L'industrie de la construction à la croisée des chemins

L'industrie de la construction à la croisée des chemins
Francis Roy
Francis Roy
Chroniqueur Actualités

Tout d’abord, je tiens à remercier tous ceux qui auront participé à notre tournée sur la pénurie de la main-d’œuvre. Celle-ci se terminera dans les prochaines semaines, mais je peux déjà vous dire que les entrepreneurs sont conscients, plus que jamais, des répercussions qu’aura la pénurie de main-d’œuvre sur nos activités au cours des prochaines années.

Mobilité de la main-d'oeuvre

En août dernier, nous avons remporté une première bataille importante dans le dossier de la mobilité de la main-d’œuvre. En effet, l’ACQ a choisi d’amener devant les tribunaux les articles 35 et 38 du Règlement sur l’embauche et la mobilité des salariés dans l’industrie de la construction ainsi que les clauses 15.01 à 15.03 des conventions collectives IC/I lesquelles limitent le nombre de travailleurs qu’un employeur peut affecter sur un chantier situé à l’extérieur de leur région de domicile, en soutenant que ces dispositions brimaient le droit du travailleur de choisir son lieu de résidence. Le 9 août dernier, le juge Gagnon du Tribunal administratif du travail nous a donné raison et, par le fait même, a reconnu inconstitutionnelles certaines dispositions des conventions collectives et du Règlement.

Malgré tout, le juge a suspendu sa décision jusqu’au renouvellement des prochaines conventions collectives, c’est-à-dire, le 30 avril 2021, dans l’optique que les parties s’entendent sur de nouveaux principes et de nouvelles bases. C’est exactement ce que nous entendons faire d’ici la prochaine ronde de négociations.

Études à l’appui, nous entendons démontrer aux différentes parties impliquées, ainsi qu’au gouvernement que de limiter la mobilité interrégionale n’est pas une solution à l’employabilité régionale et au développement économique des régions, au contraire.

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’industrie de la construction est l’un des seuls secteurs où des contraintes semblables s’appliquent. Définitivement, ce modèle n’est plus viable. Si nous souhaitons développer et soutenir nos régions, il faut former en continu la main-d’oeuvre locale et s’assurer que les investissements privés et gouvernementaux sont au rendez-vous.

Pénurie de main-d'oeuvre

La mobilité régionale pourrait être une solution à la pénurie de main-d’oeuvre que nous vivons actuellement. Mais au-delà de cet enjeu, plusieurs autres éléments sont à considérer. Nous manquons de main-d’oeuvre pour réaliser nos travaux. Reporter la livraison d’un chantier entraîne des coûts supplémentaires et ne pas prendre davantage de contrats, faute de personnel, implique des coûts économiques additionnels pour le Québec.

Certaines régions et certains métiers sont plus problématiques que d’autres. Il nous faudra donc élaborer un plan de match pour amoindrir les effets de la pénurie sur le développement de nos entreprises.

En premier lieu, il y a les actions politiques. Nous avons rencontré le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, afin de lui faire part de nos préoccupations et de nos solutions concernant le manque de main-d’oeuvre dans notre industrie. Outre l’amélioration de l’offre de formation dans les régions, nous lui avons aussi proposé de revoir le modèle d’apprentissage des métiers de la construction. Nous avons également soumis à la CCQ un mémoire dans lequel nous proposons une série de recommandations, comme diminuer la lourdeur administrative pour la délivrance des certificats d’exemption, améliorer la gestion des bassins, ou instaurer la notion d’activités connexes dans les définitions
de métiers.

En second lieu, il y a ce que nous pouvons faire au sein de nos entreprises, afin d’améliorer la gestion de notre personnel pour les garder le plus longtemps possible sur nos chantiers. En ce sens, une formation, développée en collaboration avec l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec, sera offerte par l’ACQ au cours des prochains mois. Je vous invite à vous inscrire en
grand nombre.

Finalement, l’ACQ travaillera au cours de la prochaine année à déployer un plan d’action visant à aider les entreprises de construction à procéder au virage technologique 4.0. Plus de 80 % des entreprises de construction ont moins de 5 employés et, dans ce contexte, il devient difficile pour ces entreprises de
se moderniser.

En terminant, je vous invite à vous inscrire en grand nombre à notre Congrès du 27 et 28 mars 2020. Il s’agit d’une occasion unique pour réseauter avec les membres de toutes les régions et vous informer sur les enjeux qui sont au coeur de notre industrie.

Inscrivez-vous à notre infolettre

Pour toujours être informé sur les actualités de la construction