L'industrie doit s'adapter aux nouvelles réalités

L'industrie doit s'adapter aux nouvelles réalités
Jean-Francois Arbour
Jean-Francois Arbour
Chroniqueur actualités

Le gouvernement s’apprête à présenter un projet de loi visant à moderniser le secteur de la construction. Cette occasion rare offre une opportunité significative à notre industrie, qui n’a pas vu ses lois et règlements évoluer depuis les 40 dernières années.

À l’heure où les enjeux sont importants (crise du logement, déficit d’entretien des infrastructures, construction de nouvelles écoles, de nouveaux hôpitaux et des maisons des aînés), notre faible niveau de productivité et la pénurie de main-d’œuvre remettent en question nos façons de faire. Les changements à venir ont donc le pouvoir de changer le cours de l’histoire.

Comment pouvons-nous nous adapter aux pratiques actuelles et futures sans compromettre les acquis et les succès du passé ? Il s’agit d’un important défi, mais notre industrie a fait preuve de résilience à de nombreuses reprises par le passé, et elle est capable de s’adapter aux nouvelles réalités.

Une étude économique réalisée par AppEco, commandée par l’ACQ, a identifié des pistes de solutions pour améliorer notre productivité. Les résultats révèlent que le Québec est 13 % moins productif que l’Ontario, mais nos intrants intermédiaires tels que la main-d’œuvre, l’équipement et les matériaux se comparent favorablement à notre province voisine. Ainsi, les lacunes de productivité sont principalement attribuables à des facteurs intangibles tels que la lourdeur de la réglementation, les restrictions à la mobilité de la main-d’œuvre, le manque de polyvalence dans les métiers de la construction et les défis en matière de formation professionnelle.

Toujours en collaboration avec AppEco, nous avons consulté plusieurs centaines d’employeurs pour recueillir leurs perspectives sur les gains potentiels en productivité. Selon la définition de la polyvalence des métiers proposée par l’ACQ, ils estiment pouvoir économiser près de 10 % des heures travaillées. Cela représenterait des économies de 1 G$ pour le Québec. Ces gains en productivité ont une importance sociale considérable. Ils pourraient permettre de réduire les coûts des projets, d’offrir des tâches plus flexibles et cohérentes aux travailleurs, tout en améliorant l’organisation du travail, en réduisant notamment les attentes et les contraintes de temps sur les chantiers.

Depuis le début du printemps, l’ACQ a participé activement aux rencontres et ateliers de travail organisés par le ministère du Travail, en adoptant une approche collaborative et proactive pour trouver des solutions concrètes. Sur la base des constats d’AppEco, nous avons formulé plusieurs recommandations.

En premier lieu, nous avons préconisé une plus grande polyvalence des métiers afin de décloisonner les tâches et d’optimiser l’organisation du travail sur les chantiers. Par exemple, la réparation d’une dalle de béton nécessite actuellement la présence de plusieurs métiers et occupations, ce qui peut entraîner des délais et une coordination complexe. En favorisant une plus grande polyvalence, nous pourrions simplifier et accélérer les processus, tout en assurant une meilleure allocation des ressources.

Nous avons également plaidé en faveur d’une plus grande mobilité de la main-d’œuvre, notamment pour favoriser le développement régional, un meilleur appariement de l’offre et de la demande, ainsi qu’une saine concurrence. Actuellement, un travailleur de Sherbrooke ne peut pas travailler à Valcourt en raison des restrictions actuelles. L’entrepreneur dont le chantier se trouve à Valcourt doit privilégier un travailleur de Montréal et supporter des coûts supplémentaires de déplacement et d’hébergement. En éliminant ces obstacles, nous faciliterons l’accès à l’emploi pour des centaines de travailleurs.

Enfin, nous avons mis l’accent sur la valorisation de la formation professionnelle. Il est essentiel d’offrir une formation plus diversifiée et accessible, en particulier dans les régions où l’offre de formation est limitée. Nous avons aussi fortement encouragé l’alternance étude-travail et la promotion des métiers de la construction auprès des jeunes et moins jeunes pour attirer de nouveaux talents.

En conclusion, la future réforme de la loi R-20 et le projet de modernisation du secteur de la construction promis par le gouvernement représentent une opportunité exceptionnelle de faire évoluer notre industrie. En adoptant une approche collaborative et en mettant en œuvre des solutions telles que la polyvalence des métiers, la mobilité de la main-d’œuvre et la valorisation de la formation professionnelle, nous pourrons bâtir un avenir plus dynamique, attractif et innovant pour notre industrie.

Ensemble, nous avons le pouvoir de façonner aujourd’hui notre avenir. L’ACQ sera à vos côtés pour défendre vos intérêts, promouvoir l’innovation et travailler en collaboration avec les élus pour concrétiser ces recommandations, non seulement dans l’intérêt de notre industrie, mais dans l’intérêt de la société québécoise dans son ensemble.

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