Frigoriste de père en fille

album photo

Annick Ouellet, présidente, Co ref Ltée
Bachelière d'histoire de l'art, Annick Ouellet n'était pas destinée à devenir entrepreneure en construction. Elle est aujourd'hui présidente d'une entreprise spécialisée en ventilation, contrôles, chauffage et réfrigération. Son histoire est inspirante.

Son père qui était frigoriste a fondé la compagnie familiale en 1985. À l'origine, c'était une petite entreprise d'installation, de réparation et de maintenance de réfrigérateurs et de congélateurs commerciaux. Elle ne comptait qu'un employé, à une époque où une femme ne pouvait aspirer au métier.

« Cependant, tout s'est illuminé pour moi quand mon père m'a demandé en 2005 de lui donner un coup de main à la gestion, d'abord comme commis de bureau puis à titre d'adjointe administrative. De fil en aiguille, en disant oui à tout, j'ai fini par combler mille et une autres petites tâches que j'aimais tout autant. Des fonctions qui me rapprochaient du métier. »

« C'est de cette façon que j'ai graduellement acquis plusieurs compétences et, encore mieux, une bonne compréhension de l'entreprise. Ce parcours m'a permis de développer davantage que des habiletés professionnelles. En plus de m'avoir aidée à bien comprendre l'industrie, il m'a fait découvrir que je possédais la fibre entrepreneuriale, comme mon père : des idées pour faire grandir une entreprise et asseoir une vision d'affaires. » Ce qui est devenu son défi.

Savoir s'investir

C'est en 2017 qu'elle devient actionnaire unique et présidente de l'entreprise. « Je connaissais tout de la compagnie. J'y avais grandi et j'avais son succès à coeur. Mais pour amener l'entreprise plus loin, je considérais qu'il manquait un élément important : être frigoriste. Il est en effet difficile de maîtriser les enjeux du métier et de l'industrie en général lorsqu'on n’est pas sur le terrain en train d'installer, de réparer ou d'entretenir des systèmes et de parler le même langage que les clients. Mon père m'avait communiqué le savoir-faire, mais je tenais à faire davantage : exercer le métier. »

« C'est pourquoi j'ai entrepris un programme complet de formation professionnelle en techniques de chauffage, climatisation, réfrigération et ventilation. Grâce à ces cours, et aux apprentissages sur le terrain, je serai compagnon dès l'année prochaine. » Elle continue de gérer la compagnie, en menant notamment plusieurs initiatives de croissance. Cette dynamique a favorisé le recrutement de personnel et fait grandir l'équipe. Elle est à ce jour la seule femme frigoriste au sein de l'entreprise.

À l'écoute des besoins de l'industrie, elle s'est particulièrement empressée d'ajouter le secteur de la ventilation à la gamme de spécialités de l'entreprise, en plus d'étendre toute l'offre de services de la compagnie au marché des chantiers de construction. Cette approche qui a permis de diversifier les activités de l'entreprise a propulsé le volume d'affaires. « Cela a aussi permis d'innover en présentant une nouvelle image de la construction, une synergie proposant de nouvelles valeurs d'engagement », dit la chef d'entreprise.

Changer la culture

« Cette évolution d'intégration n'est cependant pas la même partout dans l'industrie. Il existe encore beaucoup de tabous à abattre dans certains corps de métier et particulièrement sur les chantiers. Davantage qu'un collègue, une femme doit être plus déterminée à faire ses preuves et à prouver sa compétence sans l'ombre d'un doute, dans le domaine de la construction, constate-t-elle. Ce qui, indéniablement, peut aussi constituer un atout. »

« Cela nous oblige en effet à nous surpasser chaque fois qu'on foule un chantier. Le résultat fait en sorte que nous remportons désormais davantage de contrats dans notre spécialité », conclut Annick Ouellet, heureuse du respect que lui témoigne aujourd'hui l'industrie.

Inscrivez-vous à notre infolettre

Pour toujours être informé sur les actualités de la construction