Dans le but de mesurer le degré de maturité de l’industrie au Québec dans la compréhension et la maîtrise des notions reliées à la conception intégrée et au BIM (Building Information Modeling), le Groupe de recherche en intégration et développement durable en environnement bâti (GRIDD) de l’École de technologie supérieure (ÉTS) et la Chaire Pomerleau ont réalisé un sondage au cours de l’hiver 2015.
Mme Souha Tahrani, associée de recherche à l’ÉTS, a dévoilé les résultats lors des Grandes Rencontres Contech, le 26 mai 2015, à Montréal. Les chercheurs ont constaté qu’il existait peu de données fiables au Canada et au Québec sur l’utilisation d’approches innovatrices dans l’industrie de la construction. Un sondage avait été effectué en 2011, mais l’échantillonnage n’était pas très représentatif parce qu’il avait été réalisé auprès de 235 architectes et ingénieurs. Quatre ans plus tard, plus de 500 intervenants, dont des entrepreneurs généraux et spécialisés, des donneurs d’ouvrage et des fournisseurs, se sont ajoutés aux professionnels pour établir un portrait plus précis de la situation.
Provenance des répondants
- Architectes 27,7 %
- Ingénierie 13,5 %
- Donneurs d’ouvrage 19,4 %
- Entrepreneurs généraux 8,9 %
- Entrepreneurs spécialisés 4 %
- Fabricants – fournisseurs 3 %
- Autres 23 %
Trente-six pour cent des répondants provenaient de Montréal, 23 % de la Capitale-Nationale et 8 % de la Montérégie. Malgré un taux de satisfaction assez élevé, BIM (64 %), Approches intégrées (68 %) et LEAN (51 %), on constate un faible taux d’adoption par les utilisateurs : BIM (31 %), Approches intégrées (29 %) et LEAN (21 %).
De tous les commentaires exprimés par les répondants, on pouvait souvent lire que dans leur entreprise, les gens se servaient du processus BIM pour l’appliquer uniquement au bâtiment, ce qui représente moins du quart de leur volume. Le BIM n’est utilisé que lors de la conception, avec le logiciel Revit. Les phases de conception et de construction obtiennent donc des pointages élevés (85,3 % et 66,3 %) comparativement aux autres étapes correspondant à l’étude de faisabilité (24,2 %), à la planification (40 %), à la gestion et à l’entretien (16,8 %) ainsi qu’à la réhabilitation (14,7 %).
Parmi les principaux usages du BIM, la création de documentation 2D et la conception sont les plus importants. En ce qui concerne les bénéfices de ce processus, 35 % des répondants estiment que le BIM a amélioré la collaboration interdisciplinaire, 23 % ont dit que ça réduisait les reprises sur les chantiers, 23 % ont parlé d’amélioration de la productivité du personnel et 18 % de réduction du temps de coordination.
Les répondants devaient énumérer quelques-unes des barrières qui empêchaient l’adoption du BIM dans les projets de construction au Québec. Retenons les commentaires suivants : le manque de personnel qualifié et le niveau de maîtrise de cet outil technologique, le manque d’engagement des donneurs d’ouvrage, les structures d’honoraires qui ne correspondent pas au travail additionnel et à la valeur ajoutée d’un projet BIM, et les conflits entre utilisateurs des logiciels CAD 2D et utilisateurs BIM.
Finalement, pour faciliter l’adoption du BIM au Québec, les répondants croient en la nécessité d’incitatifs financiers pour la mise à niveau technologique et la formation du personnel (39 %), à la modification des types de contrats (28 %) et à la modification des décrets afin d’inclure de telles pratiques (25 %).
Canada 290 milliards de dollars par année 18,2 PIB
Québec 48 milliards de dollars par année 15,7 PIB