Bâtir et innover : ailleurs dans le monde

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© illustration Adjaye Associates
Voici cinq projets constituant des merveilles d’ingénierie et de design de construction repérés à travers la planète. Des chantiers qui transforment le monde et la culture du bâtiment.


Bibliothèque présidentielle Thabo Mbeki à Johannesburg 
© Adjaye Associates

 5 400 mètres carrés d’histoire

Le chantier de la Bibliothèque présidentielle Thabo Mbeki en cours à Johannesburg, en Afrique du Sud, soulève particulièrement l’attention des observateurs mondiaux. Ce projet, une création de la firme d’architecture Adjaye Associates, sera réalisé en partenariat avec une firme locale, MMA Design Studio. L’ensemble immobilier comprend huit dômes cylindriques, une architecture qui évoque des silos à grains, un clin d’oeil à l’abondance qui érige l’Afrique du Sud d’aujourd’hui et de demain. « Chaque cylindre est doté d’ouvertures laissant abondamment pénétrer la lumière du jour, une clarté qui peut être filtrée afin de créer différentes ambiances », dit David Adjaye l’architecte derrière le projet.

La bibliothèque, d’une superficie de 5 400 mètres carrés (58 125 pieds carrés), comprendra un musée permanent d’histoire du pays, des halls d’exposition temporaire, un centre de recherches et d’innovation technologiques, un auditorium, un centre destiné à l’autonomisation des femmes, une salle de lecture, une boutique, une cafétéria, une agora d’expériences numériques, des salons pour séminaires, des aires de repos et de discussion ainsi qu’un vaste bureau d’archives. Elle sera un lieu de savoir et d’enseignement, un site rassembleur et inclusif mettant en scène la renaissance du pays.

L’élément central du projet sera sans contredit son architecture atypique », résume l’architecte. Il réfère à l’utilisation de la terre compressée donnant la forme d’une façade en pisé, une technique millénaire rarement employée dans la construction d’édifices institutionnels dans ce pays. D’autres matériaux locaux ont été mis à contribution, comme de la pierre afin de construire des planchers en terrazzo et du bois pour le bardage.

« Ces choix, qui vont au-delà d’une proposition architecturale singulière, visent à minimiser les émissions carbone, ce qui contribuera à la réduction de l’empreinte écologique du projet. Dans cette même optique, des panneaux photovoltaïques seront déployés pour alimenter le bâtiment en électricité. Enfin, un système de chauffage géothermique fonctionnera de pair avec la masse thermique des parois pour réguler la température ambiante », souligne Adjaye Associates.

Cet établissement appelé à devenir un campus universitaire international sera à l’image de la symbolique des silos à grains qui le compose. Il traduira la présence d’un terreau d’ensemencement culturel, de plantation d’une nouvelle vision de l’Afrique et l’avènement de jardins fertiles à une révolution de récoltes d’idées et de savoir-faire. Un défi qui nourrira la ferveur du pays à sainement s’imposer sur tous les plans, à commencer par l’autonomie alimentaire.


Siège social de DSL au Luxembourg
© Steve Troes Fotodesign

Brut et inspirant

Un hall d’exposition au Luxembourg, construit initialement comme entrepôt, se signale également par son originalité. Le lieu a été transformé par Metaform Architects en un nouvel espace de travail lumineux et collaboratif. L’immeuble situé à Steinsel abrite ainsi depuis 2020 le siège social de DSL, une compagnie de solutions informatiques.

« L’objectif principal du projet était d’apporter plus de lumière naturelle dans l’édifice. Il a permis de créer un espace de travail lumineux, épuré et efficace où les personnes et la communication sont sur le devant de la scène », explique Shahram Agaajani, fondateur du bureau d’architectes qui a proposé l’idée.

Le concept visait à adapter l’entrepôt tout en préservant le caractère brut du bâtiment. En entrant dans ce lieu, vous êtes accueilli par un espace sur double hauteur offrant une luminosité très généreuse pour la réception de l’entreprise. La lumière du jour pénètre à travers les grandes baies vitrées et à travers des verrières sur le toit.

Un escalier central en chêne massif remplit également la fonction d’espace commun. L’aménagement crée un mélange d’espaces de travail et de salons ouverts pour socialiser et se divertir. Cet environnement qui offre un vaste espace paysager inspire aux employés une grande liberté de mouvement.

