Chaque mois, l’ACQ vous donne rendez-vous pour vous tenir informés des dernières nouvelles de l’industrie, en compagnie de vos animateurs, Jillian Gignac et Félix Rhéaume.
Dans cet épisode, les animateurs reçoivent Martin Damphousse, président de l’UMQ et maire de Varennes.
On le sait, les municipalités qui sont des gouvernements de proximité, sont un des plus importants donneurs d’ouvrage publics au Québec et les villes ont des besoins énormes en matière d’infrastructures.
Avec les reports des projets d’infrastructures qui étaient prévus au PQI et les besoins de densification des villes, M. Damphousse était la personne toute désignée pour parler de ces enjeux de la construction dans le monde municipal en compagnie de nos animateurs.
Pour écouter le balado :
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Lors de son passage dans notre studio, Damphousse a accepté de répondre à des questions supplémentaires de nos animateurs à micros fermés. Nous vous les présentons ici en exclusivité.
On a parlé de la crise du logement, puis, au tout début, vous nous avez mentionné un autre élément : c’était la crise de l’itinérance.
Oui, il y a un lien à faire entre ces deux sujets-là, qui est assez direct parce qu’on manque de logements, puis ça finit par arriver que des gens qui, on l’entend de plus en plus, des gens qui travaillent mais qui n’ont pas de logement. Avant, l’itinérance, c’était un phénomène assez ciblé pour les grandes villes, des gens qui avaient des problèmes de santé mentale. Aujourd’hui, l’itinérance a un autre visage. On voit justement des gens qui, même avec un travail, n’ont pas de logement abordable. Ils sont incapables de s’en offrir. Oui, l’itinérance est maintenant partout au Québec. Ce n’est plus seulement à Montréal ou à Québec, c’est rendu partout. Puis, il y a un réel lien direct à faire.
Quand on a annoncé la crise du logement il y a trois ans, le gouvernement n’y croyait pas. Ils ont dû se rendre à l’évidence, ça a été long et ça a été la même chose pour le phénomène qu’on a dénoncé à peu près un an plus tard.
C’est Bruno Marchand, maire de Québec, qui lève la main dans un CA. Il dit qu’il faut former un comité sur l’itinérance. On est 50 maires et mairesses autour de la table, et j’ai vu le nombre de mains qui s’est levé. « Je veux faire partie du comité ». Je me suis dit : « Oh my God ! Attends, il se passe quelque chose de beaucoup plus gros que ce que moi, j’avais perçu à Varennes. » Parce que pour eux autres, les moyennes villes, Granby, Drummondville, Val-d’Or, c’est une crise. Alors, je me suis dit : « Ok, mais attends là ! Qu’est-ce qui se passe ? » Alors, il y a un lien direct.
Manque de logement ? Le propriétaire fait quoi ? Il va le louer pareil. Ses prix augmentent, ses prix augmentent, ses prix augmentent. Puis, ça fait en sorte que les gens ne sont plus capables de payer ces prix-là. Puis, on a vu un nombre record de gens qui vivent maintenant dans leur voiture. Ils vont aux toilettes publiques, ils vont dans les bains publics pour prendre leur douche, se raser, ils vont travailler, puis ils reviennent dans leur voiture.
Sincèrement, là, on est dans une période où on fait un recensement actuellement, puis on s’attend… Le dernier recensement de 2022 annonçait 10 000 personnes vivant en itinérance. On a peur que ce chiffre-là explose. Et ca, c’est une réalité dans des villes de toutes tailles.
Puis tu sais, on a la crise des opioïdes, on a les problèmes mentaux, les loyers trop chers. Alors, si on m’avait dit il y a seize ans : « Martin, un jour, tu vas t’occuper de ça », je ne l’aurais pas cru. On se dit : « ben non, c’est impossible ! L’itinérance, c’est pas nous. » Mais oui, on est là-dedans. Les villes comme Gatineau, Québec et plein d’autres investissent pour tenter de sécuriser leur population parce que ça insécurise beaucoup de gens.
Un autre sujet qui finit dans votre cour, qu’on pelle dans les municipalités. Je fais un jeu de mots avec « cour », car on parle souvent du « pas dans ma cour » aussi. Puis, vous l’avez mentionné, quand on parlait des superpouvoirs, ça prend parfois du courage politique pour prendre certaines décisions. Le ministère des Affaires municipales fait une consultation présentement sur les processus d’approbation référendaire. Est-ce que vous avez avancé une réflexion à ce niveau-là au niveau de l’UMQ, où en êtes-vous rendu ?
