Les quartiers TOD : les aires urbaines de demain

album photo

© Lien électrique Est-Ouest à Longueuil, Ville de Longueuil
Une nouvelle réalité encourage une coopération et un rapprochement entre l’industrie immobilière et son écosystème. Afin de favoriser des projets plus structurants et responsables, villes et développeurs intègrent la vision TOD et la volonté d’y développer des quartiers complets.

Cette réflexion est associée à un contexte de plus en plus brûlant. Ce type de développement urbain tire son origine des changements climatiques. Une situation qui au fil des ans a adopté le vocable plus expressif de crise. Il constitue aujourd’hui un remède à un phénomène désormais plus imposant d’exigences, une urgence climatique causée par une escalade d’inactions. Ce niveau comporte un enjeu culminant de défis pour contraindre le cours du réchauffement et assurer une meilleure qualité de vie en ville, fait valoir Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec.

Le concept « Transit Oriented Development », c’est-à-dire la création de quartiers ralliant une capacité de mobilité collective, est issu de la volonté des villes à agir pour éliminer les GES. « Cette proposition réfère à des moyens d’éviter l’étalement urbain, en organisant entre autres une densification adaptée et attrayante des espaces de vie pour les citoyens. Mais, force est d’admettre que les cibles gouvernementales de décarbonisation sont mal engagées. La tendance en cours va entraîner des changements réels et perturbateurs au mode de vie dans les prochaines décennies. À ce jour, peu a été fait pour freiner cette orientation. Des gestes concrets devront être posés et de manière accélérée pour compenser le retard et résorber la situation. Les environnements TOD font partie de la solution », plaide Jean-Marc Fournier.

Une expression populaire désigne ces espaces de vie, dit-il. « On les nomme quartiers ou villes de 15 minutes. Un regroupement de grandes villes, dont Montréal, Paris et Melbourne font notamment partie, adhèrent aux développements de ces quartiers constitués d’offres de transports actifs et collectifs. Ces endroits encouragent les déplacements à pied et à vélo, et misent sur une variété de commerces et de services de proximité. Ces sites publics et privés viables sont rendus possibles grâce à une densification réfléchie et à une judicieuse interconnexion des aires de vie. Ils illustrent une façon plus éclairée de construire et d’organiser les quartiers. Une avenue qui sollicite une meilleure planification du développement urbain », poursuit M. Fournier.

Carolyne Filion

« Ces sites publics et privés viables sont rendus possibles grâce à une densification réfléchie et à une judicieuse interconnexion des aires de vie. Ils illustrent une façon plus éclairée de construire et d’organiser les quartiers. Une avenue qui sollicite une meilleure planification du développement urbain. »

Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec.

© IDU

Villes « 15-30 »

« Mais au-delà du quartier de 15 minutes, il existe également la notion de ville de 30 minutes. C’est un ensemble plus englobant qui permet à un citoyen d’obtenir davantage de services dans un rayon accessible par transport collectif. Ce concept élargi baptisé villes 15-30 est particulièrement lié à l’efficacité d’un transport structurant, soit un système organisé de déplacements collectifs écoresponsables permettant d’accéder facilement et rapidement à tous les quartiers d’une agglomération. C’est aussi une dynamique qui repose sur des aménagements attrayants et inclusifs, généreux d’espaces, d’air et de verdure. Pour le réaliser, il faut idéalement l’intégrer dans les outils de planification d’urbanisme tels que les plans d’urbanisme et de mobilité et dans les choix d’investissements publics des villes et des gouvernements », soutient Jean-Marc Fournier. À cet égard, un quartier TOD est composé d’immeubles en hauteur à vocations mixtes (bureaux, commerces et habitations), un endroit invitant où l’on habite, travaille et se divertit sans toujours devoir prendre une automobile pour se déplacer.

Doreen Assaad, mairesse de Brossard, précise qu’il existe des quartiers de type TOD dans sa ville et dans plusieurs municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal. Comme dans toutes grandes agglomérations urbaines régionales, dont Québec et Gatineau, ces quartiers se développent depuis quelques années déjà. « À Brossard, cette orientation a été adoptée il y a une dizaine d’années et son déploiement se poursuit toujours. Avec l’arrivée du REM, il en est davantage question. Les trois stations en construction sur notre territoire permettent d’affiner un pôle important de transport structurant pour la ville et de planifier des quartiers plus denses avec des activités diversifiées. »

La ville a d’ailleurs démarré une démarche de révision de son programme particulier d’urbanisme (PPU) ciblant le pourtour de la future station Panama à la jonction de l’autoroute 10 et du boulevard Taschereau. Cette gare fera la liaison entre le centre-ville de Montréal et la Rive-Sud en une dizaine de minutes. Par ailleurs, implantée dans la limite de Solar Uniquartier, au croisement des autoroutes 10 et 30, la station Du Quartier fournira un accès directement à pied à un quartier innovant, un univers redéfinissant complètement la façon de vivre ensemble des citoyens de cette ville. Le projet suscite une attention toute particulière de la part du conseil municipal, fait valoir la mairesse.

« À Brossard, cette orientation a été adoptée il y a une dizaine d’années et son déploiement se poursuit toujours. Avec l’arrivée du REM, il en est davantage question. »

Doreen Assaad, mairesse de Brossard

© Courtoisie Ville de Brossard



© TOD Solar Uniquartier à Brossard - Courtoisie Ville de Brossard

Pôles attachants

« Cet objectif est en train de se concrétiser. Il se construit avec la collaboration d’intervenants privés et communautaires. Nous avons l’opportunité de créer le meilleur des mondes pour ce quartier. Le site projeté fourmillant de nouveaux usages comprendra des édifices de différents gabarits. Ce concept de densification s’arrime plus efficacement au cadre bâti existant. Il aide à préserver le patrimoine immobilier et à ne pas trop dénaturer la vie des résidents d’origine, une priorité d’inclusion », poursuit la mairesse.

