Technique

La prévention incendie et ses termes techniques

Paul Demers Paul Demers
Paul Demers
Chroniqueur technique

La protection des usagers dans les bâtiments passe par plusieurs éléments comme le type de construction, l’usage d’un bâtiment, les issues et autres. Parfois la compréhension du sujet peut être altérée par l’utilisation de nombreux synonymes de l’industrie, ainsi que par des expressions de langage ou de régions différentes ou encore par l’utilisation de termes techniques se ressemblant, mais qui sont tout de même très distinctifs. Au long des lignes suivantes, nous ferons feu sur des termes de même famille en faisant un survol de leurs différences pour désenfumer leur compréhension.

Une famille tout feu tout flamme

Cloisons, pour compartimenter ou pour séparer ?

Parmi les termes techniques souvent utilisés à mauvais escient, mentionnons mur coupe-feu qui, bien souvent, est nommé à tort pour désigner une séparation coupe-feu. Tous deux doivent être étanches, continus et leurs ouvertures doivent être protégées.

article chronique technique flamme 3

Selon le Code de construction du Québec, Ch.1 – Bâtiment, leurs caractéristiques sont :

Séparation coupe-feu : Cloison construite de façon étanche et scellée aux jonctions des murs, plafonds et planchers, comportant ou non un degré de résistance au feu obligatoire, destinée à retarder la propagation du feu et de la fumée. Elle fait partie intégrante de la compartimentation d’un bâtiment et peut être faite de matériaux combustibles comme le bois et le gypse.

Mur coupe-feu : Type de séparation coupe-feu, donc étanche et scellé. Construit de façon incombustible (maçonnerie, béton ou autres matériaux liés à l’incombustibilité), il divise un bâtiment permettant de créer des bâtiments différents par lotissement dans une même coquille. En position mitoyenne, il s’oppose à la propagation du feu et doit offrir le degré de résistance au feu obligatoire stipulé au Code de construction du Québec, Ch.1 – Bâtiment selon l’usage du bâtiment, tout en maintenant sa stabilité structurale lorsqu’il est exposé au feu et ce, pendant le temps correspondant à sa durée de résistance au feu exigée. Il doit donc former une structure indépendante pour ne pas être entraîné à s’écrouler par les mouvements des structures avoisinantes. En présence de toits dont le pontage est constitué d’une dalle de béton ayant un degré de résistance au feu (DRF) d’au moins 1 heure, le mur coupe-feu peut se buter contre sa sous-face. Mais si le platelage de toit n’atteint pas un DRF minimum de 1 h, le mur coupe-feu doit être surélevé en rapport au toit à une hauteur variant selon le DRF exigé pour le mur.

Références au Code les différenciant :
[A]1.4.1.2. Définitions
3.1.8. Séparations coupe-feu et dispositifs d’obturation
3.1.10. Murs coupe-feu
D-4.3.1. Matériaux réputés incombustibles
9.9.4.2. Séparation coupe-feu
9.10.9. Séparation coupe-feu et barrières étanches à la fumée
entre les pièces et les espaces
9.10.11. Mur coupe-feu

Des DEGRÉS précisés en minutes ou en heures :

À l’annexe «D » du Code de construction, on présente les cotes de comportement au feu attribuées aux matériaux ou aux ensembles de matériaux. Elles permettent de définir les degrés de résistance au feu pour les murs, planchers, toits, poteaux et poutres de nos bâtiments. En parallèle, pour les dispositifs d’obturation utilisés dans les séparations coupe-feu (porte avec fermeture automatisée, verre armé ou autres), on leur attribue un degré par flammes gradué en heures et/ou minutes similaire au DRF. On doit bien les distinguer, car un envers l’autre, la cote diffère souvent. Voici quelques distinctions selon leurs définitions.

Degré de résistance au feu (DRF) : Temps pendant lequel un matériau ou une construction (plancher, mur, plafond) empêche le passage des flammes et la transmission de la chaleur selon des conditions déterminées par des essais de comportement au feu.

