Actualités

Toitures des grands ensembles résidentiels : Une palette de nouveaux produits et procédés

Marc Beauchamp
Chroniqueur actualités

De manière générale, les donneurs d’ouvrage recherchent des solutions spécifiquement adaptées à leurs besoins. Dans ce contexte, l’enjeu des travaux commande aux parties d’être bien aiguillées avant d’entreprendre la réalisation d’un toit étanche et durable, car il y a autant de questionnements que de types de toitures. Les fabricants et les maîtres couvreurs proposent des solutions de matériaux parfois novatrices et des méthodes de pose plus appropriées et moins contraignantes, convenant parfaitement aux attentes budgétaires. Conseils avant d’établir les plans et devis d’un projet de toiture résidentielle.

Il existe en effet différents types de bâtiments résidentiels : de la maison unifamiliale aux ensembles multilogement, des édifices parfois équipés de toitures dites courantes ou en pentes, voire plates dans le cas d’immeubles de copropriétés de cinq étages et plus. Or, on retrouve de plus en plus de toitures comprenant des terrasses adaptées, c’est-à-dire des aires utilisées comme espaces habitables additionnels. Ces aménagements exigent une attention particulière en ce qui concerne la préparation et les finis de toits. On constate dans ces cas bien précis qu’il est important de conseiller le donneur d’ouvrage en l’aidant à définir le concept de terrasse pour assurer la pérennité et l’étanchéité du bâtiment.

L’exercice permettra d’identifier les matériaux et produits de toiture que l’entrepreneur devra utiliser pour répondre à la désignation du toit-terrasse afin de s’assurer que ces espaces de vie extérieurs soient employés dans le respect des conditions spécifiques du bâtiment existant ou à construire. Ainsi, dans le cas d’un immeuble de grande dimension avec pontage d’acier et présence de déflections, l’entrepreneur devra rechercher des produits de recouvrement de toiture qui offrent davantage de flexibilité. Dans un projet LEED, une philosophie qui priorise l’efficacité énergétique de l’immeuble, le couvreur devra favoriser des matériaux régionaux pour contribuer à réduire l’empreinte écologique du bâtiment d’une part, et obtenir d’autre part le plus de crédits menant à l’énoncé d’une certification LEED. En outre, il est très facile d’obtenir des points LEED en créant des toitures végétalisées, c’est-à-dire une terrasse avec de la végétation. Aussi, on peut contribuer au pointage en optant pour des produits réfléchissants, notamment une membrane blanche. Elle contribue à contrer le phénomène des îlots de chaleur observés en milieu densément urbanisé.

Sopralene Flam Stick
Pour ce projet, on a utilisé les produits Sopralene Flam Stick pour la membrane sous-couche avec sous-face autocollante et le Sopralene Flam 250 GR pour la membrane de finition avec sous-face thermofusible. Crédit – Soprema

Membrane blanche

Dans certaines grandes villes, la réglementation municipale exige l’installation de ce type de membrane dans la construction neuve, en plus de forcer la conversion d’anciens toits lors de rénovations. « Pour de tels projets, les membranes blanches sont très populaires. Cette membrane de bitume modifié par des polymères de type SBS (styrène-butadiène-styrène) est parmi nos meilleurs vendeurs, souligne Martin Tessier, responsable du Service technique pour la division toitures du fabricant Soprema. Or, on peut parvenir à des résultats similaires, en concevant une toiture inversée recouverte de gravier blanc, du marbre blanc concassé plus précisément. Dans les deux cas, le blanc limite l’absorption de chaleur par la surface de la toiture tout en augmentant la réflectivité de l’ensoleillement. Ainsi, au lieu d’absorber la chaleur, le toit la reflète pour réduire l’impact thermique sur la surface du bâtiment, et ce faisant, dans le bâtiment. Cela permet notamment aux unités de climatisation d’être moins énergivores. C’est vrai en été quand on climatise. Mais, en contrepartie, c’est un désavantage en hiver, car la membrane blanche ne permet pas de capter la radiation solaire pour en tirer de la chaleur. Dans un climat comme celui du Québec, le bénéfice énergétique des membranes blanches n’est pas prouvé et il pourrait même constituer une pénalité. Cependant, pour contrer l’effet des îlots de chaleur urbains, il est vrai que les membranes blanches et les toitures végétalisées ont un effet favorable. »

membrane élastomère bicouche
Une membrane élastomère bicouche recouvre l’immeuble de copropriétés Mile-End. Le produit de sous-couche (Elastophene PS) est constitué d’une armature en voile de verre et de bitume modifié tandis que pour la couche de finition (Soprastar HD GR), on retrouve des granules minéraux blancs. Crédit – Soprema

Cette dynamique verte traduit une tendance de société. Sans nécessairement investir dans un projet LEED, généralement plus onéreux qu’une construction traditionnelle, il est possible de parvenir à réduire l’empreinte écologique d’un bâtiment en sélectionnant plus intelligemment les matériaux. Les fabricants de produits de toiture contribuent à l’atteinte de cet objectif de performance en guidant, voire en formant les couvreurs pour qu’ils apprivoisent de meilleurs procédés.

