2020 : la formation, un outil de rétention

2020 : la formation, un outil de rétention
Alexandre Millette
Alexandre Millette
Chroniqueur Relations du travail

En 2018, l’ACQ tirait la sonnette d’alarme concernant les problématiques de main-d’œuvre dans certaines régions. Or, si aucune action concernant l’offre de formation n’est entreprise, le phénomène des ouvertures de bassins risque d’être accentué dans les prochaines années diminuant ainsi la valeur des diplômes dans l’industrie de la construction tout en diminuant la compétence et l’expertise sur les chantiers.

En effet, bien que l’accès à l’industrie est un élément important, une préoccupation au niveau de la compétence demeure. En effet, plusieurs études démontrent des bienfaits considérable face à une formation initiale puisque le diplômé acquiert plus d’outils via sa formation académique versus une personne par voie non conventionnelle qui est souvent vouée à des tâches plus circonscrites.

L’ascension du nombre d’heures travaillées dans l’industrie en a surpris plus d’un venant du même coup accentuer la pénurie de main-d’œuvre. Par ailleurs, la consultation de nos employeurs dans les dernières années et le rapport produit par la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), présenté à l’automne 2019 dans chacune des régions du Québec, en arrive au même constat.

Les données du rapport de RCGT nous permettent de conclure que l’estimation du nombre d’heures sera élevée dans l’industrie pour les 10 prochaines années cumulées avec des données inquiétantes concernant la baisse des taux d’inscriptions de certains DEP1 construction. Notons que le taux de rétention après 5 ans est doublé avec un diplômé qui intègre notre industrie comparativement à une personne qui n’a pas de formation, ce qui nous amène à nous poser de sérieuses questions sur le régime de qualification professionnelle dans notre industrie. Trois priorités seront mises en œuvre pour continuer les efforts liés à la qualification professionnelle :

1) Offre de la main-d'œuvre

L’offre de formation initiale est nettement insuffisante. À titre d’exemple, les cas les plus éloquents sont ceux ayant un seul centre de formation professionnelle pour l’ensemble de la région. Ce sont 7 métiers de la construction sur 25 qui sont dans cette situation. Donc, plus de 30 % des métiers de la construction ont une exclusivité en matière d’enseignement.

Dans un contexte où l’offre de formation doit être élargie pour répondre à des besoins régionaux, le rapport de RCGT sera un outil supplémentaire pour les organismes gouvernementaux et les commissions scolaires demandant des cartes d’enseignement. Également, l’ACQ a fait des représentations gouvernementales pour faire valoir cette problématique.

2) Reconnaissance des acquis

La RAC permet de réduire la durée du programme d’étude en faisant la démonstration des connaissances acquises via les expériences de travail ou les aptitude connexes. Selon les données recueillies, il existe certains programmes d’études où aucune RAC n’est offerte. Il s’agit d’une belle opportunité pour les personnes qui sont en réorientation de carrière d’intégrer notre industrie plus rapidement et d’être formées. D’ailleurs, il s’agit d’une de nos recommandations dans la révision du cadre normatif en intégrant une exemption pour les personnes qui veulent débuter dans une démarche de reconnaissance des acquis.

3) Formation duale

Il semble y avoir une volonté commune des différents partenaires de l’industrie d’intégrer un côté pratique dans le développement des compétences des travailleurs de l’industrie. À cet effet, plusieurs bienfaits sont ressortis autant par les employeurs que les étudiants à la suite d’un sondage effectué par la CCQ. En 2018, les stages d’été ont profité à 263 étudiants. Les métiers de charpentier-menuisier et de tuyauteur sont les plus en demande. Parmi les stagiaires, 67 % d’entre eux ont fait plus de 150 heures durant leur stage. Ces bienfaits pourraient être comparables dans le cadre d’une formation duale, c’est-à-dire combinant le travail et les études.

Il est encourageant de voir que les parties ont déjà entamé certains travaux sur cet enjeu dont plusieurs séances de travail se poursuivront en 2020.

¹ Diplôme d’études professionnelles (DEP).

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