Note économique : La hausse des coûts de construction industrielle s’accélère au 1er trimestre

Note économique : La hausse des coûts de construction industrielle s’accélère au 1er trimestre
Jean-Philippe Cliche
Jean-Philippe Cliche
Chroniqueur Actualités

La hausse des coûts de construction dans le secteur industriel a été très prononcée au cours des 12 derniers mois, autant au pays que dans la belle province. En fait, il en coûte 16,2 % de plus en moyenne pour construire un bâtiment industriel au Canada par rapport à la même date l’an passé. La hausse atteint 16,5 % à Montréal, ce qui est très proche de la moyenne canadienne.

Hausse des coûts de construction au Canada entre le 1er trimestre 2021 et le 1er trimestre 2022
Bâtiments industriels T1 2021 T1 2022 Augmentation (%)
Ottawa-Gatineau, partie ontarienne, Ontario/Québec 117,1 141,1 20,5
Toronto, Ontario 115,1 137,1 19,1
Edmonton, Alberta 108,9 127,6 17,2
Montréal, Québec 120,6 140,5 16,5
Agrégat des 11 régions métropolitaines de recensement 113,3 131,6 16,2
Halifax, Nouvelle-Écosse 111,7 126,5 13,2
St. John, Terre-Neuve-et-Labrador 105,2 118,7 12,8
Moncton, Nouveau-Brunswick 107,1 119,8 11,9
Saskatoon, Saskatchewan 107 119,5 11,7
Winnipeg, Manitoba 110,1 122,8 11,5
Calgary, Alberta 106,5 117,5 10,3
Vancouver, Colombie-Britannique 114,5 126,3 10,3
       

Statistique Canada, tableau : 18-10-0135-01

Tel qu’indiqué dans une note économique récente, la hausse des coûts de construction s’explique par deux facteurs principaux : la rareté de la main-d’œuvre et la hausse des prix des matériaux de construction et de l’énergie. En fait, les prix des produits de fer et d’acier, en plus des prix des fils et câbles électriques, ont plus que doublé depuis le mois de janvier 20201. Les prix des produits industriels, toutes industries confondues, ont eux aussi augmenté de façon considérable, ce qui a un impact important sur l’inflation en général. L’impact est cependant plus important pour l’industrie de la construction, qui utilise ces produits de façon intensive comme intrant, et qui de plus, doit jongler avec des problèmes de pénurie de main-d’œuvre.

Malgré cette hausse des coûts de construction des bâtiments industriels, les perspectives de croissance sont bonnes dans ce secteur. En effet, bien que les prix des ressources naturelles tel que le nickel, l’aluminium, l’or, le zinc, le lithium et le cuivre, entre autres, aient légèrement diminué dernièrement, ils demeurent à des niveaux historiquement élevés. De plus, puisque la guerre en Ukraine semble maintenant s’enliser, et puisque la Russie est l’un des plus gros joueurs mondiaux dans l’exportation des ressources naturelles citées ici, il devient de plus en plus probable que des investissements miniers majeurs voient le jour à travers le Canada et au Québec.

article graphique industriel

De plus, les problématiques dans la chaîne d’approvisionnement mondiale qui ont été causées notamment par une montée du protectionnisme, la pandémie mondiale, la politique zéro COVID-19 en Chine ainsi que la guerre en Ukraine ont démontré la nécessité de produire davantage de biens de première nécessité au pays. Ceci devrait faire en sorte de hausser les investissements industriels dans les provinces canadiennes au cours des prochaines années. L’ACQ a d’ailleurs recommandé au gouvernement provincial de développer une filiale québécoise de matériaux de construction afin de pallier les problématiques de disponibilité et de prix élevés des matériaux de construction. Si ceci se concrétise, nous pourrions voir des hausses dans les investissements industriels au cours des prochaines années.

De plus, après un premier trimestre où les prix des matériaux de construction tels que le bois d’œuvre, l’acier et les métaux de base furent très élevés, ces derniers tendent maintenant à diminuer. D’ailleurs, plusieurs institutions, comme la Banque de Montréal par exemple, entrevoient des diminutions en deuxième moitié d’année et en 20232. Cela dit, les prix demeureront plus élevés qu’avant la pandémie, mais la diminution sera la bienvenue, et fera certainement ralentir l’inflation et la hausse des coûts de construction, ce qui pourrait là aussi stimuler la demande en construction de bâtiments industriels.

Par contre, des vents contraires pourraient limiter la croissance des investissements en construction industrielle. Le fait que les banques centrales nord-américaines aient pris la décision de lutter contre l’inflation en augmentant agressivement les taux d’intérêt directeurs pourrait affecter la demande à la baisse. Bien que ceci limitera la croissance du secteur, nous anticipons tout de même une croissance de l’activité 2022 et en 2023 par rapport à l’an passé, et nous espérons que de gros projets miniers voient le jour au cours des prochaines années.

Côté main-d’œuvre, nous croyons toujours qu’il sera difficile de pallier la demande sans l’apport de travailleurs étrangers temporaires. Nous en avons d’ailleurs fait l’une de nos principales recommandations lors des consultations gouvernementales sur le budget provincial de 2022-2023. Nous souhaitons un programme spécifique et simplifié pour les travailleurs de la construction qui proviennent de l’étranger, calqué sur le programme de l’industrie de l’agriculture.

  1. 1. Statistique Canada, Indice des prix des produits industriels, tableau 18-10-0266-01.
  2. 2. Banque de Montréal, Commodities Outlook for May 2022, June 8 2022.

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