Le vêtement intelligent

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Crédit photo : Mawashi
Le vêtement intelligent, une des catégories de wearables dans le jargon international, est un secteur en pleine effervescence notamment en Amérique du Nord et en Europe.

Le vêtement intelligent se retrouve dans plusieurs sphères d’activités. Il est particulièrement présent dans le monde du sport et du bien-être ainsi que dans les domaines de la défense et de l’aérospatial. Il sert à mesurer un certain nombre de signes vitaux comme le rythme cardiaque ou d’autres paramètres physiologiques.

Dans le domaine de la santé, il peut aider à faire le suivi de certaines maladies chroniques. Il contribue à informer d’un danger imminent, comme une accélération brutale de la fréquence cardiaque. Il peut également servir à déceler un taux d’hyperglycémie, notamment en sondant la transpiration.

Évolution

Cette présence technologique évolue. Elle s’immisce dans l’uniforme de travail d’un nombre croissant d’industries. Pour l’instant, elle se trouve plus particulièrement dans l’utilisation d’accessoires comme des gants, des casques, des chaussures et des bracelets que dans des vêtements à proprement parler. Elle peut avoir pour mission de rééduquer un travailleur blessé, par exemple en analysant et en corrigeant une posture déficiente.

L’outil joue un rôle de physiothérapie. Il est idéal pour aider à aiguiller un mouvement, le rendre plus juste ou précis et ce, particulièrement dans le cas de gestes répétitifs où le risque de fatigue et de blessure augmente comme sur un chantier de construction, par exemple.

Seconde peau

La plupart des vêtements connectés sont minces et légers à l’instar des produits conçus par Hexoskin à Montréal. Ils doivent être agréables à porter et bien s’adapter au corps pour que les capteurs prennent des données fiables. À la différence des vêtements traditionnels, ils sont pourvus de nombreux capteurs. Ils mesurent la température et la luminosité. En plus de détecter les gaz, ils sont parfois dotés d’accéléromètre pour enregistrer le positionnement. 

Certains de ces vêtements sont étanches et lavables à la machine. Cela demeure néanmoins un enjeu de développement, car l’électronique qui alimente leur connectivité se détériore au bout de plusieurs cycles de lavage.

Vêtements intelligents pour la construction

Beaucoup reste à faire pour mousser son adoption. Ce type de vêtement dans la construction est qualifié de concept embryonnaire. Par manque d’intérêt et à cause des coûts que cela implique, il n’a pas encore atteint l’étape de la recherche, contrairement au marché du sport et de la santé où l’analyse des besoins et la création de produits sont constantes.

Dans l’industrie 4.0, les gants de travail intelligents sont déjà bien établis. CyberGlove Systems, une entreprise de San Jose, les fabrique. Mais ce n’est pas forcément le cas des gants pour la construction. On note également le balbutiement d’un marché potentiel avec la botte connectée, un produit européen développé par l’entreprise française Intellinium. Cependant, cette chaussure n’est pas encore adaptée au secteur de la construction, mais c’est un début.

botte intelligente
Crédit photo  : Intellinium

Au travail, il existe un casque qui permet de mesurer le niveau de fatigue. Il est appelé Smart Cap. On compte également des wearables qui permettent de localiser les travailleurs et d’envoyer des alertes au superviseur en cas de chute par exemple. Triax technologies produit ces instruments. En ce qui a trait au tissu, les vêtements qui ont un gros potentiel sont les manteaux chauffants. Ils permettraient de protéger les ouvriers qui travaillent dehors au froid.

Alimenter l'intérêt

Comme l’explique Paulette Kaci, directrice générale de Vestechpro, il est difficile de développer ce créneau dans la construction quand peu d’entrepreneurs de l’industrie s’intéressent au produit.

L’Institut de recherche Robert- Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) étudie cependant certaines tendances. Ses observations procureraient, à terme, des orientations à adopter dans le secteur de la construction entre autres.

