Tout produit a un cycle de vie. Dans la littérature, le cycle de vie d’un produit se décline à travers les étapes d’extraction de matières premières, de fabrication, de distribution, d’utilisation et de fin de vie (recyclage). Ce principe s’applique également au bâtiment à travers les étapes d’approvisionnement, d’exécution des travaux de construction, de livraison de l’ouvrage, d’exploitation du bâtiment et de déconstruction.
Tout au long de son cycle de vie, il y a une interaction permanente entre le bâtiment et son environnement. Il existe une méthodologie permettant d’analyser et d’interpréter cette interaction. On parle précisément de l’analyse du cycle de vie d’un bâtiment. Pour traiter du sujet, j’ai interviewé Josée Lupien et Jean Desrosiers, des experts en matériaux et bâtiments durables chez Vertima, une entreprise de services professionnels spécialisée en déclaration environnementale de produit, en gestion de projet visant des certifications comme LEED V4 et en analyse de cycle de vie de bâtiment (ACV).
Les deux experts m’ont d’abord expliqué en quoi consiste l’ACV de bâtiment. Selon eux, l’ACV est l’étude de l’interaction existante entre un produit et l’environnement, l’interaction étant caractérisée par la consommation de ressources naturelles et les émissions dans l’environnement tout au long du cycle de vie. C’est une méthode holistique qui permet d’avoir un portrait global des impacts liés au produit ou au service.
Je les ai questionnés sur l’utilité de l’analyse du cycle de vie appliqué au bâtiment. Ils estiment que d’appliquer l’ACV aux bâtiments permet de concentrer les efforts de développement durable des espaces bâtis aux bonnes places grâce à un outil performant qui intègre plusieurs dimensions (vue d’ensemble). Leur collègue Sylvie Alain, ingénieure forestière, dans la publication Un regard plus approfondi vers le cycle de vie des bâtiments, mentionne que « Plusieurs études basées sur l’ACV de bâtiments démontrent que la consommation d’énergie durant la phase d’utilisation a le plus d’impacts environnementaux. Les matériaux sont au second rang pour l’importance de leurs impacts. » Au fur et à mesure que l’efficacité énergétique des bâtiments sera optimisée, le choix des matériaux contribuera plus fortement au bilan total des impacts des bâtiments.
Nous avons également abordé la question du processus d’analyse de cycle de vie d’un bâtiment. Les experts ont distingué les quatre étapes suivantes :
- Détermination du champ d’étude, pour pouvoir analyser et comparer les résultats entre le bâtiment étudié et un bâtiment de référence. Les deux bâtiments doivent être comparables en matière de taille, de fonction, d’orientation et de performance énergétique d’exploitation. L’équipe doit utiliser les mêmes outils logiciels et données d’analyse du cycle de vie pour l’évaluation de référence et l’évaluation proposée du bâtiment.
- Collecte des données, pour identifier et quantifier chacun des éléments entrant et sortant du système analysé (bâtiment).
- Modélisation et calculs, pour visualiser et déterminer les impacts environnementaux potentiels du bâtiment sur l’environnement.
- Interprétation des résultats, pour comprendre l’empreinte environnementale du bâtiment, agir sur les points chauds du système et être capable de comparer ces résultats au bâtiment de référence.
L’analyse du cycle de vie d’un bâtiment est une approche intéressante, car elle incite à mesurer la performance environnementale d’un bâtiment et à suggérer de judicieuses possibilités visant entre autres la réduction de la consommation énergétique.