La main-d'oeuvre en construction : les préoccupations des employeurs

Alexandre Millette
Alexandre Millette
Chroniqueur Relations du travail

L’ACQ s’est donné comme objectif de trouver des solutions à la rareté de la main-d’oeuvre dans l’industrie et plusieurs actions concrètes ont déjà été posées par la Direction des relations du travail.

En effet, que ce soit la mise sur pied d’une entente paritaire avec la partie syndicale pour réviser le régime d’apprentissage dans l’industrie de la construction, le dépôt d’un recours pour éliminer les barrières à la mobilité, l’encadrement réglementaire des stages d’été, la mise en ligne d’un sondage sur les défis de main-d’oeuvre ou encore la tenue d’une tournée provinciale pour connaître les réalités des régions en matière de gestion de la main-d’oeuvre, toutes ces actions ont comme objectif de mettre en place des solutions durables aux défis de main-d’oeuvre des prochaines années.

Voici maintenant différentes préoccupations exprimées par nos employeurs lors de ces tournées :

Tout d’abord, à travers la province, les entrepreneurs sont unanimes. Ils affirment que la rigidité du cadre réglementaire actuel complexifie l’embauche de la main-d’oeuvre. Pour ne nommer que quelques exemples, ils expriment avoir de la difficulté à recruter via le Carnet référence construction puisque les profils sont souvent incomplets (décès du travailleur, travailleur sur la CNESST, travailleur à l’emploi d’une compagnie à l’extérieur de la construction, etc.). Ils avancent que le mécanisme d’ouverture des bassins comporte son lot de problèmes, que l’intransigeance des obligations inhérentes aux reconnaissances d’heures et d’acquis complexifie l’embauche de travailleurs qualifiés venant d’ailleurs et que la valorisation de l’industrie est déficiente puisque la relève semble de moins en moins attirée par cette industrie.

Même si chacune des régions peut avoir des réalités différentes, la gestion de la main-d’oeuvre demeure une préoccupation essentielle au bon fonctionnement des entreprises de construction.

En terminant, on ne peut passer sous silence les quelque 100 000 travailleurs1 de l’industrie. Pensons notamment, aux estimateurs, aux chargés de projet et aux surintendants. Ces différentes catégories de travailleurs sont directement liées à l’industrie de la construction et ils ne semblent pas avoir de tribune pour exprimer leurs besoins urgents des prochaines années. À cet égard, sachez que l’ACQ entend aborder cette problématique sérieusement au cours des prochains mois.

CERTAINES PRÉOCCUPATIONS SOULEVÉES
Montréal Le système des ratios (apprentis versus compagnons) sur un chantier n’est pas adapté à certaines réalités de chantier.
Laval/Laurentides
Le perfectionnement des travailleurs est une préoccupation pour cette région qui doit débourser pour former ses travailleurs alors qu’il existe un Fonds de formation prévu par la loi.
Montérégie Le manque de relève dans la région en ce qui concerne les apprentis inquiète les entrepreneurs.
Mauricie/Bois-Francs/Centre-du-Québec/Lanaudière La formation initiale des diplômes d’études professionnelles n’est pas adaptée à l’ensemble des secteurs d’activités de l’industrie et les finissants ont peu d’expérience pratique de chantier.
Québec
La promotion de l’industrie face à la relève dans les écoles et les stages de métiers devrait être revue.
Bas-Saint-Laurent/Gaspésie  La variation du nombre d’heures et les barrières à la mobilité de la main-d’oeuvre engendrent des problématiques pour le développement de certaines entreprises.
Outaouais  L’alternance des travaux effectués en Ontario et au Québec par des entrepreneurs est un obstacle à leurs demandes diverses (ouverture de bassin, ouverture de DEP, recrutement de la main-d’oeuvre, etc.).
Abitibi-Téminscamingue  Le peu de programmes d’études professionnelles dans l’industrie de la construction et l’état de l’offre abondante des métiers similaires dans les mines sont des éléments préoccupants pour les entrepreneurs.
Estrie La mobilité de la main-d’oeuvre selon le Règlement sur l’embauche et la mobilité des salariés dans l’industrie de la construction est un frein au développement des organisations de la région.

1. ccq.org/fr-CA/A_QuiSommesNous/A05_IndustrieConstruction/A05_2_IndustrieChiffres

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