  • CAN/ULC-S101 : Résistance au feu pour l bâtiments et les matériaux de construction
  • CCQ ch.1 : Articles 3.1.10.2., 9.10.3.1., 9.10.11.3

Degré par flammes : Temps pendant lequel un dispositif d’obturation installé dans une séparation coupe-feu, un mur coupe-feu ou un mur extérieur, résiste au passage des flammes dans des conditions déterminées par des essais de comportement ou différemment si le CNB l’exige. Donc, on l’applique à des dispositifs pouvant laisser passer de l’air, de l’eau, de la lumière, des câblages ou tout simplement des personnes dans l’axe d’une séparation coupe-feu.

  • CCQ ch.1 : Articles 3.1.8.4., 9.10.3.1., 9.10.13.

Pénétrations techniques :

Nos trois prochains éléments résistant au feu et à la fumée ont pour but de favoriser la sécurité là où le passage d’air, d’eau ou d’éléments techniques dans une séparation coupe-feu (planchers, murs, plafonds ou autres) est nécessaire. Voici leurs caractéristiques afin de bien les différencier et comme on pourrait dire, cessons de jouer à l’autruche avec ces trous.

Registre coupe-feu : Dispositif d’obturation tel qu’un registre (lames permettant de régler un débit), normalement maintenu en position ouverte. Pouvant faire partie d’un réseau de distribution d’air, soit dans l’axe d’un mur ou d’un plancher et conçu pour se fermer automatiquement par rupture d’un maillon fusible (fondant à haute température), ou sur déclenchement d’un dispositif thermosensible ou sensible à la fumée, lors d’un incendie afin d’assurer la continuité et l’intégrité de la séparation coupe-feu.


CCQ ch.1 : 3.1.8.6. à 3.1.8.9.

article chronique technique separation coupe feu

Coupe-feu : Application constituée d’un matériau ou d’un composant et d’un support de composant, utilisé pour remplir les interstices entre des séparations coupe-feu, entre des séparations coupe-feu et d’autres assemblages, ou autour d’éléments incombustibles ou non, pénétrant dans une séparation coupe-feu ou la traversant complètement.

Un coupe-feu dans une paroi avec DRF exigé, doit avoir une cote « F », pour résistance à la flamme, au moins égale à son degré pare-flamme. Les cotes le classifiant sont : F, FT, FH, FTH. Elles sont homologuées lors d’essais de systèmes normalisés (essais avec interaction de matériaux).

CCQ ch.1 : 3.1.9.1., A-3.1.9.,3.1., 9.10.9.6., 9.10.9.7.

Pare-feu : Matériau, composant ou système limitant la propagation du feu et de la fumée à l’intérieur d’un vide de construction ou d’un vide de construction communiquant à un espace contigu. Il peut être de bois, de métaux et/ou autres matériaux devant rester en place et empêcher le passage des flammes pendant au moins 15 minutes selon la norme CAN/ULC-S101. Des limites d’intervalles de mise en place sont exigés en termes de superficies, de distances horizontales ou verticales.

Exemples d’applications :

  • Une grande espace de soffite sous un très long balcon.
  • Un long vide sous toit d’un bâtiment combustible sans gicleur.
  • Une lame d’air derrière un revêtement de mur excédant 25 mm de profondeur.
  • CCQ ch.1 : 3.1.11.2., 9.10.16.2., 9.10.16.3.

Y a-t-il de la fumée sans feu…? Voici deux indices :

ET en quoi ils diffèrent? (CCQ ch.1 : D-3.1.1., 3.1.13.).

Indice de propagation de la flamme : Indice ou classement indiquant la vitesse de propagation de la flamme à la surface d’un matériau ou d’un assemblage de matériaux. Il est déterminé par un essai normalisé de comportement au feu exigé par le CNB (la vitesse d’embrasement en surface d’un échantillon de format contrôlé pour un matériau). Cet indice est particulièrement important là où on doit limiter la charge combustible dans un bâtiment.

