Photo : Simplex
Le marché des équipements utilisés pour le chauffage hivernal des chantiers de construction a beaucoup évolué au cours des dernières années et cette donne a eu pour effet de multiplier les types d’appareils disponibles. Pour un entrepreneur, le choix d’un équipement de chauffage temporaire est donc devenu plus complexe. Dans cette optique, l’efficacité énergétique des appareils est d’ores et déjà devenue un critère incontournable en vue d’une maximisation des investissements consentis à cet égard. Mais comment s’y retrouver dans un marché où les entrepreneurs sont, littéralement, noyés dans une nomenclature technique dans laquelle, souvent, un même appareil porte un nom différent d’une compagnie à l’autre ?
« C’est là qu’on entre en scène, affirme Jonathan Godin, représentant, développement des affaires, chez Polygon, seule entreprise spécialisée dans le chauffage temporaire de chantiers de construction au Québec. Nous, on accompagne notre client dans la conception du système qui est le plus approprié à son projet, et cela tout au long de l’évolution de son chantier, en tenant compte des différents facteurs qui peuvent influer sur le choix des appareils au cours de la saison. Et cela fait toute la différence ! Parce que le choix de l’équipement va avoir un impact direct sur l’efficacité de ton produit et, ce faisant, sur le coût d’utilisation de ta saison de chauffage. »
Outre Polygon, trois autres locateurs « généralistes » viennent coiffer l’offre d’appareils de chauffage des chantiers commerciaux au Québec : Lou-Tec, Simplex et United Rentals. Ces derniers ont l’avantage d’un réseau de concessionnaires étoffé qui couvre l’ensemble de la province. Par contre, leurs équipements se résument, la plupart du temps, à des appareils de faible à moyenne capacité conçus pour de petits chantiers commerciaux ou des besoins ponctuels; par ailleurs, leur matériel n’a pas toujours une efficacité énergétique à la hauteur des dernières percées en ce domaine. Ce qui, au final, peut faire une différence sensible dans les coûts associés au chauffage temporaire sur un chantier commercial d’envergure. « Si tu construis un hôpital et que ton équipement de chauffage sur le chantier a 20 % moins d’efficacité énergétique, ça commence à faire une sacrée différence quand tu calcules tes coûts sur une période de 7 mois ! », dit Jonathan Godin.
Malgré tout, s’étonne Jonathan Godin, beaucoup d’entrepreneurs marchent encore « au pif ». « La règle au Québec, dit-il, c’est « l’autre fois j’avais quatre appareils de 200 000 BTU et un chantier à peu près de la même grosseur » et l’entrepreneur, sans faire plus de calculs, te dit « donne-moi en quatre ! »
Équipements à feu direct
Dans l’arsenal des appareils offerts sur le marché, il convient de distinguer une première catégorie: les équipements à feu direct. Fonctionnant uniquement au gaz naturel ou au gaz propane, ils ont l’avantage d’offrir une efficacité énergétique élevée. Leur coût d’utilisation sera donc moins élevé, en principe, que les équipements à feu indirect.
Les appareils à feu direct se déclinent en deux grandes classes : les brûleurs à flamme exposée classiques, comme les « cochons » ou salamandres qui sont un peu les dinosaures de l’industrie, et les brûleurs à flamme contrôlée ou « make-up style », derniers-nés des appareils à feu direct et une exclusivité de Polygon.
Les brûleurs à flamme contrôlée sont de plus en plus utilisés sur les chantiers commerciaux étant donné qu’ils offrent, outre une modulation de flamme plus efficace, une combustion, un débit d’air et une chaleur supérieurs. De plus, leur débit d’humidité est moindre que les appareils à flamme exposée : moins de 10ppm/8 heures comparées à 35 à 55 ppm/8 heures pour les salamandres classiques par exemple. C’est là une caractéristique importante dans le choix de ces équipements. En effet, un des inconvénients des équipements à feu direct est leur production de vapeur d’eau, ce qui peut compromettre l’intégrité des matériaux sensibles à l’humidité et, ce faisant, limiter ou même proscrire leur utilisation sur les chantiers dans certains cas.
Par ailleurs, les appareils à feu direct dégagent également des résidus de combustion, ce qui confine leur utilisation aux chantiers bien aérés. « Cela n’est pas dramatique dans la plupart des cas », indique Jonathan Godin. Néanmoins, il conviendra de vérifier que l’entrepreneur se soumet à la réglementation de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) concernant les émanations toxiques sur les chantiers.
Équipements à feu indirect
Les équipements à feu indirect sont beaucoup moins efficaces sur le plan énergétique. Leur perte de chaleur peut aller jusqu’à 50 % dans le cas des appareils classiques ! Pourquoi les choisir ?
