Photo : Bureau Architecture Méditerranée
Le projet comprend l’Assemblée Populaire Nationale, le Conseil de la nation (Sénat), la Salle des séances (Congrès) et un Hôtel Résidence pour les parlementaires.
Il s’agit d’incarner l’idée de la démocratie en mouvement, de l’Algérie en devenir, de la liberté, de la paix, d’un pouvoir fort mais délibératif, de concevoir une architecture capable de transmettre concrètement une identité nationale qui partage des valeurs universelles.
Comment construire 220 000 m2 qui traduisent l’ouverture, le dialogue, le débat, donc un esprit essentiellement dialectique, et échapper à une architecture qui encourt le risque de la totalitarité par sa seule échelle? Il faut se retourner sur les conditions architecturales de la démocratie qui ont leur origine en Méditerranée. Elles sont maintenant plurimillénaires.
Elles commencent par un grand vide, une grande place, lieu symbolique du rassemblement du peuple des hommes libres d’où la république tire sa légitimité et son autorité.
Le nouveau cœur de la démocratie parlementaire de l’Algérie s’ordonnera donc sur une place majestueuse, développée sur les plus grandes dimensions permises par le site. Les édifices y seront d’importance mais d’abord par l’espace libre qu’ils définissent et désignent.
Ordonnée d’Est en Ouest, avec dans le lointain la ville historique en fond de scène, la place rassemble sur son grand axe l’Orient à l’Occident, la modernité de la ville neuve à la tradition de la ville historique.
Élément majeur de la composition du nouveau centre politique, elle en porte les significations essentielles : le développement d’une démocratie qui sait allier tradition et modernité, qui sait porter les intérêts de la nation tout en restant ouverte au monde.
Ce programme parcourt toute l’architecture du nouveau centre politique et l’ordonnance des sièges des assemblées parlementaire, sénatoriale et du Congrès.
L’implantation à l’ouest de l’assemblée parlementaire nationale et du Conseil de la Nation, de part et d’autre de la grande place, définit une porte monumentale marquant l’entrée de l’immense agora. Ce vis-à-vis des chambres haute et basse, établit sur un axe nord/sud, complète l’organisation cardinale de la place et sa symbolique du rassemblement.
La salle de congrès des deux chambres, qui sera aussi le lieu de tenue des rencontres internationales, clôt à l’Est l’espace de la grande place. Installée sur l’axe majeur de la place, cette salle se situe en tête de la composition du nouveau centre politique.
Cette position capitale lui revient, non seulement parce que le rassemblement des assemblées marque des moments très importants de la vie démocratique, mais aussi parce qu’elle recevra les délégations internationales et que l’hospitalité exige d’offrir une place éminente aux invités de l’Algérie.
L’implantation des éléments majeurs de ce centre des assemblées propose ainsi un espace hautement symbolique de valeurs fortes de la démocratie : liberté, rassemblement, sens de l’histoire, tolérance et hospitalité.
Les édifices proposent, eux, une variation sur des thèmes communs parce qu’ils sont fortement apparentés : chaque fois, pour le parlement, le sénat, le congrès, leur centre reçoit une salle d’assemblée, enserrée, comme dans un écrin, par toutes les pièces nécessaires à son bon fonctionnement, bureaux, salles de réunions, offices, salles des pas perdus, etc.
Cette disposition ouvre les pièces périphériques sur la végétation des jardins et sur le paysage de la ville et de la baie d’Alger, alors que les assemblées font paysage avec des coupoles dessinant une nouvelle ligne de ciel.
Les coupoles, le feston délicat des moucharabiehs, la simplicité des grands volumes adossés au vaste espace de la place et à la luxuriance des jardins s’inscrivent dans la continuité de la tradition des architectures du monde arabe alors que les modes constructifs, les façades de verre, les équipements de contrôle climatique et lumineux sont bien sûr ceux issus des technologies les plus contemporaines.