« C’est une étincelle qui pourrait susciter l’intérêt des entrepreneurs et qui donnerait de l’élan au dossier, suggère Mme Kaci. Cela pourrait être perçu comme un signal de développement d’un possible marché au Québec. »

Nous souhaitons ardemment collaborer avec de grandes entreprises d’ici qui pourraient communiquer leurs attentes pour développer des produits. Des entreprises qui s’investiraient avec les bailleurs de fonds publics pour créer des vêtements parfaitement adaptés à l’industrie. »

Manteau à l'essai

« C’est ainsi qu’a été conçu un prototype de manteau d’hiver chauffant, un produit destiné à une industrie où le gros du travail se déroule à l’extérieur par temps froid. Un milieu en somme près des exigences de la
construction, souligne Paulette Kaci. Un secteur d’activité qui fait l’objet d’une entente de confidentialité et un banc d’essai qui porte de très beaux fruits. »

Compétence montréalaise

Nous disposons de tout le savoir-faire à Montréal pour développer des vêtements intelligents concluants et des articles destinés au secteur de la construction. Mais les chercheurs et concepteurs de produits ont besoin des milieux de travail pour faire avancer la science. L’industrie doit partager son expérience de terrain pour aider la R et D et les chercheurs doivent comprendre l’expérience terrain pour faire carburer le progrès.

C’est pourquoi les scientifiques aiment rencontrer les entreprises de la construction, et leurs travailleurs, pour comprendre les besoins, pour cerner la réalité toute crue et définir des solutions concrètes avec eux. « Car notre rôle consiste à créer des produits qui répondent à des exigences précises, poursuit Paulette Kaci. En somme, nous aidons à créer des vêtements de pointe dans le respect de normes spécifiques d’industries, des produits connectés fiables et durables et qui seront plaisants à porter. »

Quête de partenaires

« Si une entreprise du domaine de la construction nous approchait pour nous présenter ses besoins en termes de produits connectés à développer, elle serait très bien accueillie. Certaines compagnies ont en effet des idées de produits en tête, des articles qui pourraient fournir un bénéfice supplémentaire à leurs travailleurs tant sur le plan de l’aisance de mouvement qu’au chapitre de la santé et de la sécurité sur les chantiers. Je pense notamment à un casque de sécurité connecté qui contribue à garder l’ouvrier en alerte continue », conclut Mme Kaci.

Le Québec se positionne avantageusement sur l’échiquier de la recherche et du développement de nouveaux produits à l’échelle mondiale. Notre expertise nous classe parmi les meilleurs, particulièrement au niveau des vêtements connectés, confirme le centre de recherche et d’innovation en habillement Vestechpro, un OBNL affilié au Cégep Marie-Victorin.

DES IDÉES Wear It Smart

L’OBNL Vestechpro est l’organisateur du colloque annuel Wear It Smart. Cet événement international présenté à Montréal vise à faire émerger le vêtement connecté, ergonomique ou numérique.

L’édition 2018 a proposé une programmation centrée sur l’utilisation des vêtements et accessoires connectés sur le lieu de travail. L’activité a rassemblé des chercheurs, des entrepreneurs, des investisseurs et des entreprises de plusieurs industries tels la construction, le transport ou l’énergie.

Les exosquelettes : du génie sur les chantiers

Des technologies permettent d’accroître les capacités du corps humain. Les exosquelettes en font partie.

L’exosquelette est une structure légère, résistante et durable qui se porte sur le corps. Il permet de rediriger la charge et la pression exercées sur le corps humain lorsqu’on transporte un objet. Il apporte de la justesse et de la puissance aux membres et aux articulations. L’exosquelette comprend des éléments passifs comme des ressorts ou des composants actifs, comme un moteur. Les ensembles non alimentés sont les plus prisés.

Le système permet d’activer, d’augmenter ou d’améliorer le mouvement ou l’activité physique. Il peut servir dans plusieurs secteurs d’activités.

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Exemple d'exosquellette.
Crédit photo : Mawashi

Aujourd’hui, on le trouve dans trois types d’industries. Indispensable dans le domaine médical, il fait maintenant sa marque dans le secteur industriel. Dans le monde militaire, il protège des vies, explique Alain Bujold, chef de la direction et chef de la technologie chez Mawashi Sciences et technologie, une entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Issu du secteur de la recherche scientifique, le premier produit du genre a été lancé il y a environ cinq ans dans le monde médical. L’exosquelette a été conçu au départ pour aider des personnes atteintes de paraplégie à se relever et remarcher, à refaire des mouvements contrôlés avec les bras, les jambes et le bassin. Une réappropriation de gestes qui, autrement, auraient été impossibles à réaliser sans cet accompagnement.

