Le fait d’être implanté à Alma n’a jamais empêché BPDL Béton préfabriqué de vendre ses produits sur la scène nationale et internationale. Sa capacité d’innovation et la vision de ses dirigeants ont fait en sorte que plusieurs projets d’envergure portent la signature BPDL.
Chaque semaine, Robert Bouchard fait le trajet Alma-Montréal pour visiter les différents chantiers où sa firme est engagée. Le nouveau pont Champlain, l’échangeur Turcot, des projets immobiliers à l’Île-des-Soeurs sont en cours d’exécution. L’homme d’affaires se rend aussi régulièrement aux États-Unis où le fabricant de panneaux préfabriqués de béton a su faire sa marque. L’entreprise réalise 50 % de son chiffre d’affaires chez nos voisins du sud. « Nos produits sont partout ! », lance le pdg Robert Bouchard.
Un travail d’artisan
Il y a eu plusieurs projets dans la région de New York : les gradins du Madison Square Garden, le Yankee Stadium, le fameux High Line, de même que le 30 Park Place, une tour résidentielle de 82 étages, soit le plus haut gratte-ciel au monde en revêtement de béton préfabriqué. BPDL y a installé plus de 2 000 panneaux usinés, dont plusieurs présentaient un dessin unique excluant une production en série. Le transport de ces pièces, souvent surdimensionnées, a obligé l’entreprise à fabriquer des caisses spéciales pour faciliter leur manipulation jusqu’au sommet de la tour.
BPDL s’est aussi démarqué avec la restauration du Boston College, au Massachusetts, un édifice de style gothique. Après avoir obtenu le contrat du Gasson Hall, la firme d’Alma s’est attaquée à la restauration du St.Mary’s Hall, un projet qui a exigé le moulage de 15 000 pièces pour reproduire des gargouilles, des arches ogivales, des corniches et autres éléments architecturaux complexes et uniques. Un travail qui s’est fait en bonne partie à la main. « Nos employés, ce sont des artistes », affirme Robert Bouchard avec fierté. La qualité d’exécution a été reconnue par le Precast/Prestressed Concrete Institute qui a octroyé le prix du meilleur projet de restauration à l’édifice St. Mary’s en 2015.
De PME à grande entreprise
Robert Bouchard a pris la direction de BPDL en 2009. Il prenait ainsi la relève de son père André qui a fondé l’entreprise familiale en 1976 avec son frère Gaétan comme coassocié.
Robert Bouchard
Depuis toujours, BPDL se distingue par sa capacité d’innovation. Dans les années 1980, elle développé une technologie de béton à base de fibre de verre, un produit plus léger, qui lui ouvre la voie à l’exportation. C’est aux Bermudes que commencent les activités internationales. Puis sont venus des projets majeurs aux États-Unis qui lui permettent de croître et de se distancer de la concurrence. La PME devient ainsi grande entreprise. BPDL compte aujourd’hui plus de 600 employés répartis dans les 7 usines québécoises. L’entreprise d’Alma opère en plus une usine au Massachusetts et une au Brésil. « Je n’aurais jamais pensé que l’entreprise se rendrait jusque-là ! », avoue Robert Bouchard. Une croissance organique ponctuée par quelques acquisitions dont un fabricant de la région de Boston, PSC Precast Specialities Corp., en 2012, et l’usine d’Armtec à Saint-Jean-sur-Richelieu, en 2015, qui opère dorénavant sous le nom de BPDR.
Le défi du recrutement
Aujourd’hui, le principal casse-tête de Robert Bouchard : trouver la main-d’œuvre pour faire rouler ses usines. « J’ai 25 postes à combler dès demain matin, explique-t-il. Le personnel spécialisé est de plus en plus difficile à trouver. » Comme plusieurs entreprises manufacturières, BPDL doit composer avec un taux de roulement élevé. Les emplois en usine n’ont pas toujours la cote auprès des jeunes travailleurs qui quittent en nombre au bout de quelques mois voire semaines. « Il y a des employés qui sont là depuis 35 ans, mais ils se font de plus en plus rares », constate le pdg qui n’écarte pas la possibilité de recruter à l’international pour combler ses besoins de main-d’œuvre.
Préparer la relève
Âgé de 54 ans, Robert Bouchard commence à penser à la relève. « On ne prend jamais trop de temps pour préparer le transfert d’une entreprise », affirme-t-il.
La troisième génération est déjà présente, sa fille Stefany, qui a étudié en relations industrielles, occupe un poste aux ressources humaines. Robert Bouchard travaille également avec sa soeur Christine, qui est directrice du développement organisationnel, et son frère Guy, ingénieur.
Malgré un ralentissement dans la construction, Robert Bouchard reste confiant pour l’avenir de BPDL. Dans la région de Montréal, la réalisation du Réseau électrique métropolitain(REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec devrait être un catalyseur de projets immobiliers et d’infrastructures. La reprise qui se confirme aux États-Unis sera aussi porteuse de contrats. Surtout, le marché du béton préfabriqué est loin d’avoir atteint sa maturité. « Même si ça fait plus de 50 ans que le produit existe, il nous faut le faire connaître auprès des ingénieurs et des architectes. Plusieurs n’ont pas découvert les nombreuses possibilités de notre produit, dit le pdg.