Indice de dégagement des fumées : Cet indice s’applique principalement aux matériaux de finition intérieure. Certains matériaux dégagent beaucoup de fumées lorsqu’ils sont attaqués par le feu. Ces fumées peuvent rapidement remplir une suite ou un compartiment et mettre en danger la vie et la santé des occupants, sans oublier qu’elles risquent de se propager à d’autres parties du bâtiment. Cet indice est particulièrement important dans les usages où l’évacuation de personnes doit s’exercer avec assistance puisque moins de fumée égale un meilleur délai pour évacuer.

Ces indices attribués aux matériaux et aux assemblages sont établis selon les méthodes d’essais des normes :

  • CAN/ULC-S102, Caractéristiques de combustions des matériaux de construction et assemblages
  • CAN/ULC-S102.2, Caractéristiques de combustions superficielles des revêtements de sol et des divers matériaux et assemblages.

Avertissement de détection !

Là où vous habitez, quel dispositif est installé ?

Voici quatre termes d’appareils de détection largement utilisés dans les bâtiments méritant qu’on les distingue mieux. Au Code de construction du Québec, Ch.1 – Bâtiment, on les décrit comme suit :

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Détecteur d’incendie : Dispositif qui décèle un début d’incendie et transmet automatiquement un signal électrique qui déclenche un signal d’alerte ou un signal d’alarme. On y inclut les détecteurs de chaleur et les détecteurs de fumée. Il retentit dans l’ensemble du bâtiment ou en partie et peut être relié à une centrale d’alarme.
CCQ ch.1 : Article 3.2.4.5., 3.2.4.11.

Détecteur de chaleur : Détecteur d’incendie conçu pour se déclencher à une température ou à un taux d’augmentation de température prédéterminés. Il retentit dans l’ensemble du bâtiment ou en partie et peut être relié à une centrale d’alarme.
CCQ ch.1 : Articles 3.2.4.11. 5), 9.10.18.4.

Détecteur de fumée : Détecteur d’incendie conçu pour se déclencher lorsque la concentration de produits de combustion dans l’air dépasse un niveau prédéterminé. Il retentit dans l’ensemble du bâtiment ou en partie et peut être relié à une centrale d’alarme.
CCQ ch.1 : Articles 3.1.10.2., 3.2.4.12., 3.2.4.13., 9.10.18.4.

Avertisseur de fumée : Détecteur de fumée avec sonnerie incorporée, conçu pour donner l’alarme dès la détection de fumée dans la pièce ou la suite dans laquelle il est installé. Il retentit dans son environnement immédiat et actionne les autres avertisseurs d’une même suite si relié électriquement. Dans une suite d’une habitation, il est obligatoire à chaque étage et dans chacune des chambres à coucher.
CCQ ch.1 : Articles 3.2.4.21., 9.10.19.

Un métier explosif

Boutefeu : Non, il ne s’agit pas d’un appareillage ni d’un assemblage incorporé à une construction, mais il fait partie de l’univers de l’industrie de la construction. Le boutefeu‐foreur ou le boutefeu est appelé à travailler sur les chantiers pour des travaux impliquant du forage et du dynamitage qu’il prépare, organise, réalise à l’aide de foreuses pneumatiques, hydrauliques, et effectue la vérification, l’entretien des équipements et des accessoires de forage et de dynamitage. Il est spécialisé pour les travaux de sautage ou tout autre travail nécessitant l’utilisation d’explosifs. Pour effectuer des travaux de sautage, il est nécessaire d’être titulaire d’un certificat de boutefeu délivré par la CCQ et la CNESST et l’obtention d’un permis général d’explosifs délivré par la Sûreté du Québec est nécessaire à l’obtention de ce certificat.

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Faits incitatifs

Bien connaître les différences de ces termes techniques orientés sur le feu, flammes, fumées et autres, est le début d’une juste application en chantier. Rappelez-vous :

  • Le feu brûle et la fumée tue
  • 75 % de tous les décès par incendie sont causés par l’inhalation de la FUMÉE.

Voilà c’était la présentation de la famille tout feu tout flammes. Bonne consultation au Code de construction du Québec, Ch.1 -Bâtiment et au plaisir d’avoir un entretien avec vous.