Julie Verner, camionneuse chez Loiselle
Son message sur Facebook en juillet dernier lui a valu 215 mentions « j’aime » et 48 commentaires. Julie Verner, camionneuse chez Loiselle, une entreprise spécialisée en excavation située à Salaberry-de-Valleyfield, est fière de son parcours.
« À mon embauche chez Loiselle, j’étais camionneuse de semi-remorque. Mon souhait le plus grand était de conduire des fardiers, ces camions à plateau qui apportent la machinerie lourde sur les chantiers. Cela demande une formation spécifique et jusqu’à maintenant, aucune femme n’a fait ce métier chez mon employeur. D’où mon message sur Facebook où je partageais ma joie de pouvoir réaliser mon rêve, car je suis présentement en formation pour conduire ce genre de camion », souligne Julie Verner.
Dans un tout autre milieu avant la trentaine, Julie est inspirée par son conjoint, lui-même camionneur. Elle décide donc d’aller suivre un cours au Centre de formation du routier de Les Cèdres. « Après ce cours, je pouvais conduire des semi-remorques. J’ai donc obtenu un emploi qui m’amenait à faire des voyages vers les États-Unis, j’ai adoré ! », dit-elle.
À la naissance de son troisième enfant – qui a aujourd’hui 3 ans (les deux autres ont 4 ans et 14 ans) – elle décide de trouver un emploi qui demande moins de déplacements sur de longues distances et se fait embaucher chez Loiselle où elle travaille depuis un an et demi.
Les gens et les temps changent
À la question de savoir si son métier de camionneuse apporte son lot de propos discriminatoires ou de harcèlement, Julie répond :
« Chez Loiselle, c’est tolérance 0 pour l’intimidation envers les femmes. Et même, au cours des premières semaines de mon embauche, une personne des ressources humaines me téléphonait une fois par semaine pour me demander si tout allait bien. »
« C’est sûr qu’on m’a taquinée, mais on ne m’a jamais rabaissée. Il y a toujours une certaine politesse. Et quand les gars m’ont vu reculer dans un endroit difficile et réussir du premier coup, là où d’autres camionneurs ont dû se reprendre à quelques reprises, ils se sont plutôt taquinés entre eux ! », raconte-t-elle en riant.
« On voit que les mentalités changent. Aujourd’hui, ce n’est plus important que tu sois un homme ou une femme. Peu importe qui tu es, si tu démontres que tu es compétent, toutes les équipes t’accueillent les bras ouverts », souligne-t-elle.
Elle mentionne même que certains contremaîtres de chantier demandent que ce soit elle qui fasse les livraisons, ce dont elle est très fière. « Je carbure aux défis. On me demande de faire un voyage de plus ? On m’envoie en plein centre-ville de Montréal où je dois effectuer des manoeuvres difficiles ? Je réponds : ‘‘ Présente ! ‘‘ C’est pourquoi la possibilité de conduire des fardiers m’intéresse autant, car j’aurai plus de défis à relever. »
Selon Julie, les mentalités changent aussi du côté des employeurs. « Ils prennent en considération que leurs employés ont des enfants et que l’un des parents doit arriver plus tard sur les chantiers et ils mettent en pratique la conciliation travail-famille, ce qui n’était pas le cas avant. »
Conseils pour les jeunes
Que dirait-elle à une jeune femme qui hésite à travailler dans le milieu de la construction ?
« Je lui dirais : si c’est ça que tu veux faire, vas-y, fonce !, réplique-t-elle d’emblée. L’important est de faire un choix. Si tu décides de faire un métier dans la construction et que tu y es heureuse et que ça paraît, tout le monde t’accueillera avec plaisir. On est là pour travailler ensemble. »