La firme d’architecture a privilégié une palette de matériaux et textures à tonalités complémentaires pour ornementer ce projet. Les lieux sont assortis de murs blancs, de poutres en acier gris, mais également de parquets rustiques et de boiseries en chêne en contraste avec le caractère industriel des lieux.

Pour compléter l’espace, les bureaux et les salles de réunion sont embellis de quelques plantes monumentales. « Ce qui contribue à la sensation d’un environnement de travail apaisant », dit Shahram Agaajani. Avec un apport très généreux de lumière naturelle, le site procure un environnement de travail positif et accueillant.

Le bâtiment d’une surface de 1 950 mètres carrés (20 990 pieds carrés) comprend une zone de réception, une cuisine équipée, des salles de réunion, des bureaux individuels et d’autres sans cloisons, une aire d’exposition, une terrasse extérieure et un entrepôt.


Pilestredet à Oslo
©  Reiulf Ramstad Arkitekter

Pilestredet à Oslo

Dans ce même esprit de revalorisation, un projet résidentiel primé par les autorités norvégiennes a été développé selon une approche très spécifique au site. Il présente des solutions architectoniques élaborées qui souscrivent au contexte historique du quartier de Fagerborg, indique Reiulf Ramstad Architectes (RRA), la firme qui a piloté le chantier.

« Le projet allie tradition et innovation d’une manière soigneusement réfléchie et offre des logements de haut standard qui aideront à former un quartier résidentiel de qualité. Pilestredet 77/79 a été développé pour combiner de nouveaux bâtiments avec un environnement historique d’une manière attractive et innovante. C’est un secteur de la ville en transformation. »

Le terrain se trouve dans un quartier résidentiel entouré de bâtiments des années 1800 et 1900. « Grâce à une démarche consciente d’un emplacement de qualité et d’une architecture adaptée à son contexte, l’objectif est de renforcer et de développer l’identité intrinsèque du lieu. Il devient un environnement résidentiel écologique et urbain de haute qualité architecturale. »

Achevé en 2020, l’ensemble immobilier se compose de trois blocs qui passent de quatre à cinq étages. Les deux bâtiments plus petits au nord (Pilestredet 79a et 79b) ont la même empreinte et un principe de quatre puis deux appartements par plan. Le plus grand bâtiment de Pilestredet 77 est plus complexe avec six à huit unités par étage, de différentes tailles.

Les étages inférieurs comportent plusieurs plus petits appartements tandis que les étages supérieurs contiennent des logements plus grands. Le projet propose ainsi une offre variée avec des appartements de différentes tailles et identités. Les bâtiments ont une palette de matériaux bruts adaptée au site. L’extérieur est en brique. L’intérieur fait l’éloge du bois et du béton.

Le projet dispose de 59 appartements, d’espaces communs internes chaleureux et de 4 à 5 niveaux de stationnements souterrains. Le complexe de 7 100 mètres carrés (76 423 pieds carrés) abrite également un café conçu pour les résidents, mais desservant depuis peu tout le quartier. Tous les toits ont des parcelles de jardin extérieur jalousement entretenues par ses résidents.

article ailleurs monde franceÉcole Ducasse, France
© Boegly Grazia

Fierté française

Une construction neuve s’élevant au 16 - 20 Avenue du Maréchal Juin, à Meudon-la-Forêt à 10 km de Paris, un chantier terminé en 2020, rivalise de génie français. Avec 5 000 mètres carrés (53 819 pieds carrés) d’espaces consacrés au goût, l’École Ducasse destinée à l’enseignement, à la transmission et à la valorisation du savoir-faire gastronomique français, incarne un projet d’envergure.

Situé près de la forêt de Meudon, le bâtiment s’inspire de la nature. La composition du volume architectural est articulée autour de quatre blocs, faisant écho aux quatre éléments — eau, feu, terre et air — étroitement liés à l’acte de manger, et liés entre eux par un vide, le cinquième élément. Ce vide central est une véritable rue intérieure en double hauteur qui permet la circulation fluide des usagers et l’accès aux quatre volumes distincts. Ce lieu, très animé, évoque la dimension et l’ambiance des fameux passages couverts parisiens.