Santé et sécurité du travail

« Ses succès démontrés dans l’apprentissage de la motricité ont depuis inspiré le marché de la prévention des accidents en milieu de travail, indique Simon Pesant, chercheur scientifique et coordonnateur de projets dans cette même entreprise. L’équipement adapté permet à des ouvriers d’accomplir avec rapidité, intensité et efficacité des mouvements répétitifs sans fatigue humaine ni blessures et d’adopter de saines postures de travail. »

« Il contribue à sauver des vies, particulièrement dans des environnements où l’indice de dangerosité du travail est élevé. Des exosquelettes sont ainsi fabriqués pour les besoins des troupes de combat militaires. Leur ergonomie aide le corps à transporter l’équipement lourd et alimente l’aisance de mouvement. Sans fatigue, les soldats demeurent alertes, observe Jean-Marc Sheitoyan, chef de la stratégie chez Mawashi.

Des solutions pour la construction

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Crédit photo : Ekso Bionics

Dans la construction, on manie des matériaux et des outils lourds. Le travail exige également des tâches répétitives, une situation qui use le corps et alimente la fatigue, ce qui nuit à la productivité du travail et à la vigilance sur les chantiers. C’est pourquoi les concepteurs d’exosquelettes tendent la main aux associations de la construction.

Les appareils de pointe permettent aux travailleurs de chantier de travailler un plus grand nombre d’années en prévenant notamment la détérioration prématurée des poignets, des coudes et des épaules et en aidant le corps à mieux gérer le mouvement et à absorber le poids des instruments de travail. Ils aident particulièrement à diminuer la pression que l’effort du travail exerce sur les muscles et les ligaments.

La compagnie américaine Ekso Bionics, entre autres, propose une veste qui protège les travailleurs des blessures, permet de terminer les tâches plus rapidement avec une meilleure qualité. La santé
des travailleurs est ainsi préservée et leur endurance augmentée, faisant gagner les entreprises en productivité dans les usines et sur les chantiers.

Des produits terre-à-terre

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Crédit photo : Ekso Bionics

L’exosquelette ne remplace en rien la compétence des ouvriers. Il aide à mieux accomplir le travail en assurant le mouvement, la force et l’endurance des travailleurs. Encore plus important, il prévient les accidents. Cet équipement fait partie de la grande famille des systèmes d’augmentation de l’humain (SAH) dont font partie les produits de réalité augmentée, des articles populaires à travers le monde, comme les lunettes de protection qui augmentent la vision et des casques connectés.

L’évolution de ces produits est exponentielle et la demande grandissante. À raison, elle améliore la compétitivité du travail. Elle ajoute à la qualité de vie des travailleurs et contribue à l’avancement des chantiers. Or,
les constructeurs ont des besoins particuliers. Ils cherchent des produits souples, peu volumineux, non encombrants et collés au corps. Ce que l’industrie développe présentement. Le dialogue permettra d’adapter son éclosion, relèvent les chercheurs de Mawashi Sciences et technologies.

Casques et lunettes connectés : un nouveau visage d’industrie

La réalité augmentée qui guide l’évolution des casques connectés et des lunettes intelligentes est l’objet de nouveaux bancs d’essai. Cette disposition risque de transformer en profondeur les habitudes de travail sur les chantiers d’ici cinq ans prédisent de riches employeurs.

C’est une étude internationale menée en 2018 par Emergent Capital Survey qui a lancé l’initiative de développement. L’enquête révélait que 80 % de la main-d’oeuvre des grandes entreprises n’avait pas à sa disposition d’interface de réalité augmentée.Une carence qui freine l’évolution du travail.

Ce genre d’équipement est en effet principalement associé aux domaines de l’éducation, de la médecine et du divertissement, des applications liées à des emplois exigeant concentration et dextérité lors de procédures de focalisation dirigées par une caméra intégrée aux lunettes notamment.

Nouveaux métiers

Atheer, l’entreprise de la Silicon Valley à l’origine des casques de sécurité qui permettent de visualiser des plans de construction en 3D ou d’envoyer des courriels aux collègues, étudie depuis d’autres possibilités. À l’instar de Daqri, l’entreprise californienne qui a conçu un mélange de lunettes connectées et de casques de chantier affichant en direct des informations utiles à l’ouvrier.

Produits qui ajoutent à la sécurité avec la vision à 360 degrés, applis bientôt arrimées à une interface de reconnaissance vocale ou de gestes virtuels, cette expertise permettra bientôt d’accomplir des tâches en mains libres sur les chantiers. 

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