Le 24 avril dernier, la ministre de l’Emploi, Mme Kateri Champagne Jourdain, annonçait un investissement de 6 millions de dollars pour soutenir la formation en alternance travail-études (ATE) dans le secteur de la construction. Nous avons pu nous entretenir avec elle pour en savoir un peu plus.
Bonjour Mme Champagne Jourdain, pouvez-vous nous résumer l’annonce faite aujourd’hui ?
Aujourd’hui, on annonce un investissement de 6 M$ pour développer des formations dans le secteur de la construction sous le modèle alternance travail-études. Et ça ne s’était jamais fait dans le secteur de la construction. Alors, on est très heureux de pouvoir le faire et de le faire en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail et la Commission de la construction du Québec (CCQ).

Notre objectif, avec le développement de ces formations par la CCQ, c’est évidemment de travailler à l’attraction des gens vers le secteur de la construction. On veut travailler aussi sur la rétention, puisqu’on sait que quand les gens arrivent avec une formation, ils demeurent plus longtemps, ou ils font leur carrière dans leur métier de la construction. On vient aussi s’attaquer à la productivité sur nos chantiers, en emmenant davantage de travailleurs qui sont formés sur le terrain.
Est-ce cela s’adresse aussi à des gens qui accèdent au secteur via les bassins, qui ne sont pas encore formés ?
Absolument ! Tout d’abord, on annonce aujourd’hui cet investissement. On va ensuite travailler avec la CCQ à développer toutes les formations qui vont pouvoir être offertes et on va le faire, naturellement, en collaboration avec les centres de formation professionnelle et les centres de service scolaire. Alors, quelles formations seront offertes, ce sera défini prochainement et par la suite, on pourra former les gens qui vont justement trouver un emploi dans le cadre de cette formation.
Donc, cela s’adresse à des gens vont être engagés par une entreprise pour suivre une formation, ou des gens qui sont déjà à l’emploi d’une entreprise de construction, entrés par bassin, en effet, qui voudraient venir concrétiser leurs compétences avec les formations.
Est-ce que ce sont des formations qui existent déjà ou si elles vont être créées ?
Il y en a qui existent déjà, mais c’est la CCQ qui va analyser tout ça. Il faut aussi que les entreprises se manifestent. Tout ça est à définir.
La réponse à l’appel qu’on fait aujourd’hui va définir les secteurs et les régions où on va pouvoir offrir ces formations-là, en collaboration avec les centres de formation professionnelle qui offrent des formations. Et il y a toute l’adaptation aussi parce que la formation en alternance travail-étude, ça se fait, par exemple, à 2 jours sur le terrain, sur le chantier et 3 jours sur les bancs d’école.
Est-ce que les gens seront rémunérés pour être sur les bancs d’école ?
Absolument. Il y a un salaire de base qui va être déterminé. Les gens vont être rémunérés autant pour les heures travaillées que pour les heures d’apprentissage.
Pour que ce soit un succès, ça nous prend des gens qui sont intéressés à suivre la formation, mais aussi des entrepreneurs qui veulent être un milieu d’accueil. Pour l’employeur qui accueille ces gens-là, qui vont se former, cela va apporter aussi un plus à l’entreprise en termes de productivité.
Pour un employeur, c’est bien d’accueillir ces gens-là parce qu’après, il va y avoir plus de rétention au sein de l’entreprise ?
Tout à fait. Un des enjeux qu’on a, dans le secteur de la construction, c’est la rétention. Beaucoup de gens qui rentrent par bassin sortent rapidement. Au bout des 5 premières années, on a 40 % des gens qui quittent lorsqu’ils rentrent par l’ouverture des bassins. Et le manque de formation fait partie des raisons pour lesquelles les gens quittent. Alors, de venir les former, mais aussi de leur permettre de mettre en application en même temps déjà, durant l’apprentissage, les notions qu’ils acquièrent, ça contribue au facteur de rétention de ces employés-là.
Donc, c’est la CCQ qui va identifier les secteurs et les métiers où il y a plus de besoins et les types de formation.
Oui, c’est via la CCQ que toute cette analyse va se faire en fonction des entreprises qui vont avoir levé la main, des personnes intéressées à suivre la formation, mais aussi des besoins en construction selon les régions.
On vise de toucher combien de personnes avec l’annonce faite aujourd’hui ?
On vise près de 200 personnes qui pourraient être formées durant ces 2 années-là, parce que notre investissement est sur une période de 2 ans.
Et de manière générale, dites-nous comment le gouvernement peut aider pour les enjeux de la main-d’œuvre dans le milieu de la construction ?
Je dirais que notre gouvernement est très actif à ce niveau-là. On a développé plusieurs mesures, entre autres, je vais commencer par la grande opération main-d’œuvre qui va nous permettre, à terme, d’intégrer 55 000 travailleurs de plus dans le secteur de la construction. Alors, l’opération main-d’œuvre, c’est 6 secteurs ciblés et le secteur de la construction en fait partie.
Mais, on ne s’est pas arrêtés là. On a aussi développé l’offensive de formation en construction qui était les formations de courte durée. On en a fait 2 cohortes pour former plus de 4 000 travailleurs dans le secteur de la construction. Encore une fois, pour amener des gens qui sont formés, qui ont une bonne base au niveau des métiers de la construction sur nos chantiers.
Ensuite, il y les Camps des métiers Construction, une initiative de l’ACQ qui permet de faire connaître aux jeunes et aux moins jeunes aussi, qui ont un intérêt pour les métiers de la construction, en expérimentant à travers les centres de formation professionnelle, différents métiers.
Une excellente initiative de l’ACQ !
Absolument !
Et là, on arrive avec ces nouvelles formations qui vont être sous forme alternance travail-études, qui vont permettre, justement, d’attirer plus de gens, mais aussi faire en sorte qu’on ait un meilleur taux de rétention parce que les gens vont se former sur les chantiers de construction. C’est sûr que là, on vient augmenter le taux de productivité dans le secteur de la construction et sur nos chantiers puisque les gens seront autonomes en arrivant. Ils connaissent leur métier et ils sont à l’aise dans leur milieu de travail.
Merci infiniment Mme Jourdain Champagne de nous avoir accordé cette entrevue.