Depuis plusieurs mois, l’industrie de la construction tourne à plein régime. Le 4e secteur en importance pour l’économie québécoise est à ce point sollicité, que nous sommes sur le point de battre le record du nombre d’heures travaillées de 2019, alors que 178 millions d’heures avaient été enregistrées au cours de cette année prépandémique. N’eût été la pandémie de COVID-19 et l’arrêt des chantiers en 2020, nous aurions probablement enregistré trois années records de suite.
En fait, à la lumière des investissements annoncés par le gouvernement du Québec dans son dernier budget, tout porte à croire que notre secteur sera encore en très forte demande pour les années à venir. C’est en soi, une excellente nouvelle pour notre industrie et pour l’économie du Québec. Cependant, cela a aussi pour effet d’accentuer la pression sur nos entreprises en plus d’exacerber les problèmes que nous vivions avant l’augmentation faramineuse des heures travaillées dans notre industrie et d’en créer de nouveaux.
En effet, à la fin de l’été 2020 nous avons vu les prix du bois augmenter de façon draconienne et ce n’était que la pointe de l’iceberg. En effet, au cours des premiers mois de l’année 2021, ce sont presque tous les types de matériaux qui ont connu une inflation sans précédent. Non seulement le bois (jusqu’à 300 % d’augmentation), mais l’acier, le pétrole, les matériaux de plastiques, de PVC et autres ont tous connus des augmentations substantielles.
L’ACQ a donc déployé une stratégie de relations publiques et gouvernementales, avec d’autres partenaires de l’industrie, afin d’aviser le gouvernement de la situation et de trouver des solutions pour, d’une part, avoir les matériaux nécessaires à la réalisation de tous nos projets et d’autre part, contenir cette pression à la hausse sur les prix.
À cet effet, l’ACQ et la Société québécoise des infrastructures (SQI) ont travaillé, au cours des derniers mois, sur un projet de clause d’ajustement des prix qui pourrait être incluse dans une entente contractuelle à la demande de l’entrepreneur. Cette clause prévoit un ajustement des déboursés à la hausse ou à la baisse en fonction de la fluctuation des prix des matériaux.
Afin de remédier aux autres problèmes, nous comptons sur le plan d’action du secteur de la construction présenté par la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, lors du budget du Québec de mars dernier. Ce plan comprend des investissements de près de 95 M$ permettant notamment de pallier la pénurie de main-d’oeuvre (32,4 M$), aider les entreprises de construction à effectuer le virage numérique (38 M$) et assurer leur croissance (23,5 M$). De plus, le plan d’action construction du gouvernement prévoit 90 M$ d’investissements pour les infrastructures municipales, 41,4 M$ pour la modernisation des infrastructures technologiques des donneurs d’ouvrage publics afin que ces derniers deviennent des leaders du virage numérique et 98 M$ pour assouplir les processus d’approbation de certains projets et l’adoption de nouvelles façons de faire.
À cet égard, nous attendons impatiemment le projet de règlement pour les contrats de travaux de construction promis par Mme Lebel qui pourrait découler sur un élargissement du décret sur les projets pilotes visant à faciliter les paiements dans l’industrie de la construction à l’ensemble des contrats publics. Nous suivrons assurément ce dossier pour vous.
Nous comptons également sur le plan d’action gouvernemental en matière d’allègement réglementaire 2021-2025 déposé en janvier dernier. Pour le secteur de la construction, le gouvernement vise d’ici 2025 à favoriser la polyvalence des métiers de la construction, diminuer le ratio compagnons-apprentis, revoir et harmoniser les catégories de licences, en plus de simplifier et centraliser au sein de la Zone entreprise de Revenu Québec, l’ensemble des renouvellements et attestations exigés de la part des différents organismes de régulation du secteur de la construction.
Finalement, je peux vous dire que nous sommes passablement déçus de l’adoption du projet de loi 59 modernisant la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Ce projet de loi aura des conséquences majeures sur la gestion de nos chantiers, puisque les chantiers de plus de 10 travailleurs auront l’obligation d’élire un représentant à la santé et sécurité (RSS), et ce, à compter du 1er janvier 2023. Dans sa forme actuelle, le maître d’oeuvre n’aura aucun droit de regard sur la personne qui occupera ces fonctions et la porte sera ouverte aux dérives si la collaboration et la bonne foi ne sont pas au rendez-vous. Nous suivrons donc de très près l’évolution et la mise en application de cette nouvelle loi et nous vous invitons à vous informer auprès du conseiller SST de votre région pour connaître vos droits et obligations.