Malgré leurs siècles d’histoire, les planchers de bois font encore l’objet d’innovations technologiques. Celles de Preverco portent tant sur la structure que sur la fabrication et l’approvisionnement, avec des planchers flexibles assemblés par des robots qui valorisent le pin rouge de nos contrées.
Qu’importe où il se trouve, Jean-François Dufresne a toujours l’oeil sur les lignes de production de Preverco à Boisbriand : les robots et autres capteurs de cette usine dite 4.0 rassemblent toute l’information en temps réel sur un écran, où le moindre enjeu de performance est rapidement identifié. C’est là que sont produits les planchers d’ingénierie Flex, où le substrat traditionnel de contreplaqué est remplacé par de petites barres de résilience alignées de façon à épouser les formes du sol tout en offrant une stabilité et une isolation acoustique supérieures.
« Nous avons environ 300 employés mais nous faisons quand même face à un manque de main-d’œuvre, et c’est pourquoi tout ce qui peut être automatisé l’a été, résume le président de Preverco. Nos enjeux actuels sont la vision artificielle et la manipulation robotisée : les machines doivent analyser des pièces de bois et prendre des décisions entre des millions de morceaux qui sont tous différents, et les manipuler pour les placer au bon endroit, tout cela à très grande vitesse. »
On est loin de la chaîne de marquetterie antique avec laquelle son équipe a produit les prototypes du Flex dans un coin de l’usine voilà presque dix ans. L’idée était d’adapter un concept européen au climat et aux arbres d’ici. Comme Preverco possède sa propre scierie à Daveluyville ainsi qu’un magasin de détail à St-Augustin-de-Desmaures, elle a pu faire de nombreuses expériences et les tester sur des clients-cobayes volontaires. Finalement, les machines ont été remplacées par des modèles sur mesure du même fabricant européen, Schröeder, un demi-siècle plus tard.
Un pin à contre-emploi
Outre ses avantages structurels, le Flex permet de valoriser un bois mal-aimé de l’Est du Canada, le pin rouge, et de réduire l’usage de colle et des émissions de carbone associées à la fabrication du contreplaqué.
« Le pin rouge n’était vraiment pas utilisé pour ça : on le trouve habituellement dans les clôtures, palettes et poteaux, rien de structurel. Mais si on le coupe et l’oriente de la bonne façon, on peut lui donner la force de soutenir un bois franc. Il est aussi très économique, même si c’est relatif avec la récente flambée des prix du bois », dit M. Dufresne.
Sept ans après son entrée sur le marché, le Flex et son dérivé, le Max, représentent la moitié des ventes de Preverco, et presque la totalité de ses planchers d’ingénierie. En plus de se projeter dans l’avenir, l’entreprise s’est ainsi inscrite dans la mouvance de l’approvisionnement local, puisque sa matière première vient du Québec et de l’Ontario, alors que d’autres planchers d’ingénierie sont fabriqués principalement à partir de contreplaqués importés de la Russie ou de la Chine.
« On a un approvisionnement plus local, des performances techniques supérieures, à un prix intéressant. La prochaine étape pour nous, c’est d’automatiser encore plus la production », entrevoit M. Dufresne.
Mais le plus grand défi de Preverco est bel et bien humain : ce sont les exigences de la mode.
« Ces temps-ci, les gens cherchent des aspects plus naturels. Par exemple, nous avons dû adapter nos lignes de production pour réussir à créer un look chêne blanc à l’européenne. C’est un arbre moins répandu ici, alors il faut s’arranger avec d’autres espèces, dit M. Dufresne. On n’a pas le choix d’évoluer pour ne pas tomber en arrière de la courbe. »
Preverco est un partenaire du Fonds de solidarité FTQ, pour en savoir plus visitez le :
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