Les extrémités de cet espace central longitudinal, en forme de croix, sont entièrement vitrées pour obtenir un apport maximal en lumière naturelle et offrir des vues toute en hauteur sur la nature environnante, qui semble pénétrer le bâtiment. Le bâtiment est profondément ancré dans son site à travers un socle massif en béton, lisse et sombre, qui permet d’exprimer la pérennité et la stabilité, fait valoir Arte Charpentier Architectes. D’un point de vue symbolique, ce volume bas représente la partie théorique de l’enseignement. Tandis que la partie supérieure, qui est la plus importante, symbolise la pratique, l’expérience. Ce volume est plus léger, plus sensible, il est constitué d’une peau métallique légère et cintrée. Cette matière fait écho à l’inox largement présent dans les cuisines.

Les façades en encorbellement sont logiquement davantage exposées aux éléments de la nature. Elles semblent donc creusées, comme sculptées par le phénomène naturel de l’érosion, donnant de la singularité au projet. C’est comme si le vent, la pluie et l’air avaient travaillé l’enveloppe du bâtiment au fil des années. De larges courbes sont donc visibles depuis l’extérieur, formées par des verres plats et du métal brossé. La façade principale est dominée par un grand restaurant, accessible à tous, véritable proue du bâtiment et vitrine du savoir-faire du chef Alain Ducasse qui a donné son nom à l’École.

Le projet d’aménagement paysager de l’École a été défini à partir d’une réflexion basée sur l’intégration du bâtiment dans le cadre végétal important, entre des parcelles aux abords très végétalisés et à la lisière de la forêt de Meudon. Dans ce souci d’intégration, les arbres du projet sont implantés en périphérie du site et participent à l’assimilation du projet dans son environnement.

Campus d'entreprise technologique à Istanbul
© Cemal Emden

Génie turc

Un dernier projet met en relief le génie turc. Situé entre les principales autoroutes d’Istanbul, à proximité de l’aéroport Sabiha Gökçen de Pendik, ce projet de 53 000 mètres carrés (570 487 pieds carrés) mené par ERA Architects transforme le site d’une ancienne usine en un campus d’entreprise technologique pour l’une des banques les plus dynamiques du pays.

Inspiré par la topographie naturelle aux alentours du site et le désir de créer un contraste clair avec le tissu urbain non organisé de l’environnement, un volume de cristal comme espace de travail principal repose subtilement sur plusieurs collines artificielles, celles-ci abritant diverses fonctions telles que deux auditoriums, des ponts pour réunions informelles, un centre de données informatiques et de nombreuses autres fonctions.

Le volume horizontal flottant relie les deux parcelles du site par l’introduction de ponts suspendus et de murs d’écran vitrés de plus de 30 mètres. La structure principale des bâtiments est un système de béton à dalle plate au niveau des bureaux et une structure à ossature apparente aux niveaux inférieurs.

Le long de la peau extérieure, les espaces de bureau ont été libérés des colonnes par des porte-à-faux de 4,5 à 11 m de profondeur. Les zones les plus larges en porte-à-faux sont soutenues par de grandes poutres composites placées sur le toit. L’immeuble de bureaux sur quatre niveaux repose en partie sur une structure de transfert pour permettre à l’auditorium situé dans l’une des collines de prendre de l’ampleur.

La flexibilité et la maximisation de la lumière du jour étant l’un des critères majeurs pour les espaces de travail, l’accessibilité aux espaces de bureaux a été organisée à travers un ensemble de cours ouvertes surélevées où les utilisateurs peuvent circuler, se reposer et socialiser dans les salles ouvertes placées sur les ponts permettant de nombreux vues et panoramas surprenants.

L’utilisateur circule au rez-de-chaussée à travers les niveaux extérieurs en empruntant un chemin qui ondule comme un ruisseau entre les collines artificielles. Comme pour les niveaux extérieurs au sol, le volume élevé a été conçu pour permettre aux utilisateurs de tous les jours de vivre une expérience de voyage. Les bassins sont conçus pour améliorer l’effet de refroidissement à l’extérieur ainsi que sur les façades vitrées afin de réduire le gain de température pendant les saisons chaudes.

Le bâtiment met en oeuvre les principes de durabilité allant des systèmes de façade simple et double peau avec protection solaire intégrée avec éclairage, aux systèmes spéciaux de chauffage et de refroidissement fournissant aux espaces intérieurs une abondante quantité d’air frais.

Les façades offrent une haute qualité d’isolation thermique et acoustique, le site étant entouré d’autoroutes à forte circulation. Le campus a reçu un certificat Leed Or.

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