L’architecture s’installe ainsi manifestement dans une histoire, une culture et une géographie en mettant la modernité au service de son appartenance et de son identité. À cela, elle ajoute un hommage à la conquête de la démocratie : quelque chose est dit par les édifices du caractère précieux de cet ordre politique. Dans la progression du dehors vers le dedans des édifices, les matériaux rencontrés organisent une progression vers le raffinement et la préciosité.
Le premier plan des édifices est constitué par des moucharabiehs de céramique et de béton de fibres qui, tendus devant des façades de verre, tempèrent l’ensoleillement et les vues. Les façades des cours intérieures des assemblées sont protégées par des feuilles d’or enchâssées dans des plaques de verre ou par des feuilles d’albâtre.
Cette préciosité est aussi celle de la présence de l’eau, en miroirs colorés par les mosaïques des bassins, parcourant des rigoles en un murmure discret, en fontaines jaillissantes, brumisée et rafraîchissante, celle de l’odeur des orangers, des citronniers, celle de la luxuriance de la végétation et de l’ombre des figuiers…
En s’entourant de jardins, au-delà de l’emprise des assemblées qui enserrent la grande place, le site du parlement apparaît ainsi comme un parc qui fait écho à ceux d’El Anasser ou de Diar EL Macouli.
La construction du nouveau site du parlement de l’Algérie apparaît alors dans toutes ses dimensions : à la fois outil et hommage à la démocratie, expression éclairante de l’ordre démocratique mais aussi au plus près un espace à la fois précieux et familier, où tout citoyen saura y reconnaître le meilleur de sa culture et de ses valeurs.
A propos de BAM
Bureau Architecture Méditerranée a été créé en 2003, dans l’objectif de développer des projets inscrits dans la culture Méditerranéenne contemporaine. L’entreprise a un réseau d’agences localisées sur le pourtour méditerranéen. BAM est composé de trois architectes associés : Maxime REPAUX, Thierry CHAMBON et Frédéric ROUSTAN, et de Yassine ALLICHE, directeur présents sur cinq sites : Marseille, Aubenas, Valence, Alger et Tunis. Le travail du BAM puise ses références dans les cultures méditerranéennes. Présent sur les deux rives, il nourrit ses projets d’éléments à la fois symboliques et contextuels.
Projets récents réalisés à Marseille, Alger, Le Caire :
Parlement, Congrès, Sénat de la République Algérienne – Consultation restreinte 2012-2014
Institut Français d’Archéologie Orientale Le Caire – Concours international 2007
Centre Culturel Français d’Alger (Ambassade de France) – Réalisation 2008
Consulat d’Algérie à Marseille – Réalisation 2014
Agence Air Algérie Marseille – Réalisation 2008
Ministère des affaires étrangères à Alger – Concours international 2003
Fiche Technique
Nom officiel du projet : Parlement – Sénat – Congrès/République Algérienne Démocratique et Populaire
Localisation : Alger (Algérie)
Nom du client : République Algérienne Démocratique et Populaire
Architectes/designers : Consortium algérien : Cosider, Vinci Grands Projets, CFE, Bureau Architecture Méditerranée (Thierry CHAMBON/Maxime REPAUX / Frédéric ROUSTAN)
Responsables du projet : Frédéric ROUSTAN/Yassine ALLICHE
Équipe de design :
Collaborateurs : Sergii MITAKI/Ievgen GRYTSENKO/Laura MARCHEPOIL/Guillermo PANDO DE PRADO/Jean Christophe JODRY/David FROMAIN/Olivier VANEL/Jonathan TOURTOIS/Antony LONGEREY/Louise CATIN/Thérésa TOPOUKA
Architectes paysagistes : Bureau Architecture Méditerranée
Design d’éclairage : Bureau Architecture Méditerranée
Superficie du projet : 220 000 mètres carrés
Date de finalisation du projet : 2019
Pour plus d’information : www.bamarchi.com