Face à la modernisation des infrastructures, la construction de logements et la transition énergétique, l’industrie de la construction québécoise est à un tournant. L’Institut du Québec (IDQ), en collaboration avec la Commission de la construction du Québec (CCQ), propose des pistes concrètes pour améliorer la productivité et la qualité des emplois dans ce secteur dans une nouvelle étude intitulée Innover en construction : des pistes pour accroître la productivité de l’industrie et la qualité des emplois, publiée plus tôt cette semaine.
Un défi mondial de productivité
La construction souffre d’un retard de productivité à l’échelle mondiale. Alors que d’autres secteurs ont vu leur rendement croître, celui de la construction a stagné, voire reculé. Aux États-Unis, la productivité a chuté de 20 % entre 1997 et 2023. Le Québec, avec une légère hausse de 3 %, reste en deçà de son potentiel.
Repenser la productivité
La productivité ne se limite pas à la performance individuelle. Elle dépend de l’organisation du travail, de la collaboration entre les acteurs, de l’intégration des technologies et de la formation. Il s’agit de mieux mobiliser les ressources à chaque étape du cycle de vie des projets.
Axes d’amélioration pour le Québec
1. Renforcer les compétences
- La proportion de travailleurs sans diplôme professionnel est passée de 43 % à 75 % en dix ans.
- Cette tendance nuit à la formation et à la rétention.
- Il est essentiel de valoriser les DEP et de former aussi les gestionnaires aux innovations organisationnelles.
2. Adopter des pratiques innovantes
- L’innovation passe par l’adoption de méthodes éprouvées, la collaboration entre entreprises, et une réglementation favorable (ex. : BIM obligatoire dans les appels d’offres).
- Le modèle britannique du Construction Innovation Hub est une source d’inspiration.
3. Intégrer les technologies
- Le potentiel d’innovation est plus grand dans la planification et la gestion que sur les chantiers.
- La numérisation des processus et l’usage de technologies comme les capteurs et l’IoT doivent être généralisés.
4. Favoriser les regroupements
- Les partenariats, consortiums et grappes industrielles permettent de mutualiser les ressources et de réaliser des économies d’échelle.
5. Simplifier la réglementation
- Bien que nécessaire, la réglementation peut freiner la productivité.
- Des efforts sont en cours pour améliorer les délais et l’administration des permis.
Un effort collectif
Selon la CCQ, il faut intensifier la formation, rehausser les compétences et promouvoir la diversité. Tous les acteurs – du gouvernement aux travailleurs – doivent s’unir pour bâtir une industrie plus résiliente, innovante et inclusive.
Améliorer la productivité dans la construction, c’est répondre aux besoins en logements, soutenir la transition énergétique et renforcer l’économie québécoise. C’est aussi offrir des emplois de meilleure qualité et bâtir un avenir plus durable.
À propos de l’Institut du Québec
L’Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère.