« Si le chantier a peu d’ouvertures et est relativement bien isolé, remarque Jonathan Godin, l’entrepreneur devra se tourner vers des appareils à feu indirect puisqu’ils annulent le risque d’émanation de gaz toxiques sur le chantier. Est-ce que l’entrepreneur a facilement accès au réseau de gaz naturel ou à une source de gaz propane ? Si la réponse est non, il devra utiliser, là encore, un équipement à feu indirect, le seul à offrir la combustion au mazout (diesel). »
D’autres facteurs influent sur le choix, tels le prix des carburants et du gaz, l’état d’avancement du chantier, le type de bâtiment de même que le type d’appareil utilisé. « La planification d’un chauffage efficace sur le plan énergétique et financier est une équation plus complexe que les entrepreneurs ne le croient. »
La qualité des appareils à feu indirect varie beaucoup d’un locateur à l’autre. Leur efficacité énergétique – paramètre essentiel de ce type d’équipement – varie en effet de 50 % à plus de 85 % selon le modèle envisagé. Il faudra ici se méfier des appareils « tube dans tube » que proposent presque exclusivement les locateurs non spécialisés et « qui datent de Mathusalem », précise Jonathan Godin. Nos équipements à feu indirect, dit-il, surpassent de loin ceux qui sont offerts par nos concurrents et, malgré leur coût de location plus élevé, ils se révèlent plus économiques compte tenu de leur rendement énergétique très supérieur. »
Reste que l’avantage prédominant des équipements à feu indirect est la possibilité d’utiliser des appareils à combustion au mazout (diesel). « Sur le plan logistique, remarque Jonathan Godin, les entrepreneurs préféreront souvent cette solution, car l’approvisionnement au diesel est plus simple et moins contraignant sur le plan de la réglementation. De plus, la disponibilité des gros équipements au propane est moins grande. S’il y a rupture de stock et qu’ils n’ont pas accès au réseau de gaz naturel, ils vont souvent privilégier cette solution. »
Lors du choix d’appareils à feu direct ou indirect, on privilégiera les équipements à combustion au gaz naturel. En matière de chauffage de construction, le coût du gaz naturel est en effet de 30 à 50 % moins élevé que celui du gaz propane.
Quant aux équipements de chauffage électrique, leur utilité est plutôt marginale en ce qui a trait aux chantiers de construction commerciaux. « On les utilise surtout pour des chantiers de petite envergure et de manière aléatoire, note Jonathan Godin, ou pour des cas particuliers, comme le chauffage d’unités de condominium. Mais, globalement, ils sont à proscrire compte tenu du coût important de l’électricité par rapport aux autres sources énergétiques. »
Maintenir la sécurité des travailleurs par temps froid : les obligations de l’employeur
Au Québec, les entrepreneurs ont la responsabilité d’assurer la sécurité de leurs travailleurs pendant la période hivernale. L’article 116 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail oblige l’employeur à maintenir une température convenable dans tout local fermé, compte tenu de la nature des travaux et des conditions climatiques extérieures. Si cette température ne peut être maintenue, un endroit chauffé doit être mis à la disposition des travailleurs. L’article 117 vise le maintien d’une température minimale variant de 12° à 20°C.
Par ailleurs, l’article 3.10.10 du Code de sécurité pour les travaux de construction impose aux employeurs de mettre à la disposition des travailleurs de la construction une cabine convenablement chauffée par temps froid.
Gaz toxiques
Certains équipements de chauffage temporaire peuvent dégager des gaz toxiques. Selon l’article 41 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail, les employeurs ont l’obligation de maintenir une concentration de ces gaz en deçà des maximums prévus. Ceci est particulièrement important en ce qui a trait au monoxyde de carbone dont les valeurs ne doivent pas excéder 35 ppm pour une durée de 8 heures ou 200 ppm pour une durée de 15 minutes.
Chauffage de chantiers
Normes de sécurité
L’installation des appareils au propane et au gaz naturel doit répondre à des normes strictes.
Pour des raisons de sécurité, toute personne qui fait l’installation d’équipements au gaz naturel ou au gaz propane doit détenir une licence de la Régie du bâtiment du Québec et doit être membre de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec.
L’entrepreneur devra s’assurer que tout technicien ou plombier travaillant sur un appareil au gaz naturel détient un certificat de qualification en matière de gaz naturel d’Emploi-Québec.
« Au Québec, l’installation d’appareils au gaz naturel est assujettie à une réglementation très serrée et, même dans la pratique, il est très rare de voir des dérogations aux normes établies », indique Carlos Oruna, représentant, Comptes majeurs chez Gaz Métro.
Par ailleurs, tous les travaux touchant une installation au propane requièrent que l’entrepreneur détienne sa licence de la sous-catégorie 15.6 tel que spécifié dans Le Code d’installation du gaz naturel et du propane (CSA-B149.1).