Revêtements bicouches

« Certes, la membrane d’étanchéité en bitume modifié, contenant des polymères SBS, est populaire, notamment parce qu’elle s’installe à l’année dans le cas des membranes thermosoudées, dit Martin Tessier. Toutefois, les immeubles dotés de combles ventilés, formés d’un pontage de planches de bois, ne constituent pas un environnement propice à l’installation d’une membrane soudée au chalumeau. »

Évoquant l’existence de méthodes alternatives de pose de systèmes de toiture soudés au chalumeau, il estime que l’industrie a vaillamment travaillé au développement de solutions de membranes autoadhésives. « Particulièrement depuis les dix dernières années. Ce sont d’excellents produits, mais leur installation n’est pas adaptée aux conditions hivernales. Lorsqu’il fait froid, les membranes autocollantes adhèrent moins bien aux surfaces pourtant correctement apprêtées. La solution réside alors en un mixte constitué d’un premier rang (sous-couche autocollante) par-dessus laquelle une finition soudée est installée. Il existe évidemment des systèmes avec adhésifs appliqués à froid, une pose nécessitant l’emploi d’une colle à étendre directement sur le substrat. Cependant, il y a également des limitations de températures à respecter. »

Repousser les limites

On travaille déjà au lancement d’adhésifs pouvant s’appliquer à des températures encore plus froides. À cela s’ajoutent d’ingénieux procédés comme ceux issus de la technologie Galon Duo de Soprema. « Ce produit de membrane à chevauchement en partie autocollant et en partie soudé, soit par chalumeau ou à l’aide d’un fusil à air chaud, permet d’éviter qu’une flamme s’infiltre sous le joint, explique Martin Tessier. Ce mode de scellement a rendu plus sécuritaire la pose de membranes, en réduisant notamment les risques d’incendie. Cette technologie ajoute une mesure d’étanchéité supplémentaire aux joints. »

Galon Duo
La technologie Galon Duo réduit les risques d’incendie. Crédit – Soprema

L’avènement des matériaux composites a également changé la donne. Un système de toiture traditionnel qui n’est pas sur un comble ventilé possède généralement un pare-vapeur et des isolants vissés ou collés. « Par-dessus les isolants, on trouve un panneau de recouvrement plus stable, car les isolants, dans la plupart des cas, doivent être protégés avant la pose de la membrane d’étanchéité. C’est donc sur le panneau de recouvrement que sont installées les deux couches de membrane élastomère. Cependant, pour obtenir de meilleurs résultats et faciliter le travail de pose des couvreurs, nous laminons en usine la première couche de membrane et l’unissons au panneau. De cette manière, la sous-couche et le panneau de recouvrement sont installés simultanément par les couvreurs. »

Ce procédé qui rehausse la qualité des matériaux, puisque leur assemblage est réalisé en conditions idéales et contrôlées en usine, contribue également à réduire les frais de main-d’œuvre des entrepreneurs couvreurs, estime-t-il. « En diminuant le nombre d’étapes de pose sur un chantier de toiture, on réduit le temps de travail tout en augmentant l’efficacité de l’action. Le laminage de la sous-couche en usine n’est qu’un des jalons d’une série d’options de panneaux composites qui rendent encore plus efficaces les méthodes de pose. Pour une rare fois, on accélère le travail des couvreurs tout en accentuant la prévention des accidents. »

article nouveauxproduits4
Crédit – Soprema

Évolution des procédés

C’est dans ce contexte de profitabilité pour les donneurs d’ouvrage que les fabricants conçoivent et développent de nouveaux produits et matériaux de toitures. Parmi ces types de panneaux composites fabriqués en différents épaisseurs, citons :

  • Le panneau asphaltique : un matériau bitumineux semi-rigide.
    C’est le produit le plus utilisé pour les toitures d’édifices résidentiels de cinq étages et plus;
  • Le panneau de laine de roche : un produit isolant ignifuge non affecté par l’eau;
  • Le panneau de polyisocyanurate haute densité : panneau isolant rigide avec résistance à la compression élevée;
  • Le panneau traditionnel de fibre de bois ignifuge : utilisé depuis des décennies au Québec et au Canada.

Encourager le changement

Au Québec, de façon générale, autant les professionnels que les entrepreneurs couvreurs aiment essayer de nouveaux produits, à l’instar de tout ce qui peut faciliter la tâche ou augmenter la qualité. L’observation de cette saine ouverture favorise la recherche et le développement de nouveaux matériaux et procédés d’installation, et ce faisant, la constitution d’éléments plus durables qui, dans certains cas, permettent d’étendre la durée de vie utile, voire la garantie d’une toiture d’un vaste complexe d’habitations. La formulation des nouveaux produits et l’appréciation des techniques de pose qui en découlent fournissent au Québec une profonde avance technologique estime l’industrie.

Plus petit bâtiment, même philosophie

Mathieu Bergeron, responsable du Service technique pour la division Résisto, filiale de produits de toitures résidentielles de Soprema, précise qu’il ne suffit pas d’apporter du changement sans discernement. « Chaque nouveau produit et nouvelle méthode de pose développée et proposée doit procurer des bénéfices aux entrepreneurs et aux propriétaires, notamment, entraîner une baisse de coûts sur les chantiers. Des produits de qualité faciles à installer et nécessitant moins de main-d’œuvre répondent à ces aspirations. »