Maison conteneur. © Vert foncé
Les promoteurs rivalisent d’originalité pour concevoir des habitations qui se démarquent par leur design soigné, leur originalité, leur confort… Au grand plaisir des acheteurs ! Petit tour d’horizon en cinq projets originaux.
Un village fermier pour les urbains
Réunir les atouts de la campagne et d’un quartier urbain ? C’est le pari qu’a réussi Landlab, instigateur du projet de la Ferme Hendrick. Ainsi, ceux qui optent pour l’une des résidences sur ce terrain situé à Chelsea, en banlieue de Gatineau, croisent régulièrement leurs voisins, peuvent s’approvisionner en légumes biologiques à pied, laisser leur voiture à la maison pour sillonner un boisé protégé ou s’installer sur leur balcon pour observer les champs.
Un projet unique au Canada, selon Alexandre Barrette, directeur des ventes. « On a tenté de mettre en valeur l’héritage du site qui abritait une ferme, un ruisseau et un boisé en plus d’être adjacent au parc de la Gatineau. Ainsi, 50 % des 107 acres sont protégées. » Le déploiement a été pensé comme des microquartiers reliés par des sentiers, qui s’articulent autour de la ferme.
Pour rappeler cet héritage, l’accent est également mis sur le design des ensembles résidentiels. « Nous nous sommes inspirés des fermiers qui avaient la fierté de construire leurs maisons avec des matériaux solides et durables », ajoute-t-il. Le bois et les matériaux comme la brique y sont à l’honneur, alors que plusieurs modèles évoquent le style de la Nouvelle-Angleterre.
Mais les promoteurs ont décidé de pousser le concept plus loin et de créer une communauté autour de la Ferme Hendrick. « Le projet est inspiré d’un concept américain, le néo-urbanisme, qui permet de revoir la planification urbaine des villes pour créer un ensemble à échelle humaine. » Rues plus étroites, maisons plus rapprochées, aménagements favorisant les rencontres : tout est mis en oeuvre pour créer un espace accueillant pour les résidents. Par exemple, chaque maison est habillée d’un grand balcon et les garages sont toujours extérieurs. « Il faut donc faire quelques pas pour entrer à la maison, ce qui permet de rencontrer ses voisins », décrit le directeur.
Plusieurs activités sont également organisées, comme des fêtes gourmandes, de la cuisine collective ou du yoga. Et, pour s’assurer de protéger les lieux, 1 % de la valeur de chacune des transactions est versé à une fondation. Ce montant permet de financer notamment les activités de la ferme ainsi que l’entretien des sentiers et des espaces verts.
D’ici 2023, le projet devrait compter 315 unités, autant des maisons unifamiliales, de ville ou des appartements pour respecter une certaine mixité sociale. La construction de commerces de proximité est également prévue. « Encore une fois, l’idée, c’est d’inciter les gens à stationner leur voiture et à se promener à pied », explique Alexandre Barrette.
Un chalet haut perché
© Delordinaire
Au Québec, rares sont les maisons juchées sur pilotis. Ce type d’habitations, souvent associé aux climats chauds, a inspiré la firme Delordinaire, pour la construction d’un chalet à Saint-Ferréol-les-Neiges. « Nous cherchions une façon de maximiser le terrain, tout en profitant de la vue sur les montagnes », explique Jean-Philippe Parent, cofondateur de la firme d’architecture lancée à Paris, qui a maintenant un bureau à Montréal.
« Au Québec, c’est une typologie qu’on retrouve plus souvent sur des terrains en pente », ajoute-t-il. Dans ce cas-ci, l’idée est venue à l’équipe de construire un chalet haut perché pour ouvrir vers le mont Sainte-Anne et le fleuve. En rehaussant la construction au-dessus de la ligne des arbres, exit la vue sur l’école ou sur les bungalows voisins du chalet niché au coeur du village. Maintenant, toutes les fenêtres donnent directement sur la nature.
Autre avantage : ce type de construction permet d’utiliser le terrain à sa juste valeur. Par exemple, le dessous de la maison devient une terrasse couverte parfaite, que les habitants peuvent utiliser toute l’année, assortie d’un foyer extérieur et d’un espace permettant d’accueillir un jacuzzi. « C’était une façon de mettre l’accent sur la nordicité avec l’outdooring », précise Jean-Philippe Parent. Et, avec son toit pointu, son design épuré et son revêtement blanc, le bâtiment se fond dans la nature, surtout quand il neige.
Des minimaisons sur terre ou sur mer
© Ilo Mini Maison
Avec leur petite taille, leur design moderne et leur faible empreinte écologique, l’engouement pour les minimaisons ne semble pas près de se tarir. C’est d’ailleurs en travaillant sur des projets de condos, souvent à surface réduite, que Josée Bilodeau a décidé de se lancer dans cette aventure. « J’étais certaine que ce phénomène, très en vogue aux États-Unis, représentait l’avenir.
Surtout que de plus en plus de gens vivent seuls ou à deux », explique-t-elle.
Il y a trois ans, la gestionnaire de projets immobiliers a donc décidé de créer ilo Mini Maison. Après avoir conçu un prototype, Josée Bilodeau a fait le tour des expositions, où elle a pu constater l’engouement pour ce type de résidence. « Pour moi, c’est un peu comme si on se construisait un condo en pleine nature, sur un terrain nous appartenant », illustre-t-elle. Et les coûts sont intéressants : pour une maison neuve, assortie de garanties longues durées, il faut débourser autour de 100 000 $, en plus du prix du terrain.
