Annie Gagnon, peintre, Les Entreprises de Peinture Catto & Fils
Si on avait dit à Annie Gagnon qu’elle gagnerait un jour sa vie comme peintre, elle ne l’aurait jamais cru. Quatre ans après avoir quitté son poste de préposée aux bénéficiaires, elle n’échangerait pas sa place avec personne. « C’était loin de mes projets, je n’aurais jamais cru faire cela. Mais aujourd’hui, je veux faire cela toute ma vie », lance-t-elle, enthousiaste.
C’est un hasard qui a poussé Annie Gagnon à changer de métier. Alors préposée aux bénéficiaires dans une résidence pour personnes âgées de Sept-Îles, son conjoint lui propose de se joindre à l’équipe de Peinture Catto et fils. Il faisait alors partie des propriétaires de cette entreprise de Sept-Îles. « Une belle journée, il est arrivé à la maison me disant qu’ils étaient vraiment mal pris car la réceptionniste s’en allait. Il m’a demandé si je ne pouvais pas venir travailler avec eux. »
La jeune femme décide donc de demander un congé sans solde pour les dépanner. Elle réalise vite que, si les conditions de travail lui plaisent, le boulot ne lui correspond pas tout à fait. « Rester assise, attendre que le téléphone sonne, travailler derrière un ordinateur, ce n’est pas pour moi. Je suis vraiment une fille de terrain. »
Deux mondes à part
L’associé de son conjoint lui propose alors de s’inscrire à l’attestation de spécialisation professionnelle (ASP) Construction, pour devenir apprentie peintre. « Ce qui m’a donné envie d’essayer, ce sont les salaires qui sont plus intéressants, ainsi que les horaires. Comme préposé, il m’arrivait souvent de cumuler 16 heures par jour et je travaillais une fin de semaine sur deux. » Si bien que la gestion familiale était compliquée, explique cette maman de trois enfants de 5, 9 et 11 ans. Surtout que son conjoint devait parfois se déplacer jusqu’à Natashquan ou Fermont pour le boulot.
Entretemps, l’entreprise a aussi changé de mains et appartient maintenant à Mélanie Doiron. « Comme elle a des enfants, elle comprend que, quand on a un enfant qui est malade, on ne peut pas rentrer. Nous sommes vraiment choyés pour la conciliation. » La pression est aussi très différente sur les chantiers, comparée à son travail de préposée. « Avant, j’étais épuisée de parler à la fin de la journée. Maintenant, je suis fatiguée physiquement, mais j’ai plus de conversation avec mon conjoint, plus d’interactions avec mes enfants. La dynamique n’est pas pareille. »
Carburer aux défis
Au-delà de ces conditions, Annie Gagnon adore son travail sur les chantiers, alors qu’il lui reste encore quelques heures à compléter comme apprentie. « Oui, c’est sûr que j’ai toujours un pinceau ou un rouleau dans les mains, mais je peux autant me retrouver au bout d’une nacelle juchée à 30 ou 40 pieds dans les airs, qu’à genoux dans de la boue pour travailler. Des fois, je fais des blocs appartements, des fois je peins l’extérieur d’une maison, des fois je travaille à l’intérieur, d’autres fois à l’extérieur. C’est vraiment varié », détaille-t-elle.
« Pour quelqu’un de l’extérieur, ce travail peut sembler routinier. Mais ce n’est vraiment pas le cas. Il n’y a jamais un chantier qui est pareil et les défis sont toujours différents, s’enthousiasme-t-elle. On peut peindre autant des planchers d’époxy, sabler et polir le béton avant de mettre une couche. Même les produits sont différents. »
Au moment d’écrire ces lignes, l’apprentie était en arrêt de travail, à cause d’un accident de voiture. « J’avais les deux os de l’avant-bras droit cassés et maintenant, j’ai deux plaques et quatorze vis. Quand j’ai dit à l’orthopédiste ce que je faisais comme travail, nous avons pris la décision de réparer os par os. J’ai donc deux cicatrices au lieu d’une seule, mais comme cela me permettait de pratiquer à nouveau mon métier, la question ne se posait même pas! »
Bref, chaque jour – et chaque chantier – est un défi pour elle. « Je suis perfectionniste et je veux toujours que le résultat soit à la hauteur. C’est ce qui fait que je ne me lasse jamais », conclut Annie Gagnon.