Flexibilité, productivité et attractivité de la main-d’œuvre. Trois orientations ont guidé le gouvernement dans la modernisation de la loi R-20. Le 28 mai 2024 marque un tournant important avec l’entrée en vigueur du concept de polyvalence. Mais entre théorie et réalité, comment appliquer concrètement la polyvalence sur vos chantiers ?
Polyvalent, mais pas à n’importe quel prix
Cette nouvelle mesure permet désormais aux compagnons d’exercer certaines tâches qui ne sont pas comprises spécifiquement dans la définition de leur métier, si elles répondent aux trois conditions suivantes1 :
- Les tâches doivent être liées à leur métier;
- Elles doivent s’inscrire dans une même séquence de travail et permettent l’avancement des travaux, incluant ceux de préparation et de finition;
- Ces tâches doivent être de courte durée dans une journée de travail.
À titre d’exemple, un couvreur découvre des feuilles de contreplaqué pourries au moment de poser le bardeau. Il n’a pas besoin de mettre le chantier sur pause en attendant un charpentier-menuisier. Grâce à la polyvalence, il peut remplacer lui-même les feuilles vétustes, régler le problème sur-le-champ, et poursuivre le travail sans délai. Un geste simple, mais qui illustre bien les gains d’efficacité que permet une main-d’œuvre plus agile et adaptable sur vos chantiers.
⚠️ Attention : certaines tâches demeurent exclues, notamment l’opération de grues de tout genre, les travaux relatifs à la stabilité ou à la capacité portante d’une structure ainsi que les tâches des métiers suivants : électricien, tuyauteur, mécanicien en protection-incendie, frigoriste et mécanicien d’ascenseur.
Cela dit, ces métiers peuvent tout de même appliquer la polyvalence, mais uniquement pour des tâches associées à d’autres métiers non exclus.
La polyvalence, une idée qui ne date pas d’hier
Retour en 2021. Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement du Québec adopte huit mesures exceptionnelles, dont l’une permet aux apprentis d’effectuer des tâches résiduaires qui sont directement liées à leur métier, mais non mentionnées explicitement dans leur définition2.
Malgré son potentiel, cette mesure est restée largement méconnue : en 2022, seulement 23,4 % des employeurs en avaient entendu parler3 .
Rappelons aussi que les détenteurs de certificat de compétence compagnon peuvent, tout comme les occupations, accomplir des tâches résiduaires, c’est-à-dire des tâches qui ne figurent pas dans l’un des 25 métiers, mais qui sont plutôt identifiées dans les conventions collectives.
Et si vos compagnons souhaitent élargir leurs compétences, sachez qu’ils peuvent, sur demande, obtenir un certificat de compétence apprenti pour apprendre un autre métier4. Une belle façon de gagner en polyvalence et d’améliorer l’efficience dans l’organisation du travail !
Lancement de la campagne « Polyvalent pis fier de l’être »
Pour soutenir les employeurs dans cette transition, l’ACQ lancera, à compter du 11 juin 2025, la campagne « Polyvalent pis fier de l’être » qui vise à promouvoir le développement d’une culture de polyvalence.
Présentée en grande primeur lors du Congrès de l’ACQ le 2 mai dernier, la campagne propose, entre autres, une série de quatre capsules vidéo, réalisées en collaboration avec l’humoriste Dominic Paquet. Informatives, divertissantes et ancrées dans la réalité du terrain, ces vidéos sont disponibles dès maintenant sur notre page Web dédiée à la polyvalence.
Vous y trouverez également plusieurs informations pratiques, dont un Aide-mémoire conçu pour faciliter la mise en œuvre de la polyvalence sur vos chantiers.
À surveiller dans les prochaines semaines
Ce n’est que le début ! D’autres initiatives seront déployées sous peu : publicités ciblées, webinaire, et bien plus encore, tout sera mis en œuvre pour vous accompagner dans l’intégration de la polyvalence.
La polyvalence est plus qu’un concept : c’est une réponse concrète et durable aux défis de notre industrie. Une main-d’œuvre plus agile, c’est un chantier qui avance mieux !
Pour tout savoir, n’hésitez pas à communiquer avec l’équipe des relations du travail de l’ACQ.
1. Règlement sur la formation professionnelle de la main-d’œuvre de l’industrie de la construction, Chapitre R-20, r.8, article 4.0.1.
2. R-20, r.8, article 18.
3. CCQ, Bilan sur les mesures de rareté de main-d’œuvre, février 2023, p.15.
4. Règlement sur la délivrance des certificats de compétence, Chapitre R-20, r.5, article 2 (3).