Maison sur flots
La compagnie voit plus loin et travaille sur un concept novateur : les minimaisons sur l’eau ! « Actuellement, nous sommes en train de bâtir deux maisons flottantes, installées sur des barges dans une marina de Toronto, affirme Josée Bilodeau. Si le résultat est spectaculaire, il faut penser à tout, que ce soit l’installation de panneaux solaires pour l’alimentation électrique, en passant par les réservoirs pour recueillir les eaux usées. Assurer l’alimentation en eau potable est également un défi, ajoute-t-elle. De plus, il faut aussi construire les minimaisons sur une barge en acier très robuste pour résister à la compression de la glace en hiver. »
Ce type de construction, en vogue dans l’ouest du pays, pourrait bien s’amarrer ici, alors qu’ilo Mini Maison est actuellement en négociation avec une municipalité pour importer le concept au Québec. De même, des discussions sont en cours avec d’autres qui se montrent intéressées à créer des quartiers pour ces résidences, cette fois sur terre, un peu comme celui qui se dessine à Sherbrooke.
Toutefois, rien n’est simple en cette matière, alors que la réglementation n’est pas adaptée à ce nouveau concept. « Dans toutes les municipalités, il faut que les maisons respectent un nombre de pieds carrés minimum qui est en général plus grand que ce que l’on construit », déplore Josée Bilodeau, qui a d’ailleurs cofondé le Mouvement québécois des Mini-Maisons (MQMM) pour porter les revendications des acteurs de ce milieu. Mais, selon Josée Bilodeau, le vent est en train de tourner et elle espère des changements réglementaires sous peu.
Dormir sous terre
© Entre Cîmes et Racines
Plus besoin de se rendre en France pour dormir dans une maison de style troglodyte, ces habitations souterraines souvent creusées à même les parois montagneuses. Depuis 2013, c’est possible de faire ce voyage dans le temps à Bolton-Est, grâce à l’entreprise Entre Cîmes et Racines.
Une idée de Michaël Berger, père du PDG actuel et l’un des fondateurs de l’entreprise, qui était fasciné par ce genre de construction qu’on retrouve à plusieurs endroits dans le monde, dont tout près des châteaux de la Loire, en France. Les ouvriers extrayaient du tuffeau pour bâtir ces habitations pour la noblesse et installaient leur maison dans ces trous creusés à même la paroi rocheuse.
En 2013, Entre Cîmes et Racines met donc en location son premier gîte donnant l’impression de dormir sous terre. Avec sa porte ronde et son toit de tourbe, l’habitation rappelle aussi les maisons dans la célèbre saga du Seigneur des anneaux. D’ailleurs, les propriétaires l’ont surnommé Le Hobbit. « En plus, on l’a ouvert à peu près au moment où le film sortait, ce qui a propulsé sa popularité. Surtout que si on fait une recherche sur Internet, nous sommes presque les seuls à offrir ce genre d’hébergement », explique François-Xavier Berger, président-directeur général de l’entreprise.
C’était tout de même un pari risqué, précise-t-il. « C’est certain que cela coûte assez cher à construire, puisque la structure de bois est complètement recouverte de béton. » Et c’était pour le moins audacieux de louer un gîte sans électricité ni eau courante 150 $ la nuit ! « Mais Le Hobbit est souvent réservé un an et demi d’avance », ajoute le PDG. La formule a tellement plu que depuis, l’équipe a construit deux autres habitations souterraines sur son terrain forestier comptant quatorze écogîtes. Dépaysement garanti !
Habiter un conteneur
L’idée derrière le groupe Vert foncé, entreprise fondée par trois semi-retraités, est simple : un conteneur maritime unique déposé sur un terrain, isolé des intempéries et aménagé en petit chalet. « Dans le fond, ce sont des refuges de luxe qui permettent d’offrir une seconde vie aux conteneurs », indique Daniel Lucier, l’un des trois partenaires derrière le concept.
Si le projet est unique, poursuit-il, c’est qu’il permet aux citadins d’avoir un pied-à-terre en campagne, sans passer leurs fins de semaine à entretenir leur chalet, comme en témoigne leur slogan, « Sortez de chez vous ! ». « Nos chalets ne demandent aucun entretien, car nous n’utilisons aucun bois. Tout a été fait avec des soudures galvanisées et notre plancher est composé de polymère facile d’entretien », décrit Daniel Lucier.
Voulant conserver l’effet conteneur, l’extérieur est isolé et l’intérieur laisse place à l’acier ondulé. Ainsi, en plus d’offrir un coup d’oeil original, pas de peinture à faire ou de plâtre à entretenir. « De plus, il peut y avoir 25 pieds de neige sur la toiture sans danger d’effondrement, car c’est extrêmement solide. Sur les bateaux, ils peuvent empiler jusqu’à sept et parfois neuf conteneurs », poursuit-il.
L’équipe a travaillé fort pour que la minimaison puisse conserver son charme tout en étant confortable. « Comme l’acier est très conducteur, il fallait dénicher un matériel capable d’isoler une habitation dans nos conditions hivernales. Nous avons finalement réussi à trouver un revêtement que nous importons d’Angleterre ainsi qu’un système breveté réduisant les pertes de chaleur », explique Daniel Lucier.
Chaque unité, qui mesure 40 pieds par 8, arrive aussi équipée d’un îlot central, avec lavabo, dînette, douche, etc. Les acheteurs, qui doivent obtenir les permis municipaux, doivent s’assurer qu’il y a un espace sanitaire sur le terrain pour recevoir égout et aqueduc. L’équipe de Vert foncé s’occupe du reste. « Pour 125 000 $, tout est compris, même les électroménagers de marque Bosch, la vaisselle ou la literie ! » Ne reste qu’à apporter ses raquettes !