« Un quartier TOD constitue un milieu de vie complet, compact et durable, à échelle humaine. Il favorise les déplacements actifs et collectifs », indique Marie-Chantal Verrier, directrice générale adjointe à la Direction du développement durable de la ville de Longueuil. Les secteurs pouvant être qualifiés de quartiers TOD dans cette municipalité sont le centre-ville autour du métro Longueuil / Université de Sherbrooke et son terminus d’autobus, les quartiers de la gare autour de la gare intermodale Longueuil - Saint-Hubert et le pôle Roland-Therrien autour d’une station future de transport collectif. Ce pôle offrira un mode structurant à venir, entre la station du REM Panama à Brossard et le Cégep Édouard-Montpetit, un parcours actuellement desservi par un Service Rapide de Bus (SRB).

« Un des objectifs du Plan d’urbanisme est d’orienter au moins 60 % des nouveaux logements vers ces aires d’influence de transport collectif (TC) d’ici 2035. Pour y arriver, une approche intégrée aménagement/transport est proposée aux points d’accès TC structurants », précise Marie-Chantal Verrier.


© Cartier - Ilôt principal à Laval - Ville de Laval

Vision inspirante

« Aussi, la venue du mode de TC structurant contribue à la réflexion et à la planification d’autres secteurs qui présentent un fort potentiel de développement ou de requalification. » Elle cite notamment l’axe Taschereau et l’éventuel lien électrique Est Ouest, un tramway, afin de desservir sa population riveraine. « Les projets de développements présentés par les promoteurs doivent nécessairement s’inscrire dans cette vision. Afin d’assurer une cohésion et une cohérence entre la vision de la ville et celle des promoteurs, le développement se fait en étroite collaboration entre les différentes parties prenantes, ce qui inclut les organismes communautaires, les élus et les citoyens, dans un contexte de mixité et d’acceptabilité sociale. »

La popularité de ce genre de concept visant à rehausser les standards de design urbain, la qualité des lieux publics et à créer des lieux de rencontre à l’échelle humaine a été confirmée avec l’attractivité qu’ont eue les divers TOD existants. La demande est forte pour un tel milieu articulé autour du transport collectif, assure la Ville de Longueuil.

La Communauté métropolitaine de Montréal a également identifié les abords de la station Cartier située à Laval comme aire TOD. Cette approche vise à densifier et créer des milieux de vie complets aux abords des points d’accès au réseau de transport en commun métropolitain structurant. Dans ce cadre, la Ville de Laval a réalisé un travail de planification afin de définir une vision et encadrer le potentiel d’aménagement des espaces publics et de redéveloppement urbain du secteur. « Nous misons à cet endroit sur un esprit de quartier des courtes distances et le Code de sécurité pour les travaux de construction à échelle humaine, une délimitation qui fait une large part à la compacité des immeubles, à la mobilité durable et à la mise en valeur d’espaces publics », souligne Marie-Hélène Breault, conseillère en urbanisme à la division de la planification du territoire de Ville de Laval.

« La présence de la station de métro, du terminus de bus, du boulevard des Laurentides ainsi que la situation géographique d’entrée de ville en font un secteur particulièrement stratégique à Laval », renchérit Catherine Vachon, chef de division à la planification du territoire du service d’urbanisme. La ville souhaite augmenter le nombre de résidents et d’emplois sur ce territoire et en faire un véritable milieu de vie inclusif. Ce lieu qui réduira la place faite à l’automobile sera graduellement assorti de corridors de déplacements actifs conviviaux, dont des trottoirs d’une largeur confortable et des pistes cyclables. »

article quartier tod sotramont

© Curtiss Condos de Sotramont - Sotramont

Optimiser l'idée

Ce projet fait partie des sept aires TOD identifiées sur le territoire lavallois pour lesquelles une planification particulière est en cours ou est prévue. Trois sont liées au TC structurant des stations de métro de la STM sur l’île Jésus. Le territoire compte également quatre autres aires TOD rattachées à des gares de train, dont deux qui accueilleront des stations du REM. « Nous tentons ainsi d’optimiser l’occupation du territoire aux points d’accès et aux abords du réseau de TC structurant. L’approche TOD vise également les corridors de bus à haut niveau de service (BHNS), dont le circuit prévu sur l’axe Notre-Dame/Concorde, le long desquels une densification et une transformation progressive du cadre bâti sont prévues afin de favoriser un transfert modal vers le transport collectif et actif », relève Catherine Vachon.

Marc-André Roy est associé chez le constructeur et développeur immobilier Sotramont. Comme l’entreprise est très active dans le grand Montréal, elle s’investit dans des projets de philosophie TOD. « Lorsque nous intervenons dans ce type de projet immobilier, nous le faisons dans le respect de la planification urbanistique de la ville. C’est une vision empreinte de développement durable. Dans cet esprit, nous construisons des immeubles à densité verticale pour limiter l’emprise sur lotissement. Nous planifions et créons au pied et autour de ces édifices un maximum d’espaces verts, dont des jardins floraux et des boisés urbains traversés de sentiers balisés. Des tours comprennent même des cultures potagères en toit, une valeur écoresponsable également associée à l’âme des quartiers TOD, des lieux de résidences prisés », conclut le développeur.

© Page d'accueil : TOD Laval - Cartier-Montée Major - Ville de Laval

Cet article est aussi disponible en format audio : Construire, le balado

Inscrivez-vous à notre infolettre

Pour toujours être informé sur les actualités de la construction