Relations du travail

Favoriser la diplomation dans un contexte de forte activité économique

Alexandre Millette
Chroniqueur relations du travail

L’accès à l’industrie de la construction se fait essentiellement de deux manières soit en obtenant un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou lors d’une ouverture des bassins de la main-d’œuvre. Il est à noter que les ouvertures de bassins sont une soupape d’urgence permettant à des travailleurs d’intégrer l’industrie de la construction, lorsque le réseau scolaire ne satisfait pas la demande de l’industrie.

Comprendre comment fonctionne l’accès à l’industrie de la construction

D’abord, l’ouverture des bassins se fait lorsque le nombre d’apprentis d’un métier dans une région donnée est à moins de 5 % de disponibilité. À titre d’exemple, s’il y a 1 500 apprentis peintres dans la région de l’Estrie, l’ouverture des bassins se fera lorsqu’il y aura moins de 75 apprentis disponibles dans la région.

Toutefois, plusieurs facteurs influencent la véritable disponibilité des travailleurs, pensons notamment, aux personnes détenant plusieurs certificats de compétence, les apprentis qui quittent l’industrie, les apprentis en congés parentaux, les apprentis en congés de maladie, etc. Bref, bien qu’il s’agisse d’un mécanisme ayant certaines limites, ce mécanisme permet de réagir relativement rapidement aux fluctuations de l’activité économique des différentes régions.

Ensuite, il y a la voie de la diplomation, où les futurs travailleurs de l’industrie de la construction suivent un DEP afin d’obtenir une carte de compétence et du même coup intégrer l’industrie. Actuellement, plusieurs régions n’offrent pas de DEP pour l’ensemble des métiers, ce qui occasionne une pression supplémentaire sur les ouvertures de bassins à court et moyen terme. Toutefois, il y a plus, quelques métiers ont même un seul établissement scolaire pour former la main-d’œuvre demandée pour l’ensemble du Québec, et ce, malgré un fort taux d’activité prévue pour les prochaines années.

Lorsque nous mettons les deux concepts en corrélation, l’ouverture de bassin peut nuire au taux d’inscription dans les programmes d’études et peut nuire à l’élaboration d’un nouveau programme dans une région où celui-ci n’est pas offert. Cependant, le concept des ouvertures de bassin est essentiel pour maintenir un équilibre de main-d’œuvre dans certaines régions, afin de compenser un réseau scolaire qui n’est pas toujours suffisamment agile pour satisfaire la demande de l’industrie.

Historiquement, l’équilibre de main-d’œuvre était en harmonie avec l’activité économique, ce qui a favorisé la diplomation des métiers dans notre industrie. Toutefois, depuis la fin de 2018, nous constatons un déséquilibre entre le nombre de diplômés et l’activité économique qui est à des hauts historiques.

Stratégie en trois temps

En sachant que l’activité économique va demeurer élevée dans les prochaines années, trois solutions doivent être apportées pour obtenir des résultats optimaux :

  1. Mettre en place rapidement les mécanismes d’alternance travail-étude afin de couvrir les personnes en réorientation de carrières. Avec la pandémie, une clientèle importante est en réorientation de carrière et doit travailler le jour.
  2. Ouverture des bassins pour combler les besoins de main-d’œuvre actuels. Il s’agit d’un mécanisme qui a des effets bénéfiques à court terme en attendant d’implanter de nouvelles cohortes.
  3. Implantation de programmes d’études dans les régions où la demande est à la hausse et où il n’y a pas de formation initiale pour le métier en question. Comme l’implantation de nouveaux programmes produit des effets à plus long terme (généralement 2 ans), cette solution doit être travaillée simultanément avec les autres solutions ci-dessus.

Enfin, l’ACQ travaille avec l’ensemble des partenaires académiques et organismes d’emploi afin de promouvoir des « Fiches de qualification » qui permettront d’établir notamment un portrait statistique régional des besoins de main-d’œuvre par métier. Ce portrait permettra aux partenaires d’être outillés pour implanter de nouveaux programmes de formation selon les besoins.

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