Une histoire de famille !

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Architecte et chargée de projet, Sophie Brunet fait partie de la cinquième génération au sein de l’entreprise familiale, Ed Brunet et associés. Une histoire qui se poursuit, alors qu’elle vient tout juste de mettre au monde son troisième enfant, tout en pilotant le chantier du campus de la faculté de médecine de l’Université McGill en Outaouais. Toute une performance !

« Avec un budget de quelque 18 M$, c’était vraiment le plus gros projet sur lequel j’ai travaillé. C’était un beau défi ! », lance Sophie Brunet. En effet, le chantier qui a débuté en février 2019 prévoyait la construction d’une unité de médecine familiale et d’un campus universitaire au-dessus de l’urgence de l’hôpital de Gatineau. « C’était assez complexe comme construction, car il fallait s’assurer que l’urgence, qui est la plus importante de la région, demeurait opérationnelle à 100 %, tout en composant avec un échéancier serré. »

Quand le chantier a été arrêté abruptement, en mars dernier, il comptait 90 travailleurs. « C’est certain que ça a été un peu difficile, parce que jusqu’à la dernière minute, je pensais pouvoir terminer le projet avant d’accoucher. Mais cela n’a pas été possible », raconte l’architecte au téléphone, les babillements de sa petite dernière en fond sonore. Heureusement, puisqu’elle travaille dans l’entreprise familiale, Sophie Brunet a pu être tenue au courant des dernières étapes du chantier, encore en cours au moment d’écrire ces lignes.

L'art de tout concilier

Tout comme sur le chantier, divisé en trois zones où les corps de métiers se sont succédé pour augmenter l’efficacité, l’horaire familial de Sophie Brunet est réglé au quart de tour. « C’est sûr que ce n’est pas toujours évident, surtout que mon conjoint travaille aussi au sein de l’entreprise. Mais nous avons beaucoup d’aide de notre famille. » S’il faut une routine éprouvée avec trois enfants en bas âge, il ne faut pas non plus être trop perfectionniste et savoir quand lâcher prise. Une bonne dose de flexibilité est donc de mise, ajoute Sophie Brunet. « Par exemple, les chantiers commencent à 7 h le matin, mais la garderie n’est pas ouverte à cette heure-là. Même si je n’y suis pas physiquement, je suis disponible au téléphone en cas de besoin. »

 L’entreprise offre aussi une certaine flexibilité d'horaire, essentielle en matière de conciliation travail-vie personnelle. Et la pandémie a mis de l’avant le télétravail, autre outil facilitant pour la gestion d’horaire. Toutefois, la réalité est différente pour ceux qui travaillent sur le terrain. « Le matin, les gens se présentent souvent à 6 h 30 ou 6 h 40 sur les chantiers. Mais ce n’est pas évident pour les parents d’arriver à cette heure-là, alors que les garderies ne sont pas encore ouvertes. Et ce sont souvent les femmes qui sont responsables de cet aspect. »

« Les entreprises devraient se montrer plus ouvertes à ce sujet, pense-t-elle. C’est une des mesures qui pourraient être mises en place, alors que l’industrie cherche à augmenter la proportion de travailleuses en ses rangs », estime celle qui s’implique au chapitre local de l'ACQ.

Faire sa place

Chargée de projet depuis cinq ans, Sophie Brunet n’a jamais eu de difficultés à naviguer dans un milieu majoritairement masculin. « Il faut dire que je me trouve dans une position d’autorité, ce qui aide sûrement. Bien sûr, il faut parfois mettre son pied à terre, car il y a certaines personnes rétrogrades. Mais c’est loin d’être la majorité. En général, les gens sont très respectueux. La situation est peut-être différente sur les chantiers », nuance-t-elle toutefois.

Elle conseille donc à ses collègues féminines, mais aussi aux hommes qui pourraient être témoins de comportements déplacés, à les dénoncer. « Il faut être fière d’être là et ne pas se laisser intimider. » Déjà, elle constate que le nombre de femmes augmente, notamment dans les réunions de chantier. Et elle espère que la situation continuera d’évoluer. « Il existe déjà plusieurs programmes en place pour aider les femmes à accéder à l’industrie. C’est un beau domaine, très intéressant, qui permet d’avoir des résultats concrets. Et tout le monde a intérêt à ajouter de la diversité dans les équipes en construction », conclut-elle.

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