieillissement de la population se fait sentir et le manque d’attrait pour la formation professionnelle est évident chez les jeunes, ce n’est pas surprenant que l’on entende de plus en plus parler de rareté ou de pénurie de main-d’oeuvre.

Quels sont les gestes posés pour faire face à ces défis ?

Les nouvelles sont encourageantes, certains travaux visant à rendre plus optimal l’apprentissage des apprentis sont déjà en place et il y a déjà des mesures qui sont mises de l’avant afin de garder un niveau élevé de compétence dans notre industrie. En effet, le Projet de réforme du régime d’apprentissage et de gestion de la main-d’oeuvre de l’industrie de la construction (PRAGM) a vu le jour dans les dernières années. Le PRAGM présente certaines solutions à la qualification de la main-d’oeuvre, tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Voici quelques mesures mises de l’avant par les acteurs de l’industrie, mais toujours en attente de développement :

  1. Admission à l’examen de qualification avant la fin de son apprentissage
    Il pourrait être permis à un apprenti ayant complété au moins 85 % de la durée de son apprentissage d'être admis à l'examen de qualification de son métier. Cependant, s'il échoue, il devra compléter 100 % de son apprentissage avant de pouvoir se présenter de nouveau à son examen de qualification.

    Cette disposition pourrait permettre à un apprenti compétent d’aller faire son examen et répondre à la rareté de compagnons dans certains métiers.

  2. Permettre à un détenteur de certificat de compétence d’occupation de faire l’essai d’un métier
    La personne ayant un certificat d’occupation pourra entreprendre l'apprentissage d'un métier avant de renoncer à son certificat d’occupation, pourvu que l'expérience acquise dans l'occupation soit en lien avec le métier qu'elle souhaite exercer. Miser sur des personnes qui sont déjà dans l’industrie améliorerait leur taux de rétention dans une organisation.

  3. Amélioration de l’accès à l’industrie pour les diplômés
    Une personne pourra avoir un certificat d’apprenti d’une durée de 24 mois plutôt que de 12 mois. Il pourrait y avoir une création d’une liste de nouveaux diplômés accessible aux entrepreneurs. Finalement, il y aura une délivrance d’un certificat d’occupation spécialisée pour les diplômés (monteur de ligne, arpenteur, soudeur, scaphandrier, boutefeu-foreur) pour favoriser le recrutement de ces spécialités.

De manière générale, certains travaux du PRAGM ont été mis en place, d’autres tardent à se concrétiser. En mars 2018, une lettre a été transmise par l’Association des entrepreneurs en construction du Québec avec la collaboration des associations sectorielles et des corporations à Mme Diane Lemieux, PDG de la CCQ, afin de poursuivre la mise en oeuvre du PRAGM.

Bien que certains travaux soient déjà en cours afin d’améliorer le régime d’apprentissage dans l’industrie de la construction, certaines problématiques doivent être abordées rapidement pour faire face aux défis de main-d’oeuvre. Pensons notamment aux barrières à la mobilité interrégionale, à l’accès à l’industrie de la construction, à la promotion de l’industrie auprès des jeunes, à l’amélioration continue des compétences et plus encore.

Solutions concrètes

L’Association de la construction du Québec analyse présentement les différentes causes de ces défis de main-d’oeuvre afin de pouvoir proposer aux employeurs des solutions concrètes, efficaces et durables. Compte tenu des investissements annoncés récemment dans le milieu industriel et commercial, le nombre d’heures travaillées risque d’être à un niveau élevé encore pour un certain temps. Il sera donc important d’intégrer les meilleures pratiques de gestion de la main-d’oeuvre.

L’ensemble des acteurs de l’industrie doit démontrer son paritarisme et commencer une nouvelle ère dans la gestion de la maind’oeuvre. Ayons un message positif sur la situation et prenons le temps de transformer notre industrie avant que nous soyons forcés de le faire par des mesures perdantes-perdantes.

Pour de plus amples renseignements, consultez la section Relations du travail dans le menu Entrepreneurs sur acq.org

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