Il y en aura une, c’est sûr. Là, je ne connais pas les détails de la tendance de la réflexion. J’ai une opinion, mais là, c’est le maire de Varennes qui a une opinion. Ça fait que je veux être sûr qu’elle soit coordonnée avec le plan de match de l’UMQ. Mais c’est sûr que, quand on parle de référendums, ça impacte directement l’ensemble de nos enjeux. On fait un règlement d’emprunt, il peut être battu. On fait une modification réglementaire de zonage, il peut être battu par les zones contiguës. C’est très préoccupant parce qu’on prend toujours au milieu municipal des décisions pour l’ensemble de la communauté.
Mais un voisin, lui, c’est son terrain où il se sent impacté. Il va tout faire pour tenter de bloquer parce qu’il est convaincu qu’on vient de le déranger ou qu’on vient de miner la valeur de sa maison, Quand nous, on pense au secteur total au complet.
Les changements climatiques et avec les infrastructures en eau, il y a le manque de capacité, mais, il faut les adapter aux nouvelles réalités climatiques. Des cas de surverse, là, ça va arriver. Plus il va y avoir d’incidents climatiques, plus on va en avoir aussi. Il faut qu’on construise nos infrastructures d’une nouvelle façon.
Ah oui. C’est ce qui est intéressant pour moi d’être avec vous aujourd’hui. Vous avez assurément des membres qui ont de meilleures connaissances que le milieu municipal pour savoir quoi faire, pour mieux faire, pour répondre aux changements climatiques.
Ça, il faut apprendre à mieux travailler ensemble parce que le milieu municipal fonctionne et fait ses infrastructures de façon traditionnelle, mais on ne peut plus les faire de la même façon à cause des grands coups d’eau.
Puis le 9 août, c’est un bel exemple. Ce sont 500 résidences qui ont été inondées à Varennes. C’est tough en tabarouette quand ça arrive. À Varennes, on n’a pas l’égout sanitaire, puis on n’a pas l’égout pluvial. On a un combiné. Ça fait que quand toute l’eau de pluie et l’eau des gouttières s’en va dans le même système d’égout, puis que là, les bassins ne fonctionnent pas bien, ça remonte où ? Dans les sous-sols de maisons, et ce n’est pas de l’eau de pluie, ça. Alors, c’est pas le fun. Fait qu’il y a sûrement des façons de faire. Puis on a commencé à Varennes, mais il y a sûrement d’autres idées géniales, on fait des grands bassins souterrains pour être capables de prendre les surverses, Pas dans le fleuve, dans des grandes piscines souterraines, dans des grands bassins pour être capables de ralentir le débit jusqu’aux étangs. Mais il y a assurément d’autres idées novatrices qui ne coûtent pas cher, mais qui sont bonnes. Quand Valérie Plante nous parle de parc éponge, bien c’est un autre exemple, mais il y en a assurément plein d’autres qu’on connaît mal. Puis on aurait intérêt à partager.
Une dernière question : on va avoir une année électorale. Dans le monde municipal, c’est quoi le message qu’on voudrait lancer ? Peut-être à la relève municipale, les gens qui réfléchissent ou hésitent.
En fait, le milieu municipal est vraiment un vecteur de changement.
Si t’as le goût de contribuer puis de changer à l’amélioration de ta municipalité, c’est le meilleur endroit pour le faire. Je serais menteur de dire : « Ah ! Inquiétez-vous pas, c’est facile. » C’est pas si facile que ça, mais c’est tellement valorisant parce que tu peux apporter des réels changements.
C’est sûr que la vague de démissions a été triste pour nous parce que ça nous a affectés. Quand on parle de 1000 démissions, 10 % des gens en l’espace de deux ans, puis malheureusement trop de jeunes, trop de jeunes femmes. Puis c’est triste parce qu’on a besoin des femmes.
Moi, j’ai un conseil paritaire, puis je suis très fier de ça. Mais est-ce que c’est facile de conserver autant de femmes et de jeunes femmes ? La réponse c’est obligatoirement non. Parce que la population à travers les médias sociaux est plus dure envers les femmes. Les plus baveux et les plus vicieux vont s’attaquer… jamais on me parle de mon habillement, jamais, on me parle de mon maquillage, de mes cheveux. Mais les femmes plus. Puis on va même aller s’attaquer à leurs enfants. Ça, c’est poche. Ça devient vite personnel.
Puis, avec les médias sociaux, ça s’amplifie malheureusement. Ça fait qu’il faut réussir à convaincre les femmes de venir parce qu’on a besoin d’elles. Mais qu’elles viennent à Varennes, je vais les encourager.
Merci beaucoup !
Ça m’a fait plaisir !
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